Alger - Théâtre

Alger, Théâtre «Nsalou ouala ma nsalouche», Un jeu pétri d’humour



Fouzia Aït El-Hadj, dramaturge, a récidivé, une fois encore, avec une nouvelle production théâtrale.

Nsalou ouala ma nsalouche, la pièce dont la générale a eu lieu, dimanche, au théâtre national, se révèle – et se veut – une comédie, ainsi le metteur en scène poursuit toujours dans la même lancée son projet théâtral, celui qui se traduit par un engagement sociocritique, et cela par l’humour.
La pièce ponctuée, de bout en bout, d’humour, un humour s’avérant caustique, retrace les péripéties extravagantes d’un jeune et pauvre pécheur qui s’est marié avec une femme a priori inféconde mais qui, à la surprise du conjoint, «accouche» d’or.
Accusé par les autorités de vol et d’escroquerie, le pécheur avoue à la cour toute la vérité, mais personne ne le croit, car cela paraît fortement invraisemblable, voire grotesque.
Insistant sur les faits, le pécheur finit par convaincre le roi et ses sujets, à savoir son conseiller, le chef de sa police et le juge. Une idée leur vient : jeter le pécheur dans les bras de l’épouse de chacun pour que celle-ci au bout de deux mois leur donne de l’or. Cela leur permettrait d’accumuler chacun des richesses. Mais voilà qu’un hic survient : l’alchimie ne peut s’opérer que si le pécheur s’entretient avec son épouse. Ainsi, tous, usant de ruse et de malice, s’attelle à exécuter leur projet. Si la pièce se révèle par l’humour qu’elle développe caustique, c’est parce que le discours véhiculé est chargé de propos qui font allusion à quelque réalité qui nous est familière. Toute la pièce est une insinuation, en fait. Elle est érigée comme telle pour interpeller judicieusement notre conscience. La pièce est une critique des gouvernants arabes, des gouvernants dictatoriaux et qui ne pensent qu’à satisfaire leurs propres intérêts : rester au pouvoir et s’enrichir, et tous les moyens sont bons.
La pièce nous montre comment le roi et ses sujets bravent l’interdit religieux tout en justifiant leur acte. Elle montre jusque où l’homme peut aller dans son aveuglement et son délire : réinterpréter la constitution et les lois en vigueur à partir de leurs besoins du moment.
Sur le plan de la forme, c’est-à-dire de la construction scénique, la pièce ne semble pas nourrir l’ambition d’être soutenue et conceptuelle ; c’est une pièce légère et aérée, ne s’attardant point ni sur la stylistique ni sur la poétique. L’objectif est de parvenir à faire passer un message clair et concis et donc à se faire comprendre par un public plus large et populaire, et cela avec un dialogue simple, un jeu stylisé, et des rapports communs.
Fouzia Aït El-Hadj ne fait pas dans la réflexion ni dans l’esthétique, et c’est ce qui distingue son théâtre des autres : elle fait du théâtre populaire où l’humour s’avère privilégié ; un ingrédient essentiel dans sa création dramaturgique.




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