Alger - Sid Ahmed Serri

Alger, Sid Ahmed Serri. Maître De musique arabo-andalouse, Un hymne à 80 ans de talent inaltérable



Organisé sous la houlette du ministère de la Culture, ce concert-hommage permettra à plus d’un de revoir sur scène un des piliers de la musique andalouse et de s’enivrer de morceaux langoureux et enchanteurs à la fois.

Au cours d’une conférence de presse, tenue hier matin au cercle Frantz Fanon de Riadh El Feth, Ahmed Serri a déclaré sur un ton ironique qu’il ne croit pas tellement à ses 80 ans, mais qu’ils sont bien là. Malgré le poids de son âge, le maître affirme que dans le domaine musical, on ne doit jamais dire qu’on a tout fait. Bien au contraire, il y a toujours quelque chose à faire. Si Ahmed Serri brille actuellement par son absence sur la scène artistique, c’est pour des raisons indépendantes de sa volonté. « Ce n’est pas de mes habitudes de frapper aux portes et de quémander. Je suis toujours là pour répondre quand on fait appel à moi et quand mon état de santé me le permet bien sûr. Je suis encore en mesure de donner quelque chose, quand je pense à nos aînés qui ne sont plus de ce monde. Ils sont partis comme un chapelet qui s’étiole. » Les associations musicales, dit-il, font un travail magnifique sur le plan technique. Cependant, il leur manque un répertoire plus étoffé pour animer plus de concerts. « Il existe de jolies voix, notamment féminines. Il faut réunir toutes ses voix pour réconcilier tout le monde avec la musique », dit-il. La musique andalouse existe depuis douze siècles. Elle a tout de même résisté au temps. Selon le spécialiste, elle peut tenir davantage, car elle a tous les moyens techniques pour être préservée. La radio et la télévision ont un grand rôle à jouer pour la préservation de ce patrimoine inestimable. A une certaine époque qui a précédé l’Indépendance, se souvient-il, il existait des émissions musicales régulières. Actuellement, il n’y a pas de programme bien défini pour la diffusion de la musique andalouse. « C’est bien beau que les associations activent, mais les médias lourds doivent suivre. Il faudrait revenir à l’ancienne formule. Constituer des orchestres et des programmes permanents. La nouvelle génération doit découvrir cette musique de référence. » Il faut, martèle-t-il, redonner à la musique andalouse la place qu’elle mérite. « On ne peut pas s’inspirer du raï car il est appelé à disparaître du champ culturel. » Présente à la conférence de presse, une représentante du ministère de la Culture a annoncé la tenue du 1er festival international de la musique andalouse qui aura lieu du 18 au 28 décembre prochain à la salle Ibn Zeydoun. Ahmed Serri s’est dit surpris d’apprendre qu’il sera invité à cette manifestation de grande envergure alors que le dernier festival national de la musique andalouse remonte à 1972. Ne mâchant pas ses mots, le conférencier estime que l’Algérie n’est pas prête à participer à un tel événement. « J’ai peur qu’on ne soit pas du niveau. Il faut du temps pour se préparer. Il aurait fallu nous avertir préalablement. Je pense qu’on est allé trop vite pour organiser ce festival international. Je suis assez sceptique. » Ahmed Serri a soulevé le problème de la non-construction des conservatoires au niveau national. Prochainement sera créée une université à Sétif, mais, dit-il, on oublie de construire un conservatoire à côté pour le bien-être du futur étudiant. « Je suis conscient de ce manque, déclare-t-il, mais ce qui me chagrine le plus, c’est qu’on n’attache pas beaucoup d’importance à la promotion de notre culture. On augmente le budget du ministère des Moudjahidine et on diminue celui de la Culture. » Un autre point a été soulevé, celui de la révision des cachets au niveau de la télévision. Preuve en est, comme il le dit si bien, il est toujours fâché avec les médias lourds, à cause de ce problème. « Bien sûr, quand on me sollicite pour des entretiens, j’accepte car il est de mon devoir de sauvegarder la musique. » Ahmed Serri s’est lancé, en compagnie de ses musiciens, dans l’enregistrement de son répertoire andalou pendant quatre ans. En tout, ce sont 45 CD qui ont été enregistrés, attendant aujourd’hui d’être commercialisés. Le musicologue explique qu’une trentaine de maître sont partis dans l’au-delà sans rien laisser derrière eux. L’ONDA l’avait sollicité à trois reprises pour effectuer ce travail d’enregistrement. En vain. Le problème pécuniaire a dissuadé l’ONDA. Des amis à lui ont mis à sa disposition tous les moyens pour enregistrer son legs. Ainsi les 45 CD sont prêts depuis quatre longues années. « Les chansons enregistrées ne m’appartiennent pas. Elles appartiennent à l’Etat. Il faut indemniser les gens qui ont planché sur ce travail. Seul le ministère de la Culture est à même d’acquérir ce produit merveilleux. » Il est à noter, par ailleurs, que son livre intitulé Chants andalous a été réédité pour la troisième fois par l’ENAG. Il sera disponible sur le marché national à partir de demain avec en prime un CD contenant des « touchiet », issues des onze écoles musicales d’Alger.




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