Alger

Auteure des ouvrages Chant de mémoire kabyle et Contes merveilleux de Kabylie Fouzia Belaïd, une plume fluide et beaucoup d’ambition



Publié le 02.09.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

A. KERSANI

Enseignante dans un collège de Béjaïa, Fouzia Belaïd est une passionnée d’écriture et de lecture.
Titulaire d’un diplôme d’études supérieures en microbiologie obtenu à l’université Abderrahmane-Mira, c’est dans la presse indépendante, notamment dans les deux quotidiens la Nouvelle République et Le Matin, qu’elle a effectué ses premiers pas dans l’écriture comme correspondante dans la wilaya de Béjaïa avant de tenter cette aventure avec beaucoup d’ambition en signant son premier roman intitulé Chant de mémoire kabyle édité le mois d’octobre 2019 aux éditions La Pensée.
Son passage dans la presse écrite a constitué une belle expérience malgré le peu de temps de cette collaboration pour l’autrice qui s’est mise ensuite à la composition de poèmes avant de décider d’écrire un récit à la manière d’un roman.
Un ouvrage dédié à la Kabylie et surtout, fait observer Fouzia Belaïd, à la femme kabyle qui, selon elle, représente un maillon très important dans la transmission, pour les générations futures, du patrimoine culturel immatériel, à savoir traditions, récits légendaires et poésie.
Dans ce premier ouvrage de 171 pages, l’auteure a essayé de mettre en exergue les traditions kabyles à travers des passages de vie de deux personnages principaux, Fatma N’hend, une vieille femme appelée Djida, et un petit garçon, Salah.
Le premier personnage incarne la maturité, la sagesse et la transmission ; le second, l’enfance et l’apprentissage. Ce sont deux éléments d’une histoire qui se déroulait à Béjaïa, plus précisément dans la même cité «Oudali». Le petit Salah chérissait énormément cette vieille dame qu’il considérait comme sa troisième grand-mère. Dans ce récit, l’auteure a aussi intégré de petits contes et légendes (La légende de Sidi Yacine, et le mythe du dieu de pluie (Anzar), qui évoque également l’attachement des Kabyles aux croyances, à savoir la religion et les croyances aux forces surnaturelles et l’impact de ces dernières sur leur vie quotidienne. Tout cela est mis en avant à travers de petites histoires.
Le deuxième ouvrage de Fouzia Belaïd de 128 pages, sorti chez les mêmes éditions La Pensée le mois de mars 2024, intitulé Contes merveilleux de Kabylie, reprend huit contes anciens recueillis auprès de vieilles femmes kabyles. On retrouve Tassadit, Tassadit, Drima, De l’épine à l’œuf, La face cachée du serpent, Le garçon et le tigre, Zohra et les serpents, Le sultan, Les sept filles et leur marâtre. Avec une plume fluide et simple, l’auteure fait voyager le lecteur dans les très longues et sublimes soirées d’hiver en Kabylie autour d’un «kanoune», durant lesquelles toutes les familles se réunissaient pour écouter «timouchouha» avant de se mettre au lit. Comme le souligne l’auteure, «le conte est une transmission culturelle orale. Certains contes sont véhiculés depuis des générations. C’est un outil d’intercommunication entre adultes et enfants. C’est un moyen de divertir, d’éduquer et de transmettre un enseignement, une moralité. Le conte raconte des variations sur une histoire familiale avec ses tensions, ses conflits et ses manques. Il débute toujours avec une vie paisible, calme et heureuse puis viennent les péripéties, donc une situation de détérioration, ensuite arrive le héros qui va trouver des solutions aux épreuves et sauver la situation, donc une situation de réparation, pour arriver à une fin heureuse. Il faut souligner que ce genre de récit joue un rôle important dans le développement de la personnalité et l’imagination de l’enfant, également dans sa construction identitaire et sociétale. «D’ailleurs, tout le monde s’accorde à dire que le conte est édifiant», explique l’auteure.
«En Kabylie, la poésie et le conte constituaient des genres dominants dans la littérature kabyle qui était jusqu’au XIXe siècle orale. Ce n’est qu’au siècle dernier qu’a commencé la transcription des récits légendaires et par la suite la poésie. Heureusement, nous avons des gardiens de cette richesse qui sont des femmes et des hommes contribuant ainsi à la sauvegarde de ce patrimoine immatériel qui est le témoin vivant de la diversité culturelle. Il est aussi le reflet de l’identité culturelle et sociétale de l’individu et de tout un peuple.
«Il est là pour maintenir la culture populaire face à la mondialisation culturelle qui est étroitement liée à la culture de masse», a souligné, lors de notre rencontre, Fouzia Belaïd qui se projette déjà dans l’écriture de nouveaux ouvrages. Il faut dire que les échos qui proviennent de ses lecteurs lors des différents Salons du livre auxquels elle a été invitée sont plutôt très encourageants. Evoquant justement ces Salons du livre, l’auteure estime qu’ils sont «toujours avantageux car ils permettent à l’auteur de rencontrer ses lecteurs, de les écouter, de connaître leurs attentes, de discuter et partager avec eux sa vision et vice-versa.»
«Le Salon du livre est aussi un espace d’échange instructif et culturel très intéressant entre les auteurs, et les gens en général. Il donne plus de longévité aux livres. C’est une belle expérience à vivre et à revivre», a soutenu l’auteure.
A. Kersani




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)