Alger - Ouled Fayet

Des sources hospitalières avancent des chiffres alarmants. Décharge d’Ouled Fayet: une poubelle à ciel ouvert



Des sources hospitalières avancent des chiffres alarmants.  Décharge d’Ouled Fayet: une poubelle à ciel ouvert

42.617 cas de maladies respiratoires tous types confondus et 1.543 cas de tuberculose ont été recensés entre 2005 et 2011 sans compter tous les méfaits subis sur la faune et la flore.

“Alger étouffe. Alger croule sous les ordures. Alger respire la maladie et la décharge de Ouled Fayet résume une situation des plus inextricables dont les victimes sont les riverains et la nature.”

Un témoignage des plus parlants appuyés par des expertises établies dans le cadre judiciaire attestant du degré de nuisance de la décharge d’Ouled Fayet à plus d’un titre. Cela à valu à l’Association de protection de l’environnement de Baba Hassen de nombreuses années de lutte et de bataille judiciaire. Mais en vain.

Le Conseil d’État a pourtant tranché en la faveur de l’association en se prononçant pour la fermeture de la décharge depuis 2007. Mais rien n’y fit. La justice ne semble pas peser dans l’affaire et la situation ne fait que dégénérer, chaque jour davantage, jusqu’à atteindre son paroxysme.

“La décharge est la source de graves pollutions par ces liquides noirâtres et nauséabonds chargés de matières toxiques, par les biogaz jetés dans l’atmosphère et par les déchets à ciel ouvert qui répandent au quotidien les mauvaises odeurs sur toute la région”, se sont plaints les habitants de Baba Hassen.

La décharge est une source importante d’émission de nombreux polluants atmosphériques contaminant la nappe phréatique par les lixiviats et par les composés organiques et volatiles. Il existe aussi des polluants de nature gazeuse impliquant des matières organiques volatiles aux odeurs nauséabondes sans compter les risques de maladies graves.

C’est le lot quotidien des riverains qui vivent cette situation comme une véritable agression.

“On se demande pourquoi on a mis la géomembrane au fond des casiers pour retrouver tous les lixiviats jetés dans la nature, contaminant ainsi non seulement le site, mais aussi toutes les régions longeant le cours d’eau”, s’interrogent les habitants, qui n’ont pas manqué de faire appel à des spécialistes pour étayer toutes leurs affirmations.

Une situation qui interpelle toutes les consciences notamment lorsqu’il y va de la santé de la population. Les statistiques des établissements de santé qui coiffent la région attestent d’une situation des plus alarmantes. pas moins de 42.617 cas de maladies respiratoires tous types confondus et 1.543 cas de tuberculose recensés entre 2005 et 2011.

Pour la seule année 2011, il y a eu 30.740 consultations d’enfants entre 0 et 5 ans pour insuffisance respiratoire aiguë qui ont donné lieu à 15.908 cas qui nécessitent un traitement externe et 125 cas de tuberculose qui supposent une prise en charge et une hospitalisation.

Des conséquences pour lesquelles l’association avait déjà prévenu sans trouver une oreille attentive. À la date du 30 juin 2001, l’association lançait déjà un appel dont on détient une copie, selon lequel “les acidités fortes donnent des maladies de la peau et les émissions de produits chimiques de la famille du chlore sont reconnus pour être cancérigènes. Certains d’entre eux sont considérés comme des substances dangereuses pour la santé humaine”.

À ne pas négliger aussi qu’il existe une ferme et quelques habitations aux alentours ce qui est en soi inconcevable sans compter que des vaches viennent s’alimenter à proximité de la décharge. C’est dire que le lait et ses dérivés que nous consommons constituent un danger sur notre santé à tous.

Benachenhou (président de l’Association de l’environnement de Baba Hassen): “Le Conseil d’État a décidé de la fermeture de la décharge depuis 2007 mais en vain.”

Il se souvient et il raconte les années de bataille qui ont débuté en 2001. Benachenhou a frappé à toutes les portes pour faire entendre la voix des citoyens. Sans suite. Natif de Baba Hassen où il a passé toute sa vie, Benachenhou incarne tous les enfants de cette région autrefois à vocation agricole, qui se remémorent avec nostalgie ce que fut cet endroit paradisiaque qui, aujourd’hui, croule sous un tas d’ordures.

“Peut-on être insensible à ce point, pour transformer ce lieu, d’une beauté exceptionnelle en matière de paysage, de verdure, d’arbres, de gazon naturel, de sources d’eau, (par la bêtise humaine) en égout à ciel ouvert”, a-t-il déploré.

Infatigable après un véritable parcours du combattant qui l’a même opposé à l’ancien wali d’Alger et une cohorte de responsables locaux, Benachenhou n’a jamais cédé à la pression et surtout n’a jamais baissé les bras. En 2007, le Conseil d’État tranche et décide de la fermeture de la décharge. Benachenhou tout comme les citoyens de Baba Hassen et d’Ouled Fayet sont alors confrontés à une autre réalité. Celle-ci est alors insolvable de leur avis.

“Une décision de justice n’a donc pas de valeur dans un pays dit de droit. Sommes nous donc des sous-citoyens?” s’étonnent les habitants de Baba Hassen complètement désabusés.

Le calvaire se poursuit encore aujourd’hui au moment même où les autorités annoncent la fermeture définitive de la décharge d’Oued Smar.

“Ils nous disent que cela va être aussi le cas pour la décharge de Ouled Fayet et qu’elle sera déplacée vers trois lieux différents dont Magtaâ Kheira, Meftah et Baraki. Mais ce n’est pas une solution”, insistent les citoyens de Baba Hassen, décidés à s’organiser pour mettre un terme à ce problème.

“Le pays ne manque pas de moyens. Pourquoi les autorités ne veulent pas trouver une manière radicale pour régler ce problème? Les habitants des autres localités sont des citoyens comme nous. Nous ne voulons pas nous débarrasser d’un problème pour le fourguer à d’autres”, s’indignent-ils.

Ils soutiennent que la décharge de Ouled Fayet qui affecte surtout Baba Hassen doit être fermée dans les plus brefs délais.

Nabila Saidoun




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