Alger - Des Incinérateurs sur l’emplacement de la décharge d’Ouled Fayet «Pas question de servir de cobayes !»

Fermée depuis fin 2013, la décharge de Ouled Fayet, qui connaît actuellement des travaux d’aménagement confiés à une entreprise algéro-espagnole, devait être transformée initialement en parc paysager.

Mais surprise, le ministère de l’Environnement prévoit d’y réaliser un incinérateur.

Selon les membres d’une association locale de défense de l’environnement qui a décidé de prendre à témoin l’opinion publique, un registre est ouvert par les promoteurs du projet au siège de l’APC de Baba Hassen pour recueillir les doléances de la population sur le projet intégré au PDAU révisé.

«Une enquête publique est ouverte jusqu’au 30 mars au siège de l’APC de Baba Hassen pour recueillir les avis des citoyens.

L’intitulé du projet, comme mentionné dans le document portant Plan directeur, est : pôles de traitement de déchets d’Ouled Fayet et Rouiba, requalification et construction. Le projet, qui prévoit un autre pôle à Rouiba, est budgétisé (30 milliards). Il sera d’une capacité de 401.652 tonnes par an», a précisé dans un précédent entretien M. Benachenhou, qui s’est appuyé sur un document du PDAU réalisé par le bureau d’études français Parquexpo.

Une source à la wilaya contactée par nos soins s’est contentée de parler d’une étude de faisabilité.

«Le projet est au stade d’étude de faisabilité seulement», a signalé à El Watan cette source sous le sceau de l’anonymat.

Appréhendant la réaction de la population qui s’est opposée au maintien de la décharge d’Ouled Fayet, l’administration publique a décidé de réaliser le projet sans grand bruit.

Incinérateur de déchets et opéra côte à côte !

La population s’oppose au projet que les autorités ont décidé de faire avaliser dans le cadre du PDAU.

«Le CET, dont on nous a loué au début les avantages, s’est vite transformé en décharge, avec les conséquences que l’on connaît sur l’environnement et sur la santé de la population: odeurs, lixiviats, etc. Moi, j’ai perdu ma femme atteinte d’un cancer. J’ai quitté le quartier de Bab El Oued en croyant trouver un environnement plus sain dans cette partie de la capitale. Finalement, c’était un calvaire.

Les gens ont souffert de toutes sortes de maladies. Les conséquences de ce nouveau projet pilote sur la santé des résidants, surtout ceux de Baba Hassen qui reçoivent toutes les fumées, sont incalculables et plus pernicieuses. Il est impensable que la population puisse souscrire à un tel projet.

On a longtemps souffert de la décharge», s’époumone M. Sayad, un des militants antidécharge.

Plus étonnant encore, le projet de l’incinérateur est prévu à quelques encablures du futur Opéra, pris en charge par les Chinois et en cours d’achèvement.

«Comment le ministère de l’Environnement, la wilaya ou même les grandes autorités du pays décident d’aménager un incinérateur à proximité d’un opéra? C’est aberrant.

Si nos responsable ne font pas cas des vies humaines, qu’ils pensent à leur image, comme ils l’ont toujours fait», s’indigne un résidant, qui pense vendre ses biens à Bab Hassen «et se réfugier ailleurs».

«Il n’est plus question que nous servions encore une fois de cobayes. La première fois pour le premier CET du pays, et maintenant pour un incinérateur», s’indigne un habitant actif sur les réseaux sociaux, où une page Facebook (contre la décharge publique d’Ouled Fayet) est lancée.

L’administration de la wilaya, échaudée par son expérience passée avec le mouvement citoyen dans cette partie de la capitale et à Réghaïa, a décidé de ne pas renouveler l’agrément de l’association locale d’Ouled Fayet pour une raison évidente: avoir fait soulever la population contre le projet de maintien de la décharge.

Photo: Fermée fin 2013, la décharge devait être transformée en parc paysager

Nadir Iddir