Publié le 02.07.2024 dans le Quotidien d’Oran
par Mokhtaria Bensaâd
Conversion d'un véhicule thermique en véhicule électrique par le système rétrofit, un projet développé par de jeunes Algériens afin de redonner une seconde vie à des voitures usées et réduire, ainsi, les émissions de gaz à effet de serre. Ces jeunes fondateurs de la start-up CITYLOCKER ont décidé de relever le défi, à l'ère de la nouvelle tendance de la voiture électrique et hybride, et de s'investir dans une conversion made in Algeria. Le premier prototype, réalisé par ces jeunes sur un van Volkswagen T2 sera bientôt dévoilé au grand public, selon le cofondateur de «CITYLOCKER», Sofiane Boudjema, présent au Salon international des véhicules thermiques, électriques et hybrides (SIVEHA», organisé au Centre des convenions d'Oran entre le 24et le 29 juin dernier.
Il s'agit d'une solution alternative qui consiste à la récupération d'anciens véhicules, le retrait du moteur thermique et l'intégration de la batterie et du nouveau moteur électrique. L'objectif de cette opération, tel qu'expliqué par cet ingénieur polytechnicien en sciences des matériaux, est de démontrer la faisabilité technique de la conversion d'un véhicule thermique en véhicule électrique. En effet, la conversion commence par le dimensionnement du kit après étude du type de véhicule et l'adapter au modèle de la voiture. Il sera procédé ensuite à la détermination de l'autonomie de la batterie, désirée par le client et son agencement. Pour ce faire, des calculs de puissance et de répartition des masses sont effectués. Concrètement, la conversion est une opération mécanique qui consiste à remplacer le moteur essence ou diesel et le réservoir de carburant d'un véhicule thermique par un moteur électrique et une batterie avec quelques composants auxiliaires et un nouveau train connecté directement au moteur électrique.
Un véhicule rétrofité est-il légal ?
Avec l'arrivée de la voiture électrique et les mutations que connaitra le parc automobile en Algérie, le débat est déjà lancé sur l'homologation des véhicules rétrofités. Pour M.Boudjema, il est important de discuter de cette question aujourd'hui et la soumettre à un large débat et penser à la régulation du marché de l'automobile. «L'une des préoccupations majeure», a- t-il souligné, «est l'homologation. Est-il possible d'homologuer un véhicule thermique converti en véhicule électrique pour une circulation routière ?»
Selon les experts, une voiture convertie est une voiture qui a subi des modifications tout en respectant certains critères liés au taux de variation qui est limité et la puissance du moteur qui doit être équivalente au moteur thermique. La carte grise sera, de ce fait, modifiée au niveau de la mention type de carburant. Faut-il alors faire homologuer tout le véhicule réfrofité ou uniquement les kits utilisés ? Pour cet ingénieur, la conversion impose également une intervention spécifique en cas d'accident de circulation. C'est pourquoi les services de la protection civile sont les premiers à sensibiliser sur la question afin d'accomplir leur mission dans les meilleures conditions. Cette nouvelle donne incite donc à mettre en place une réflexion globale sur l'écosystème de cette conversion et la préparation à cette transition énergétique.
La batterie représente 50% du coût de la conversion
Pour les initiateurs de ce projet, deux segments du marché de l'automobile sont visés, dont les flottes de véhicules en fin de vie détenus par les entreprises et les voitures de collection. Il est également prévu de développer un réseau de professionnels spécialisés dans la conversion de véhicules thermiques en électriques. Sur la fabrication de la pièce détachée, M.Boudjema estime que beaucoup de pièces peuvent être fabriquées localement, cependant, la batterie reste la pièce maitresse qui représente 50% du coût total de cette opération. Ce qui incite à une profonde réflexion sur la question et les possibilités de la fabriquer localement sachant qu'une batterie de voiture électrique est composée de milliers de cellules lithium ion rechargeable connectées ensemble pour former le bloc batterie. L'attribution, dernièrement, par l'Agence algérienne de promotion de l'investissement, de foncier à un jeune investisseur pour la réalisation de son projet de fabrication de batteries au lithium est encourageant à plus d'un titre, selon notre interlocuteur, pour le développement de la voiture électrique. Dans ce même contexte, des discussions préliminaires sont engagées entre les initiateurs de ce projet de conversion de voitures thermiques en électriques et des constructeurs automobiles, de retour sur le marché algérien, afin d'assurer un approvisionnement en pièces détachées et notamment les batteries électriques et éviter les aléas de la contrefaçon et de rupture de stocks.
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Posté Le : 03/07/2024
Posté par : rachids