Depuis sa fondation en 1838, le cimetière de Kettar se dresse comme un gardien silencieux de l'histoire et de la culture musulmane à Alger. Niché dans les ruelles de la ville, ce lieu de repos éternel est imprégné de souvenirs et de significations profondes, enraciné dans les traditions et les coutumes ancestrales.
Le nom même du cimetière, "Kettar", résonne avec l'écho d'un passé riche et complexe. Étymologiquement lié au mot "distillerie", il rappelle une époque où les senteurs enivrantes de jasmin emplissaient l'air. Jadis, au sein de ce lieu saint, se dressait la "bridja", un monument funéraire datant de l'ère ottomane, où les délicates essences de jasmin étaient méticuleusement distillées. Cette évocation poétique du passé ajoute une dimension supplémentaire à la signification de ce cimetière, en tant que gardien de traditions perdues.
Avec ses 65 000 tombes, Kettar est bien plus qu'un simple lieu de repos pour les défunts. C'est un véritable panorama de l'histoire algéroise, où les pierres tombales racontent des récits de vies vécues, de luttes menées et de contributions apportées à la société. Parmi ces tombes, reposent de nombreuses personnalités éminentes, des figures qui ont marqué l'histoire et la culture de l'Algérie.
Parmi elles, nous trouvons les légendes du châabi, comme El Hadj El-Anka, Dahmane El Harrachi et El Hadj M’Rizez, dont les voix résonnent encore à travers les ruelles d'Alger. La cantatrice Fadela D’Ziria, connue pour sa voix envoûtante et ses performances saisissantes, repose également dans ce lieu chargé d'émotion. L'acteur Rouiched, dont les talents ont illuminé les scènes du théâtre et du cinéma, trouve également sa dernière demeure parmi les ombres tranquilles de Kettar. Et l'épouse de Frantz Fanon, figure emblématique de la lutte pour la liberté et la dignité, repose ici, un symbole de l'unité et de la résilience humaine.
Chaque pierre, chaque inscription, raconte une histoire unique, un fragment de mémoire préservé pour les générations futures. Kettar est bien plus qu'un cimetière ; c'est un témoignage vivant de l'identité et de la richesse culturelle de l'Algérie, un lieu où le passé et le présent se rejoignent dans une communion éternelle.
En tant que l'un des plus anciens et des plus importants cimetières musulmans d'Alger, Kettar demeure un lieu de respect et de contemplation. C'est un rappel poignant de notre propre mortalité, mais aussi une célébration de la vie et de l'héritage que nous laissons derrière nous. En parcourant ses allées ombragées, on ne peut s'empêcher de ressentir une profonde gratitude pour ceux qui ont façonné notre monde et pour les leçons qu'ils nous ont léguées.
Ainsi, que l'on vienne pour méditer, pour se recueillir ou simplement pour se souvenir, le cimetière de Kettar demeure un lieu de beauté et de sérénité, un témoignage immuable de la force et de la résilience du peuple algérien.
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Posté Le : 14/03/2024
Posté par : patrimoinealgerie