Alger

Arezki Larbi n’est plus L’esthète à l’âme d’un poète s’en va



Publié le 23.01.2024 dans le Quotidien l’Expression

Il est décédé samedi à l’âge de 69 ans suite à une longue maladie, ses amis et proches pleurent, aujourd’hui, un artiste au sens noble du terme, à la valeur inestimable…

C'est la consternation dans le milieu des arts plastiques, du cinéma et de l'art en général! À peine quelques jours après la disparition de feu le journaliste et écrivain Ameziane Ferhani, le monde de l'art est à nouveau frappé par une triste nouvelle, en effet, le plasticien, scénographe et cinéaste algérien Arezki El Arbi est décédé samedi à l'âge de 69 ans suite à une longue maladie. Aussitôt annoncée sur les réseaux, la nouvelle s'est propagée comme une traînée de poudre, jetant en émoi, la famille de l'art et de la culture en Algérie. Né en 1955 à Bouira, feu Arezki El Arbi était connu pour ses créations dans divers domaines artistiques. Il avait entamé sa carrière dans les années 80 en tant qu'artiste plasticien avant d'embrasser les univers du théâtre et du cinéma, cumulant, ainsi, plus de 40 ans de carrière en la matière. En 1982, le défunt obtient son diplôme de l'Ecole des beaux-arts (Alger) avant de participer aux différentes expositions individuelles et collectives en Algérie et à l'étranger. Au début des années 90, le défunt part en France pour une formation approfondie en arts plastiques, avant de revenir en Algérie où il a collaboré avec la presse en tant que caricaturiste. À partir de 1995, l'artiste rejoint le monde de la scénographie en participant à plusieurs oeuvres théâtrales.

Un touche-à-tout perfectionniste
Feu Arezki El Arbi avait également participé à la réalisation de décors et de costumes pour plusieurs longs métrages. On citera notamment «Machaho» et «El Manara» de Belkacem Hadjadj, «La montagne de Baya» de Azzeddine Meddour ou «Morituri» d'Okacha Touita. Sourire malicieux mais regard tendre et affectueux, ce séducteur né, était un homme curieux, un touche- à- tout, la peinture, seule, ne lui suffisait plus, au fil des années Arezki Larbi se plaisait à taquiner la muse du 7eme art après avoir longtemps arpenté les chantiers des plateaux cinéma qu'il aura lui-même conçu de ses mains. Sa passion pour les arts visuels l'amènera ainsi à plonger de plain- pied dans le monde du 7eme art en réalisant coup sur coup deux court métrages à la veine profondément poétiques et philosophiques. Le chef décorateur qu'il était est devenu avec le temps un fin esthète en la matière. Comme le prouveront en effet ses deux courts métrages qui sortent du lot et surtout qui différent complètement de ce que l'on a vu jusqu'à présent. Des films énigmatiques comme l'était tout compte fait cet artiste indomptable qui respirait la vie et l'action dans lesquelles il mordait à pleines dents.

L'image: l'autre arrière-cour du décor
Que ce soit «Winna» ou «Le chant de la sirène», l'art du décor se confondait avec le mystère du récit, auquel l'artiste y insufflait toujours une touche de fantasmagorie, lui l'éternel rêveur... Lors de sa dernière exposition «Alter Ego» qui s'est tenue à l'Espaco en 2018, Arezki rendait hommage à ses amis avec l'oeuvre «Memo'art», des planches sur lesquelles on retrouvait un amas de minuscules photographies représentant les visages des siens. «C'est un chemin du coeur, mélancolique parfois, éclairé par des envolées de poésie involontaire et, comme souvent dans la solitude, la candeur n'ayant pas de but, elle trébuche sur des souvenirs.
La mémoire n'est pas un film qui se déroule en séquences organisées, ce sont des replis dans l'ombre, des entassements d'oublis et d'écritures vaines (...) Des centaines de photographies, prises de face et de profil, de personnes côtoyées dans la vie ou dans le travail ne sont pas que des clichés figés mais des vies, des moments bleus. Des pans de vie qu'il m'est donné de manipuler ludiquement, pour déramer les empilements et redessiner autrement ceux qui me peuplent et me portent (...). Il est assez curieux de constater en faisant ce travail que la vie de mes amis, c'est aussi un peu la mienne.
Le sel de ma vie», confiait l'artiste qui en était véritablement un au sens noble du terme. Aujourd'hui ses amis, sa famille et comparses pleurent un ami et un frère à la valeur inestimable.
Adieu Arezki!
O. HIND



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