Anis Benhallak est un musicien algérien, né à Chelghoum L’Aid, un petit village à l’est de l’Algérie. Guitariste Compositeur, il apprit la musique très jeune. Il débutera son apprentissage par le répertoire classique Algérien Chaâbi et Andalous en passant par la Hawzi et le Malouf, et se découvre ainsi une passion prononcée pour la composition et l’improvisation en mélangeant les genres.
En parallèle à cela, il développe son répertoire en découvrant avec enthousiasme Miles Davis, Pat Metheny, Jeff Beck, Weather Report, James Brown, Jimmy Hendrix, Vivaldi, Brahms et tant d’autres... Son arrivée en France lui permit d’approfondir ses connaissances en Jazz et fut un tournant majeur dans sa vie de musicien.
Sa musique nous emporte loin dans ses racines tout en gardant la subtile élégance du jazz et l'énergie du Rock. On a pu voir son talent se balader aux rythmes de ses mélodies profondes et enjouées dans de prestigieuses scènes de part le monde.
Ce compositeur atypique, qui a su créer un univers où se mêlent tradition, modernité et innovation dans une parfaite harmonie, nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur son parcours. On vous laisse découvrir...
- Racontez-nous un peu vos débuts dans la musique? Comment est né votre amour pour la guitare?
Contrairement à la plupart des musiciens, je ne suis pas né dans une famille d’artistes, mais ma mère qui aimait beaucoup la musique (musique algérienne et musique d’ailleurs) m’a donné envie d’explorer cet univers là. Puis vers 11/12 ans je me suis procuré une guitare décorative pour m’amuser avec mes cousins qui jouaient depuis longtemps. C’est là que j’ai commencé à apprendre. Petit à petit, j’ai commencé à jouer, avec des groupes locaux, de la musique traditionnelle et au fil du temps j’ai commencé à m’intéresser à d’autres sonorités, le blues, le rock, la funk ...
- Au départ, vous jouiez beaucoup de musique algérienne et de la variété. Puis il y a eu The Kind Of Blue. Comment s'est faite cette découverte? Et cette transition vers un peu plus de technicité et de liberté de jeu?
Je suis parti en vacances en France quand j’avais 16 ans. Dans une médiathèque, je suis tombé sur Kind of blue de Miles Davis et passion grace and fire de Al Di Meola, John McLaughlin & Paco de Lucia et là j’ai su que c’était vers cette musique là que je voulais aller. Immédiatement je me suis procuré des partitions et des méthodes de jazz, et j’ai continué à apprendre tout seul pendant un certain temps, vu qu’à mon époque il n’y avait pas d’école de jazz en Algérie et c’est hélas encore le cas aujourd’hui… Tout s’est fait d’une manière assez artisanale. Quand je manquais de partitions, ma sœur qui étudiait en France m’en envoyait.
- À 21 ans, vous avez décidé de quitter l'Algérie pour Paris. Une envie de renouveau? De plus de professionnalisme?
J’avais envi de me perfectionner et d’élargir mon langage musical, et surtout de faire de la musique mon métier. A partir de là, j’ai enrichi mon cursus musical avec des écoles de musique. Et en intégrant plein de groupes de jazz et d’autres styles aussi.
- De cet 'exil' est né le projet Anis Benhallak «Paradoxical Sextet ». Pouvez-vous nous raconter sa genèse et la démarche musicale entreprise?
Le paradoxical Sextet est en réalité une sorte de carnet de voyage, où on peut voir mes différents mouvements, cette rencontre entre toutes les influences qui me parcourent. Puis sextet parce qu’on était 6 musiciens. Avec beaucoup de travail, le projet a pris plus de consistance et s’est enrichi d’autres musiciens et s’est transformé en Paradoxical Project.
- Justement...« Paradoxial Project ». Nouveau line-up, nouvelles sonorités. Ne sonne-t-il pas comme un retour aux sources? À ce vieux raî de l'Oranie (bien que vous soyez originaire de l'Est)?
Pour moi l’Algérie n’est pas un territoire divisé en Est/Ouest, Nord/Sud, il appartient à tous les algériens, donc cette musique est aussi mienne et fait partie de mon identité, comme toutes les autres musique de l’Algérie. Nous avons un patrimoine très riche et varié, en explorant S’ayda j’ai aussi voulu rendre hommage à Cheikha Rimitti qui est pour moi une figure emblématique de notre musique.
- En tant que musicien algérien professionnel, quel regard portez-vous sur la nouvelle scène musicale en Algérie?
On constate un réel changement, de plus en plus de jeunes groupes de qualité se produisent, je trouve ça formidable et encourageant, des groupes qui ont des choses à dire et qui assument leurs positions. Il devrait cependant y avoir plus d’événements et de scènes pour les découvrir. On devrait aussi les valoriser bien plus et mettre de réelles infrastructures à leurs dispositions pour qu’ils puissent travailler. Et surtout valoriser nos artistes plutôt que de ne valoriser, à chaque fois, que les artistes étrangers.
- Vous qui avez joué dans de prestigieux festivals, à l'image de Jazz à Vienne, quel est votre opinion à propos de la multitude de festivals institutionnalisés en Algérie qui, hélas, brillent souvent par l'absence du public malgré une bonne programmation, pour certains?
La bonne programmation ne suffit pas hélas, à côté de cela il faut une bonne organisation, et une communication adéquate aux publiques. J’entends par là qu’il y a un gaspillage certain et les festivals n’atteignent pas toujours leur cible, pour des raisons de professionnalisation du domaine. On ne peut pas s’improviser directeur de festival, programmateur, médiateur culturel, ou technicien, ce sont des choses qui demandent une réelle connaissance du terrain. Ceci dit, il y a de plus en plus de festivals et c’est une très bonne chose.
- Quand est-ce qu'on pourra écouter le nouveau projet en live en Algérie?
Quand on m’invitera (rires).
- Que peut-on vous souhaitez?
Bonne chance (Rires).
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 11/12/2014
Posté par : Imidiwan
Ecrit par : Samy Abdelguerfi