Publié le 24.01.2024 dans le Quotidien l’Expression
De son village natal, Boumessaoud, où il naquit le 1er janvier 1927, à la Coupole d'Alger, où il se produisit pour la dernière fois, le parcours de Chérif Kheddam a été riche et plein d'exploits. Quand il vit le jour dans le village féérique de Boumessaoud, au pied du Djurdjura, ses parents et les siens étaient sans doute loin de voir en lui le futur géant de la chanson algérienne d'expression amazighe qu'il devint. Enfant, il suit des cours coraniques à la zaouia de Boudjelil. Un cursus qu'il termina en 1942, à l'âge de 15 ans. Comme les conditions de vie au village étaient très difficiles, Chérif Kheddam se résout à aller à la quête d'un travail à Alger. Puis en France. Tout en travaillant en s'adonnant à des métiers manuels, Chérif Kheddam ne perd pas son temps. Il suit continuellement des cours de solfège. Il acquiert alors les rudiments de la composition musicale dont il deviendra l'un de ses virtuoses. La chanson kabyle avait à l'époque des ténors de la trempe de Slimane Azem, Zerrouki Allaoua et El Hasnaoui. Etant très doué, Chérif Kheddam fait feu de tout bois. Il s'inspire aussi bien de la musique occidentale, qu'orientale et classique dont il était un grand fan. Le succès est immédiat quand il enregistre sa toute première chanson intitulée «A yellis n tmurt» dans le milieu des années 50. Les débuts de Chérif Keddam dans la chanson ne lui furent guère faciles. Il a dû affronter et surmonter plus d'une difficulté. Chérif Kheddam ne courbe pas l'échine et continue à se battre pour s'imposer. Par le travail et le talent. C'est à la fin des années cinquante que Chérif Kheddam rebondit avec des oeuvres dignes de figurer en lettres d'or dans le répertoire artistique algérien. Des chansons comme «Djurdjura», «Nadia tumliht n ttit» ou encore «Akhir ajellab n tmurt-iw» sont des chefs- d'oeuvre. Le public les adapte en dépit d'une certaine «méfiance» à l'égard d'une musique nouvelle qui ne ressemble presqu'en rien à ce à quoi étaient habitués les mélomanes de l'époque plutôt enclins à apprécier les musiques traditionnelles, qui étaient à la mode. A son retour au pays au lendemain de l'indépendance, Chérif Kheddam a intègre la radio chaine deux dont il devient l'un des piliers. Il déniche de nombreux jeunes talents et continue à produire ce qu'il y a de plus beau dans la chanson kabyle à tendance musicale moderne. Les chefs-d'oeuvre musicaux, Chérif Kheddam continue d'en produire à un rythme régulier. Parmi ses titres les plus envoutant et les plus élaborés aussi bien au plan musical que poétique, on peut citer «Alemri» «Oh, miroir!» où l'amoureux converse, non sans dépit, avec son alter ego lui exprimant son envie d'avoir la chance de se retrouver chaque jour face à la bien- aimée et à pouvoir contempler sa beauté inlassablement. Un texte très fort et profond que Tahar Djaout, lui-même, du haut de son génie, avait traduit en langue française. Parmi les autres oeuvres monumentales de Chérif Kheddam, on peut également citer: «Tamurt-iw», devenue un hymne à la patrie, «Ledzayer in challah atsehlou», qui a marqué les esprits de manière indélébile, «Limer detsoughal temzi», «Rouh azman rouh», «Sligh i yemma», «Hesbah imaniw d agur»,... Chérif Kheddam n'a pas cessé d'évoluer durant toute sa carrière. Il n'a jamais prétendu avoir atteint les cimes en dépit du fait que tout le monde le lui confirmait. Parmi les livres qui peuvent nous permettre de découvrir ou de redécouvrir l'oeuvre de Chérif Kheddam il y a celui de Tassadit Yacine, intitulé: «Chérif Kheddam ou l'amour de l'art», «Chérif Kheddam, la légende» de Mohand Amokrane Kheffache ainsi que «Le pays et l'exil dans l'oeuvre chantée de Chérif Kheddam» d'Ali Sayad...
Aomar MOHELLEBI
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Posté Le : 28/01/2024
Posté par : rachids