Alger - Emir Abdel Kader

Ancien Siège de la Fondation Emir Abdel Kader à la Casbah d'Alger



Ancien Siège de la Fondation Emir Abdel Kader à la Casbah d'Alger


Par Leïla Boukli Publié le 23 fév 2013 « Redonner enfin à l’Emir sa place dans l’histoire de l’Algérie, mais surtout dans la mémoire des Algériens. Redonner à l’œuvre plurielle de l’Emir ses dimensions humaines et universelles » EMIR ABDELKADER La Fondation Emir Abdelkader a été créée, en 1991, par un groupe d’universitaires et de figures emblématiques de l’Algérie indépendante ; descendants, ministres, ambassadeurs, écrivains, cadres … Ils lui ont assigné comme mission essentielle la réhabilitation de l’histoire. Des conférences en ce sens ont été faites par des spécialistes de l’Emir, tant nationaux qu’étrangers, mettant en exergue sa personnalité, son action, sa pensée, son rayonnement… Des expositions de livres, organisation de colloques, inauguration de stèles, de places, de rues, à l’étranger – dernière en date celle de Caracas au Venezuela –, restauration de sites historiques ayant trait à l’Emir… La Fondation a eu trois présidents à ce jour : le premier, M’Hamed Ferhat, qui est aussi descendant de Sidi Laaradj, ami de Si Mohieddine, père de l’Emir, faisait à son époque parti du Majliss choura. Driss Djazaïri, héritier de cette lignée prophétique (chérifa), en sera le second, de 1995 à 1999, date de son départ pour Washington en tant qu’ambassadeur d’Algérie. Mohamed-Lamine Boutaleb, originaire de la tribu des Hichem, apparenté à l’Emir, est le troisième, de 1999, à ce jour. Chaque année, des évènements importants sont célébrés par la Fondation : l’investiture de l’Emir le 27 novembre, telle ou telle bataille, tel ou tel traité, l’anniversaire de sa mort le 26 mai… Peu à peu, des thèmes précis ont été choisis : biographie de l’Emir, des écrits, l’Etat moderne qu’il a formé, sa diplomatie… La Fondation à pour projets aussi de publier ses œuvres complètes, d’ouvrir si possible une maison d’édition, un musée national, un centre de recherches, d’acquérir sa demeure à Damas… En un mot d’étendre ses activités en faisant appel aux amis de l’Emir, aux organismes culturels, à ses sections. Il est vrai que depuis quelques années, la Fondation Emir Abdelkader a grandi, elle a constitué plusieurs sections dans les grandes villes et organisé des colloques nationaux ou régionaux à Oran, Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Tiaret, Mascara, Alger, Constantine. Avec l’encouragement du bureau national d’Alger et de son actuel président, chacune active à sa manière autour de chacune des parties de la vie de ce grand homme, tellement pleine qu’elle contente ceux qui veulent mettre en valeur un seul des aspects du saint, du savant, du poète, de l’humaniste, de ses qualités de stratège militaire ou encore de l’homme d’Etat. Par exemple, les nationalistes algériens se satisferont de son action politique tandis que les mystiques ou les musulmans pieux mettront en valeur son ésotérisme et son comportement à la fois de croyant et d’Emir… Il est à déplorer que la revue semestrielle, intitulée Itinéraires lancée en 1997, ne soit plus éditée faute de fonds. Malgré le soutien du Président Abdelaziz Bouteflika, qui a présidé pour la première fois, dans l’Algérie indépendante, en tant que chef d’Etat, la célébration de la Moubâyaa ou serment d’allégeance à l’Emir Abdelkader, en souvenir d’un 22 novembre 1832 dans la plaine de « Ghriss », sous l’arbre appelé « dardara » (frêne) ; tout comme, il avait présidé en tant que ministre des Affaires étrangères , les cérémonies du retour dans sa patrie, des cendres de l’Emir en 1966. Elle se proposait, selon le responsable de la publication Dr. Chikh Bouamrane, de donner une image exacte de l’Emir, débarrassée des légendes et des malentendus que des gens mal informés répandent parfois. La fondation a pour siège Dar El Sadaka à la Casbah, un lieu non approprié pour une fondation de cette envergure. Actuellement, les membres de la fondation, sans subvention, squattent les bureaux que l’actuel président Mohamed-Lamine Boutaleb a mis au service de la Fondation. Pour les nombreux bénévoles qui y travaillent, il est impératif d’avoir pour cette fondation un siège à l’image des objectifs qu’elle défend qui ferait par la même, office de centre de recherches. Un ouvrage sur l’Emir destiné au corps enseignant a été réalisé par la fondation. A noter que cette dernière parraine actuellement, à l’initiative de Zhor Boutaleb, fille de Mohamed-Lamine, une série de conférences sur l’œuvre et la pensée de l’Emir. Sachez enfin que le conseil scientifique fait appel à toutes les compétences désireuses de poursuivre l’œuvre émirienne. On peut dire en conclusion que l’Emir Abdelkader est assez bien connu comme résistant et comme homme d’Etat. Depuis plus d’un siècle, ses différents biographes ont décrit largement sa vie et son action. On peut citer notamment A.Bellemare (Paris, 1855), Ch.-H. Churchill (Londres, 1867), l’Emir Muhammad (Alexandrie, 1903), P.Azan (Paris, 1925) et M.-Ch.Sahli (Alger, 1946). Par contre, il est beaucoup moins connu comme écrivain et comme penseur. Ses écrits restent dispersés ou inaccessibles. Quelques-uns ont été traduits en tout ou en partie : la Lettre aux Français (dhikrâ al âqil) par G. Dugat, consul français à Damas (Paris, 1858) sous un autre titre, et par R. Khawam (Paris, 1977) sous son titre actuel ; M. Chodkievics a donné des extraits des mawâqif (Paris, 1982) avec une remarquable introduction. L’Emir partage le point de vue des grands savants musulmans sur la supériorité de « l’esprit ». S’il ne cite pas ses sources, il indique parfois les penseurs auxquels il se réfère : les philosophes grecs (Socrate, Platon, Aristote) familiers de la culture arabe et les auteurs musulmans célèbres (Al-Râzi, Ibn Sînâ,Al-Ghâzâli, Ibn Rochd, Ibn Khaldûn…). Il part évidemment des textes fondateurs, Coran et hadiths, et y ajoute ses réflexions personnelles et ses propres opinions qui frappent par la pertinence et l’ouverture. « La science, dit-il, vient de l’esprit comme le fruit vient de l’arbre » L’esprit apparait d’abord chez l’enfant puis mûrit chez l’adulte ; il distingue l’homme de la bête et lui confère la dignité morale par la maîtrise du désir. Le savant surpasse l’ignorant par l’expérience, la réflexion et les connaissances acquises. L’ignorant, par contre, ne réfléchit guère ; il se laisse guider par l’habitude et suit les ancêtres ou l’entourage, sans pouvoir mesurer le dommage causé par le désir. C’est ce qui explique l’inégalité parmi les hommes, selon la force ou la faiblesse de leur esprit. Les connaissances acquises comportent des degrés : le premier c’est la connaissance par les sens, le second la connaissance par l’intelligence. La connaissance sensible est stérile et conduit souvent à l’erreur, tandis que la connaissance intellectuelle est féconde et englobe tout le savoir. » L’Emir est frappé par le matérialisme du XIXe siècle, marqué par le positivisme et le scientisme, qu’il ne peut partager. La science, pour lui, est inséparable de la foi. Il désapprouve toutefois les conservateurs qui donnent la préférence au patrimoine aux dépens de la culture moderne. Ils ont tort ceux qui dénient toute valeur aux livres… aux études scientifiques… Il leur rappelle un vers célèbre : « Cet ancien a été moderne en son temps et ce moderne deviendra un jour ancien. » Ou cet autre vers, soustrait d’un poème intitulé « Mon épouse s’inquiète » « Demande donc à la nuit, elle te dira comme j’ai pourfendu sa peau noire en chevauchées nocturnes » Passages tirés du n° 1 de la revue semestrielle Itinéraires éditée par la Fondation Emir Abdelkader. Pour en savoir plus : Fondation Emir Abdelkader Siège social : 6, rue Yahia Belhayet-Hydra –Alger Tel/Fax : 021 69 49 06 Mail : fondationemir@gmail.com Leila Boukli Bio express 1807 : naissance de l’Emir 1822 : Séjour à Oran 1832-1847 : résistance d’Abdelkader * 22 février 1834 : traité Desmichels * 30 mai 1837 : traité de la Tafna * 13 mai 1843 : prise de la Smala * 14 août 1844 : bataille d’Isly 1848 : internement jusqu’en octobre 1852, en France : Toulon, Pau puis Amboise 1853 : séjour à Brousse, en Turquie 1855 : installation à Damas 1860 : il protège les chrétiens lors des émeutes de Damas 1863-1864 : Deuxième pèlerinage à la Mecque. Il demeure un an au Hedjaz 1865 : voyage en France 1867 : voyage en France et en Angleterre 1869 : il assiste à l’inauguration du canal de Suez 1883 : le 23 mai, il meurt à Damas 1966 : le 5 juillet, transfert des cendres et inhumation au cimetière d’El Alia Membres Fondateurs Belkhodja Amar, Benkada Sadek, Benkhedda Youcef, Boualga Abdelkader, Boudaa Baghdad, Boumediene Abelhamid, Bounini Youcef, Boutaleb Abdelkader, Chenini Habib, Djazairy Idriss, Ferhat M’hamed, Kandil Senoussi, Malki Nourredine, Rahal Redouane, Safir Abdelkader, Sadek Habib, Sam Menouar, Si Youcef Mahmoud, Soufi Fouad, Bahloul Mohamed, Bouamrane Chikh,



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