Le personnel de l’école, les enseignants et les étudiants contestent l’installation d’une base de Cosider dans un jardin botanique de l’école.
Les enseignants et les étudiants de l’Ecole nationale de l’agronomie (ex-INA) d’El Harrach ont organisé, au cours de la semaine dernière, un rassemblement de contestation. A l’origine de cette démonstration, l’installation d’une base logistique appartenant à la société Cosider au sein même de l’école. En somme, la base est en cours d’installation dans un jardin botanique unique en son genre. Les enseignants frondeurs dénoncent ainsi le saccage d’un patrimoine centenaire comptant des espèces végétales rares.
Cette dévastation, qualifiée de «programmée» par les enseignants et les étudiants de l’école, peut être évitée. Un terrain, qui faisait partie de l’école et qui se trouve actuellement en dehors de son périmètre, conviendrait parfaitement à ce genre d’installation.
«Pourquoi s’acharne-t-on sur cette parcelle de terrain de l’école qui est pourtant un support pédagogique pour les étudiants et les enseignants», s’interroge une enseignante éprise de nature et soucieuse de préserver un espace qui est indissociable de l’école.
«Les enseignants et les étudiants engagés dans la sauvegarde du patrimoine de l’Ecole nationale supérieure agronomique (ENSA) d’El Harrach ne sont pas contre Cosider ni contre les projets stratégiques de l’Etat, Cosider n’est pas notre hiérarchie ni notre tutelle», assure Zerman Nacera, professeur à l’ENSA.
Et d’ajouter: «Nous posons cependant des questions fondamentales: si le protocole d’accord avec Cosider n’est pas encore signé, comment expliquer alors que les travailleurs et les engins de Cosider soient déjà à l’intérieur du jardin botanique de l’école entamant la destruction de la végétation herbacée et arbustive et la coupe des branches d’arbres?
Qui a autorisé Cosider à le faire ? Dans ce cas, l’école est livrée à elle-même.»
D’après le professeur Zerman, les instances de l’école n’ont pas été associées dans la prise de la décision.
«S’il s’avère que la direction a donné préalablement son accord pour l’occupation du jardin par Cosider, comment expliquer alors que les instances de l’école ne soient pas associées. Trois conseils figurent dans le statut de l’école: le conseil d’administration, le conseil scientifique et le conseil de direction. La direction a donc exclu ces instances d’une décision stratégique pour l’avenir de l’école, pourtant ces conseils comptent des membres élus», confie-t-elle.
S’agissant des deux villas qui se trouvent dans le jardin et qui vont être démolies et reconstruites sur un autre site de l’école, le Pr Zerman dira: «C’est du jamais-vu! raser des villas centenaires est un acte de destruction pour reconstruire les villas sur un autre site de l’école. Qui donne un permis de construire à Cosider pour le faire? On se pose des questions sur le plan juridique. Si cela fait partie d’une négociation dans le protocole, encore une fois cela s’est fait sans les institutions légales de l’établissement. Nous dénonçons donc cette exclusion des institutions prévues dans le statut de l’école. Ce sont des décisions fondamentales sur le foncier de l’école qui concerne le conseil d’administration.»
D’après une source de Cosider, la société s’engage à replanter les arbres.
Selon le Pr Zerman, «il est impossible de transplanter de grands arbres et les transporter avec de gros engins dans le milieu urbain vu les risques que cela peut engendrer. Sans parler des risques d’échec mettant en péril des arbres remarquables du jardin», assure-t-elle.
«Placer une base logistique à proximité de la bibliothèque centenaire de l’école avec un fonds documentaire très ancien, dont certains titres sont uniques au monde. S’il y a un accident (incendie généré par le gasoil des engins) que va-t-on faire?», conclut notre interlocuteur.
Cosider s’en défend
L’installation d’une base logistique, avec tout ce que cela suppose comme entreposage de matériels et d’équipements, qui plus est dans un jardin botanique, ne pose, selon des responsables de la l’entreprise Cosider, aucunement problème.
«L’entreprise s’est vu confier par les pouvoirs publics le projet de réalisation d’un tronçon du métro. On nous a désigné cet endroit pour installer une base logistique. Pourquoi s’adresse-t-on donc à Cosider qui est un maillon seulement dans l’accomplissement du projet», s’interroge-t-on.
Et de poursuivre: «Le jardin botanique sera restitué à l’identique dès que le chantier sera terminé. Nous sommes dans un Etat où il y a des textes de loi, nous devons les appliquer.»
Photo: La parcelle qui accueillera la base logistique de Cosider
Saci Kheireddine
Posté Le : 14/10/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: ; texte: Saci Kheireddine
Source : elwatan.com du mercredi 14 oct 2015