Alger

ÉCLAIRAGE Le monde est vaste, alors barricadez vos frontières comme vous voulez !



Publié le 21.09.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

MAAMAR FARAH

Si, durant la période coloniale, nous étions forcés d'acheter des produits français, l'indépendance n’a pas éradiqué cette tendance. En effet, au fil des 62 dernières années, nous avons continué à importer beaucoup de produits de l'agroalimentaire français et aucun d'entre eux n'a été refoulé. Aujourd'hui, en 2024, un produit algérien, qui n’a absolument rien à se reprocher sur le plan sanitaire, fait sensation en France. Il est accueilli avec enthousiasme par les consommateurs, mais la réaction ne se fait pas attendre : il est immédiatement interdit. Le motif ? On en trouvera toujours... Une manière comme une autre de museler l'émergence d'une réelle autonomie économique.
La moralité de cette histoire est claire : si le colonialisme est officiellement mort, le néocolonialisme continue de vivre et de prospérer. Nous sommes confrontés à une réalité où la dépendance économique et la domination culturelle persistent. Les anciennes chaînes ont été remplacées par de nouvelles normes, où des barrières commerciales sont dressées pour étouffer les initiatives locales. Alors que nous aspirons à construire un avenir meilleur, il semble que les murs de l'ancien régime persistent à nous enfermer.
Il est temps de prendre conscience de cette réalité et d'élargir notre réflexion sur la véritable indépendance : consentons à soutenir nos produits locaux, à promouvoir notre savoir-faire et à revendiquer notre place sur le marché international. Ce combat n'est pas simplement économique, c'est un enjeu de dignité et de fierté nationale. La liberté que nous avons conquise ne doit pas être compromise par les fantasmes néocoloniaux. C'est tout le sens de notre politique actuelle visant à diversifier les sources de nos rentrées en devises et à construire une économie solide, condition sine qua non du non endettement.
L'Union européenne est visiblement atteinte d'amnésie. A-t-elle oublié les centaines de milliards de dollars déboursés par notre pays dans l'achat de tout et de rien provenant d'Europe, à cause d'un contrat d'association inique et à sens unique. Ou peut-être qu'elle s'en souvient très bien et voudrait que cette hémorragie continue.
En d'autres termes, l'UE souhaite que nous continuions à acheter du chewing-gum pour 17 millions d'euros et des condiments comme le ketchup et la mayonnaise pour 250 millions de dollars. Elle semble nous considérer comme un de ses protectorats. Pourtant, aujourd'hui, l'Algérie produit et peut exporter ces marchandises, mais l'accès au marché européen sera à chaque fois bloqué. Alors, nous nous tournons vers d'autres horizons. Cette semaine même, nous essayons de promouvoir nos produits en Chine, Russie, Arabie saoudite et à travers la vaste Afrique.
C'est-à-dire là où l'Algérie n'est pas considérée comme un territoire d'expansion néocoloniale !
M.F.



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