Mercredi 25 novembre 2020
LITTERATURE
"Les Voiles du temps" de Brahim Saci
Il y a beaucoup de mystère dans la poésie, tout comme les poètes sont souvent mystérieux. Il y a encore plus de mystère dans ce monde qui nous entoure, dans ce cosmos qui dépasse toute notre logique, tout notre savoir.
Les poètes tentent de limiter un peu ce mystère, de le rendre vivable. C’est, à bien des égards, là où réside le grand mérite de la poésie et des poètes. Pour son sixième livre de poésie, Les Voiles du temps, Brahim Saci nous sert de guide dans de nombreuses quêtes qui atténuent un peu la douleur du mystère, qui nous aident à coexister avec l’insondable de l’âme humaine.
Après les Fleurs aux épines (éditions du Net, Paris, 2016), La Chute, combler l’absence (2017), Romances inassouvies (2018), J’ai trouvé l’amour à Paris (2019) et les Vents du Nord (2020), Brahim Saci nous donne à lire aujourd’hui Les Voiles du temps. Ce sont des textes relativement différents de ceux contenus dans les cinq livres précédents.
Comme si le poète entre désormais dans un autre univers après avoir cerné un autre dans l’œuvre précédente. Comme si le poète pousse encore plus loin son regard sur les territoires infinis de l’âme humaine, insaisissable, fragile et forte à la fois. Les Voiles du temps est dédié au père du poète, parti au mois de mai passé, en Kabylie.
A cause de cette terrible crise sanitaire, Brahim Saci n’a pas eu l’occasion de dire un dernier mot à cet homme qui lui a tant appris, qui l’a fait venir à Paris, à l’âge de dix ans. Cet homme extraordinaire qui a été un chef dans la fédération de France du FLN mais qui est resté lui-même, qui est revenu travailler en France, après l’indépendance, suite à une brève expérience professionnelle au pays natal. Brahim Saci écrit des poésies fortes à l’adresse de son père disparu, un père qui aimait justement beaucoup les livres de son fils.
Dans les Voiles du temps, le poète se pose aussi des questions sur cette crise sanitaire, sur la folie des hommes, toujours en quête de profits financiers au détriment du bonheur de la majorité des habitants de la Terre.
Paris est ainsi raconté dans cette période difficile du confinement et de la maladie. Heureusement que le souvenir du Paris joyeux est encore vivace, heureusement que l’amour est encore présent dans le cœur des uns et des autres.
Mais l’amour est également suivi de blessures, de malentendus, de séparations douloureuses. Le poète ne devient sage que lorsqu’il comprend que tout a une fin, que tous les hommes ne sont que des mortels. Et il y a de la sagesse dans ce nouveau livre de Brahim Saci. C’est une sagesse qui nous rend plus forts, plus sereins, plus apaisés, loin du tumulte insensé du monde. Entre ses compositions musicales captivantes, habillées de poésie kabyle profonde et ses livres de poésie en langue française, Brahim Saci continue son chemin dans l’univers de la création, avec une belle harmonie et une tranquillité enviable. On peut lui souhaiter une belle et bonne continuation !
Youcef Zirem
Les Voiles du temps, éditions du Net, Paris, 2020
Auteur
Youssef Zirem, écrivain
Le Matin d'Algérie
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Lundi 8 juin 2020
PUBLICATION
"Les Vents du Nord" de Brahim Saci
Le poète est toujours à l’écoute de ce qui se passe autour de lui ; c’est souvent ce qui l’inspire. Dans son cinquième livre, Les Vents du Nord, qui vient de sortir à Paris, aux éditions du Net, Brahim Saci arrive à saisir les angoisses générées par l’actuelle crise sanitaire mondiale.
Dans son confinement parisien, Brahim Saci s’interroge sur l’existence humaine, sur le cheminement étrange du monde moderne qui devient subitement capable du pire. Il a suffi d’un virus venu de Chine pour que toutes les activités humaines, à travers le monde, soient ralenties quand elles ne sont pas bloquées ou annulées.
De nombreux morts ici et là, victimes d’une nouvelle maladie qui a montré les limites de tous les dirigeants du monde. En dictature, les autocrates ont utilisé la situation pour accentuer encore plus la répression tandis qu’en démocratie, les médias dominants se sont évertués à imposer le point de vue des plus forts. Brahim Saci espère dans ses poésies un meilleur avenir aux hommes, il suggère même des pistes pour y arriver. Mais les poètes sont rarement écoutés.
En plus de cette crise sanitaire, Brahim Saci aborde d’autres sujets : l’amour qui se fane, le temps qui écrase le meilleur sur son passage, la beauté des lieux qui l’inspirent : la Kabylie, la Normandie, la Bretagne ou encore Paris. Ville Lumière, cette cité est le territoire des pérégrinations du poète, c’est ici qu’il tente de retrouver ses amours perdues. C’est ici que les vents de la mélancolie le rattrapent.
Mais les amours perdues sont difficiles à faire revivre. Paris est également ce carrefour impitoyable du malentendu. L’individualisme écrase dans les grandes cités l’humain, l’innocence des rêveurs, la poésie sincère des idéalistes. Chanteur kabyle exigeant et singulier, Brahim Saci est revenu à la poésie de langue française, son amour de jeunesse, il y a quelques années en publiant son premier livre, Fleurs aux épines, en 2016.
Puis il avait poursuivi ses créations poétiques avec La Chute, combler l’absence en 2017, Romances inassouvies en 2018 et J’ai trouvé l’amour à Paris en 2019. « Je peins avec ma plume sans pinceaux, l’éclaircie se cache souvent derrière les mots, les couleurs sombres conviennent mieux aux tableaux, mais l’œil du cœur voit partout le beau », écrit Brahim Saci qui sait dire la folie du monde, les prisons de l’exil, la trahison, les impasses et l’espoir.
« Soyez dans l’humilité et la compassion, ne regardez pas ceux qu’égarent les passions, tout passe, nous passons, ouvrez vos yeux vaste est l’horizon », conseille Brahim Saci. Tout un vaste programme !
Youcef Zirem
*Les Vents du Nord, éditions du Net, 2020
Auteur
Youcef Zirem
Le journal Le Matin d'Algérie
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Brahim Saci
«La poésie permet à l’homme de ne jamais perdre espoir»
Avec ce quatrième livre, «J’ai trouvé l’amour à Paris», publié aux Editions du Net, Brahim Saci continue son voyage avec les mots. Chemin faisant, il transmet un certain bonheur à ses lecteurs. Il nous en parle ici.
L’Expression : Cela fait maintenant des années que vous écrivez, l’inspiration ne vous quitte pas, comment est-ce que vous faites pour ne pas perdre cette flamme poétique ?
Brahim Saci : C’est vrai, cela fait, déjà, quelques années depuis que j’écris de la poésie.
Pourtant je m’étais un peu éloigné de la poésie de langue française durant une bonne période : je faisais alors mes albums de chansons kabyles dont j’écrivais intégralement les textes. Puis, presque inconsciemment, je suis revenu à la poésie de langue française que j’avais essayée quand j’étais adolescent. Je me suis bien senti avec ces retrouvailles et cela continue, pour mon plus grand plaisir. Oui, l’inspiration est toujours là, elle m’accompagne chaque jour ; je ne fais, pour l’instant, aucun effort pour qu’elle soit là. La vie nous mène parfois vers des sentiers insoupçonnés, elle nous transfigure avec ses mystères. La poésie est, peut-être, une tentative de percer ces mystères. On n’y arrive pas toujours, mais on essaie. Comme disait Jacques Brel : mon idéal c’est d’essayer. Cette flamme poétique est un cadeau de l’existence, elle me fait partager cette harmonie qu’il y a dans tout le cosmos. Mais écrire vient après de longues années de lecture des poètes du monde entier. On ne peut pas vraiment écrire si auparavant on n’a pas lu énormément. Lire est une quête interminable, une quête qui nous grandit, toujours. Les grands poètes de la langue française Baudelaire, Rimbaud, Hugo ou encore René Char ont guidé mes pas dans le territoire magique de la poésie.
Ce titre J’ai trouvé l’amour à Paris est réussi et bien joli, comment est-ce que vous l’avez trouvé ?
Oui, ce titre plaît beaucoup ; les lecteurs me posent souvent la question. En fait, c’est l’un des personnages de ce recueil qui dit, à un moment de sa vie : j’ai trouvé l’amour à Paris. Cette ville est réputée pour être la ville de l’amour, cela tombe bien. Paris a abrité bien de romances depuis de longues années. Paris fait rêver des millions de personnes à travers les quatre coins du monde. J’ai la chance de vivre dans cette belle et magnifique ville depuis l’âge de 10 ans. Cette ville m’a formé, elle m’a appris à respecter les autres, à les aimer. C’est dans cette ville que j’ai fait des portraits de touristes, j’ai chanté, j’ai rencontré des personnalités, j’ai rêvé. Et c’est là que je continue mes écritures. La poésie est un trésor que je trimbale ici et là. La poésie me permet de supporter les difficultés de la vie, elle me permet de comprendre que nous sommes tous des passagers dans cette vie que personne ne maîtrise. La poésie me permet également de raconter mes déceptions, mes angoisses et mes espérances. Les mots sont comme des amis sûrs ; ils ne me laissent jamais tomber.
Il y a dans ce quatrième livre, beaucoup de spiritualité, est-ce que c’est cela qui vous aide à continuer votre chemin ?
Oui, comme dans les précédents livres, peut-être un peu plus dans celui-là, la spiritualité est présente. Elle est le fil conducteur de ce livre car sans spiritualité, la vie est bien fade. Dans cette époque de matérialisme exacerbé, oublier la spiritualité peut s’avérer une erreur. La spiritualité dans la poésie est un beau mariage ; la poésie est ce lieu indiqué pour toutes les vraies questions. La poésie est un beau carrefour qui permet à l’homme d’apprécier sa vie et de ne jamais perdre espoir. Mais il y a également d’autres thématiques dans ce nouveau livre : l’amour perdu, le temps qui s’en va, mes escapades en Normandie, en Kabylie, le combat pour la démocratie en Algérie.
Justement, vous, qui depuis des années, parlez de la démocratisation de l’Algérie, est-ce que cette fois, le pays va se porter mieux avec la révolution en cours ?
Je l’espère très fort. Oui, le peuple algérien est en train d’accomplir une belle révolution pacifique. Ce réveil sera bénéfique pour tout le monde. J’espère que les autorités vont accompagner cette contestation pacifique, comme il se doit. L’Algérie est un immense pays qui mérite la liberté, la démocratie, la justice sociale. Il est temps aussi de donner sa place à chaque citoyen. Il est temps de faire émerger de nouveaux visages, des femmes et des jeunes qui vont construire le pays dans un pluralisme fleuri et salvateur. Il est temps d’oublier les querelles inutiles pour se rassembler autour de ces belles idées du progrès social. Il est temps de mettre fin à toutes les injustices. La démocratie va donner de la force au pays ; le peuple algérien va faire des miracles dans un système plus ouvert, plus juste, respectant les droits humains. Chaque citoyen va se sentir heureux de vivre dans un pays réconcilié avec lui-même.
Mercredi 28 août 2019
Le quotidien L'Expression
Nabil Belbey
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FLEURS AUX ÉPINES DE BRAHIM SACI
Les lumières qui remplissent la vie.
Amazon.fr - Fleurs aux épines - Saci, Brahim - Livres
Chantant et écrivant en kabyle et en français, universitaire, Brahim Saci nous donne à lire dans ce recueil une poésie qui nous fait du bien, qui apaise notre âme.
Ce sont des poèmes vivants et enivrants que vient de publier, aux éditions du Net, en France, le chanteur kabyle Brahim Saci. Dans ce recueil, qui fait voyager le lecteur au titre évocateur de Fleurs aux épines, l'enfant de Tifrit At Umalek va au fond de lui-même pour exprimer ses joies et ses peines. «Certains êtres ont fait de la folie un but, pourtant que la vie est belle! Certains abandonnent leur chien, leur chat, leur coeur, côtoyant des brutes, se précipitent vers les ténèbres, abandonnant le ciel», écrit Brahim Saci dans un émouvant poème intitulé Loin du ciel. Au fil des pages, on passe d'une expérience à une autre, d'une errance à l'autre, parfois c'est la lassitude, parfois ce sont des âmes obscurcies, parfois ce sont des esprits vils, parfois c'est le feu qui embrase le coeur, mais au bout ce sont également des lumières qui remplissent la vie de ceux qui savent être patients. Il y a beaucoup de sagesse dans ce somptueux recueil, Brahim Saci nous emporte avec lui dans ses belles pérégrinations poétiques; c'est le riche parcours d'un vrai artiste que nous découvrons.
«Vivez l'instant sans penser à demain, votre soleil peut ne pas se lever le matin, restez dans la lumière, (...) Même quand votre coeur est plein, occupez-vous de votre jardin, ne jugez jamais, ayez un bon caractère», soutient le poète qui a longtemps marché dans les rues de Paris, tout en pensant à son pays l'Algérie et à sa belle Kabylie où il est né. La nostalgie est là, le temps s'enfuit, l'amour s'effiloche, le coeur saigne, et pourtant il faut encore espérer, il faut encore croire à demain. «Ô celle pour qui je tremble et frisonne! A chaque souvenir ou évocation de son nom, mon coeur épuisé tombe comme une feuille d'automne, qu'on piétine à terre cette saison, (...) Les accidents de la vie passent, il est plus facile de les affronter à deux, l'amour recolle ce que la vie casse, si l'on n'a pas peur d'être heureux», écrit Brahim dans un poème intitulé Souvenir.
Le poète s'interroge sur le mal qui vient toujours abîmer le bien et la beauté du monde; il tente de trouver des réponses, il se fait, parfois, mystique. «Il y a tant de mystères, qui se cachent derrière l'apparence des choses, tant de vermines sur la terre, du sang sur les épines des roses, la laideur se voile d'une beauté éphémère, la vie elle-même est trompeuse, tant de démons se cachent derrière des prières, les ombres sont nombreuses, que peut la frêle lumière? Quand tant d'âmes sont ténébreuses, on veut faire de la terre un désert, ô fragile existence orageuse!» Tel est le cri sincère d'un homme qui a toujours aimé les mots. Face au destin, l'homme tente de trouver le chemin de l'harmonie; il veut être lui-même, il ambitionne d'être humain et utile aux autres. Mais les chemins sont parfois escarpés et inaccessibles.
Dans un poème intitulé L'Impasse, le poète écrit: «(...) Les démons rôdent, je le sais, guettant la frêle harmonie, piétinant tout ce qui est vrai, semant l'orage pour étouffer les cris. (...) Le destin se joue de nous, fier, il nous piétine quand on croit le tenir, il nous jette là où se raréfie l'air, sans amour, sans amis, pour nous affaiblir.» Chantant et écrivant en kabyle et en français, universitaire, ancien animateur de radio, ancien caricaturiste et portraitiste sur les belles et célèbres places parisiennes, Brahim Saci nous donne à lire dans ce recueil une poésie qui nous fait du bien, qui apaise notre âme.
Par Kamel LAKHDAR-CHAOUCHE - Le quotidien L'expression, Lundi 19 Décembre 2016
Fleurs aux épines, Editions du Net, 136 pages, octobre 2016
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BRAHIM SACI, UNIVERSITAIRE, CHANTEUR ET POÈTE, À L'EXPRESSION "La poésie m'aide à vivre"
6 Septembre 2016
«Le monde ne nous fera pas de cadeau»
«Le monde ne nous fera pas de cadeau»
Universitaire, chanteur, poète, Brahim Saci vit à Paris depuis de longues années. Auteur remarqué de nombreux albums de chaâbi, il est à l'écoute de ce qui se passe en Algérie. Dans sa tête, il y a de nombreux projets culturels; dans son coeur, il y a l'amour des autres. Dans un proche avenir, il compte publier deux recueils de poésie en langue française. Il nous raconte, ici, son impressionnant parcours et ses multiples quêtes culturelles.
L'Expression: Cela fait maintenant 40 ans depuis que vous êtes installé en France. Est-ce que vous avez senti le temps passer?
Brahim Saci: Le temps s'enfuit, la vie est courte, plus on avance en âge, plus on s'en rend compte...Et pourtant, je n'ai pas vraiment senti le temps passer tellement pris dans les affres de l'exil, dans mes multiples quêtes artistiques. Je suis arrivé à Paris tout jeune, à l'âge de dix ans, mon père m'a fait venir de mon village natal Tifrit Nat Umalek en Kabylie, je me souviens très bien de cette belle période faite d'apprentissages heureux, d'expériences nouvelles, de rêves également...Je me suis tout de suite mis dans le train de cette nouvelle vie, je me suis tout de suite acclimaté à cette nouvelle existence loin de mon village natal qui me manquait pourtant...La soif du savoir, la soif de découvrir ce nouveau pays et la soif de m'accaparer cette nouvelle culture m'ont permis de faire du chemin...Le collège, le lycée et puis l'université m'ont ainsi donné les bases pour affronter, dans de bonnes conditions, les difficultés de la vie...Entre-temps, j'ai découvert le dessin, la caricature et la chanson kabyle. Déjà les textes et les mélodies envoûtantes de Slimane Azem me captivaient; je me suis alors dit: il faut que j'écrive, il faut que je chante, j'avais des choses à dire...C'est ce que j'ai fait au début des années 1990, c'est ce que je fais encore aujourd'hui, bien des années plus tard, en langue kabyle et en langue française...
Vous êtes universitaire, homme de culture, chanteur et poète, vous vous exprimez en langue kabyle et en langue française, comment arrivez-vous à créer cette symbiose entre les deux cultures?
Je le fais naturellement, l'art est universel, la culture nous fait comprendre que nous sommes capables d'émotions, de sensibilité, de partage, d'amour et de tolérance, aux quatre coins du monde. J'ai eu la chance de ne pas avoir perdu la culture kabyle, cette belle culture de nos ancêtres. La culture française est venue s'incruster, avec bonheur, dans mon substrat kabyle. La lecture des grands poètes français, tels Baudelaire, Rimbaud et Verlaine m'a encore incité à chercher les poésies kabyles anciennes; je m'amusais alors à les comparer à la poésie française. Et c'est ainsi que j'ai découvert que la poésie kabyle est merveilleuse; c'est ainsi que j'ai su que la poésie kabyle avait sa place dans le concert des nations, dans le panthéon universel de la création.
Qu'en est-il de vos thématiques et de vos sources d'inspiration?
Mes sources d'inspiration sont plurielles: l'exil, souvent amer et interminable, l'amour dans toutes ses facettes, la spiritualité, le temps qui s'enfuit, l'incompréhension et le malentendu, le rêve d'un meilleur sort pour notre pays, cette Algérie qui trouve du mal à se démocratiser, forment mes thématiques essentielles. Avec le temps, certaines sont plus présentes que d'autres, avec le temps, on tente d'aller vers l'essentiel, même si ce n'est pas toujours évident...
Pensez-vous publier vos recueils dont vous avez déjà partagé certains passages avec les internautes?
Cela fait de longues années depuis que j'écris de la poésie en français et en kabyle. Les passages que je partage avec les internautes ne forment qu'une partie de mes créations. En langue kabyle, j'ai une multitude de poésies: une partie sera utilisée dans mes prochains albums. En langue française, j'ai déjà deux recueils de poésie qui sortiront prochainement. Les coups durs de la vie nous incitent à écrire encore plus, surtout quand on comprend que nous ne sommes, ici bas, que des passagers...La poésie m'aide à vivre, elle m'a toujours aidé à aller de l'avant, à dépasser toutes ces mauvaises choses que les hommes n'arrêtent pas d'inventer au gré de leur bêtise, de leur ambition démesurée, de leur innommable arrogance...
Vous avez connu une grande partie des anciens chanteurs kabyles établis en France. Racontez-nous vos expériences, des anecdotes partagées, parlez-nous des exploits de cette génération, de l'héritage légué et de son devenir aujourd'hui?
Paris a de tout temps accueilli les artistes kabyles, c'est souvent ici que de merveilleuses oeuvres ont vu le jour. Oui, j'ai connu les anciens chanteurs, je les ai vus jouer, j'ai eu l'honneur de les approcher et de discuter avec eux. Je ne peux pas les citer tous, je ne peux pas raconter toutes ces anecdotes, mais dans ma mémoire, ils ont tous une belle place. L'un des meilleurs est certainement Youcef Abjaoui, un immense artiste, un homme simple et généreux, toujours correct, toujours à l'écoute, toujours altruiste.
Youcef Abjaoui était un vrai créateur, ses chansons sont éternelles. Je l'ai rencontré plusieurs fois, j'ai eu de belles discussions avec lui, mais je n'ai jamais pris une photo avec lui, comme si dans ma tête, je croyais qu'il était éternel. Hélas il est parti...Je dois dire que Youcef Abjaoui a été marginalisé par les siens: on avait peur de sa maîtrise, on avait peur de paraître diminué devant ses capacités musicales...J'ai connu aussi Aït Meslayen, il m'avait impressionné par son talent, sa générosité; j'ai longtemps marché avec lui dans les rues de Paris, ce sont pour moi des souvenirs impérissables... Avec Lounès Matoub, j'ai souvent eu de fructueux échanges, il aimait bien ma compagnie, il m'encourageait, il avait toujours un sens de l'humour féroce et salvateur...Le jour où j'ai appris sa mort, j'ai cassé ma guitare; j'ai été pendant longtemps dans une tristesse profonde... J'ai connu également Cid Messaoudi, un immense artiste, il m'a beaucoup encouragé à aller de l'avant, à produire plus...Avec Si Tayeb Ali, un musicien de talent, j'ai beaucoup travaillé: encore aujourd'hui, nous faisons des choses ensemble, il a participé à tous mes albums, il connaît bien ma façon de travailler...Il faut dire cependant que les cafés kabyles de jadis étaient également des «centres culturels»: on y chantait tout le temps, on y rencontrait les uns et les autres...Mais l'un de mes plus grands regrets, c'est de ne pas avoir fréquenté Slimane Azem, ce grand artiste, cet éveilleur de consciences que personne n'a pu récupérer...J'étais jeune à sa mort, j'ai été inconsolable quand il avait quitté ce monde...Mais Slimane Azem est toujours vivant avec ses textes, avec ses mélodies typiquement kabyles, avec son éternel sourire...
Quel regard portez-vous sur la vie culturelle et artistique de la communauté algérienne établie en France?
La communauté algérienne en France est très ancienne, elle est également importante de par le nombre. En revanche, elle n'a pas le poids voulu dans la vie culturelle, dans la société française. C'est parce qu'elle est divisée, qu'elle n'arrive pas à s'imposer.
Les Algériens reproduisent souvent leur atavisme ailleurs, ils trouvent des difficultés à s'aimer, à se respecter, à construire des projets ensemble. Mais il ne faut pas généraliser car il y a toujours des femmes et des hommes qui savent aller à l'essentiel et oublier le superflu. Il y a donc toujours une activité culturelle et artistique qui voit le jour malgré les difficultés et l'espoir est toujours permis. C'est à nous tous de construire cet espoir en étant à l'écoute de l'autre, en l'aidant, en l'acceptant...
Dans un monde de mutations, transformations multiples et des nouvelles technologies, quel regard portez-vous sur l'Algérie d'aujourd'hui et son émigration?
L'Algérie est un grand pays qui peut faire mieux à tous les niveaux. Ceux qui se sont sacrifiés pour mettre fin au colonialisme français ont voulu un pays qui nous reste encore à construire. Il y a eu des réalisations en Algérie, mais il faut se rendre à l'évidence: il nous reste du chemin à faire. Il n'y a que la démocratisation véritable du pays qui peut apporter les solutions à nos problèmes.
L'émigration algérienne est à l'écoute de ce qui se passe dans le pays, elle veut des améliorations dans tous les domaines, elle veut une juste répartition des richesses du pays, elle veut une expression libre du citoyen, elle veut la justice sociale, elle veut être considérée comme un partenaire dans la construction nationale. Dans le monde d'aujourd'hui, les pays se font des concurrences terribles, il n'y a presque plus de place pour les plus faibles. L'Algérie a les moyens de devenir une vraie puissance mais la gestion du pays doit être revue.
La science, la culture, l'éducation, la modernité doivent trouver leur vraie place dans le pays. Sans cela, ce monde impitoyable ne nous fera pas de cadeau...
L'Algérie appartient à tous les Algériens, il ne faudra marginaliser personne, il faudra donner sa place et sa dignité à chaque citoyen...
L'EXPRESSION
Par Kamel LAKHDAR-CHAOUCHE - Dimanche 04 Septembre 2016
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"La Chute, combler l'absence" de Brahim Saci
Brahim Saci est auteur de poésie mais aussi chanteur.
Brahim Saci est auteur de poésie mais aussi chanteur.
Avec son deuxième recueil de poésie, Brahim Saci apporte un souffle créateur qui fait voyager.
Sur près de 230 pages, on ne se lasse pas de partir à la conquête d'une certaine plénitude qui s'échappe, qui se dérobe, qui s'avère, dans bien des cas, introuvable. Des rimes, des itinéraires, des lieux, des personnages, des amours perdues, de la sagesse à consolider. La poésie mène à tout ; elle est surtout salvatrice quand les temps deviennent assassins. Après cinq albums de chansons kabyles bien ciselées, Brahim Saci est allé au fond de lui-même pour offrir à ses lecteurs une somme poétique de haut vol, un recueil qui fera date. Dans cette chute que les événements imposent, Brahim Saci s'accroche à ses valeurs, à sa vison du monde, à cette harmonie parisienne que les jours tentent d'abîmer ; l'absence est là, elle est douloureuse, il faut donc la combler et seuls les mots peuvent oser structurer ce vide. La Normandie et ses charmes, le pays occitan et son soleil, la Kabylie et sa beauté magique, sont les territoires qui inspirent le poète : c'est ici qu'il vadrouillait, jadis, avec l'aimée qui a, désormais, choisi d'autres chemins.
Paru aux éditions du Net, "La Chute, combler l'absence" est un livre qui transmet la force de résister au malheur. Sans détours ennuyeux, sans tabous, le poète se dévoile, il apporte son désir de partager l'essentiel : il utilise la rime pour dépasser l'incertitude et le chaos que provoque la séparation. Sur les traces de Baudelaire, de Rimbaud, de Brel et de tant de créateurs inspirés, Brahim Saci emprunte les ruelles parisiennes, de nuit, ivre de mots et de mirages, pour faire taire son marasme. Mais ce n'est jamais une entreprise facile, la vie ne fait pas de cadeaux pour paraphraser le génial auteur de cette chanson, fresque du pays de l'enfance, le Plat pays. En parcourant, en lisant, en relisant les poèmes de Brahim Saci, beaucoup d'idées nous viennent à la tête, la poésie sert aussi à nous montrer les sentiers du bonheur, les sentiers de la lucidité, les sentiers qui réveillent notre spiritualité.
Au bout du périple, Renaître est le titre de ce poème qui exprime la possibilité des rivages de l'harmonie. Quand ils sont forts et bien choisis, les mots savent participer à notre renaissance, c'est cela le miracle de la poésie.
Youcef Zirem
La Chute, combler l'absence, de Brahim Saci, éditions du Net, septembre 2017.
Le 22 septembre 2017.
Le journal Le Matin d'Algérie
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Le Poète Brahim Saci à La Cité
La poésie pour «être meilleur que soi-même» !
Brahim Saci est né en Algérie, dans un village de Kabylie, Tifrit Naït Oumalek. Jusqu’à l’âge de 10 ans, il passa une enfance heureuse au village. Puis il partit rejoindre son père à Paris. Brahim Saci suit sa scolarité à l’école primaire Eugène Varlin, au collège Gustave Courbet à Pierrefitte, puis au lycée Paul Eluard à Saint-Denis. Déjà poète adolescent, s’inspirant de Baudelaire (1821-1867), de Rimbaud (1854-1891), de Nerval (1808-1855), Si Mohand U Mhand (1845 1906) et Slimane Azem (1918 - 1983), il remporta des prix aux concours de poésie organisés par le lycée Paul Eluard. Très tôt il a baigné dans les arts, bercé par les chants berbères que fredonnaient sa grand-mère et sa mère. Enfant fort doué en dessin, il devint des années plus tard, dessinateur-caricaturiste, métier qu’il pratiqua durant ses voyages en Allemagne, en Suisse, en Autriche. Et qu’il continue à pratiquer à Paris.
Après un Baccalauréat littéraire, philosophie, langues, il entame des études supérieures à l’université Paris VIII, à Saint-Denis.
Après une licence en langues étrangères appliquées, mention affaires, il se passionne pour la musique et approfondit l’écriture. Il devint alors auteur, compositeur, interprète d’expression franco-berbère de Kabylie. Animateur chroniqueur réalisateur dans des radios franco-maghrébines de 1992 à 2000, il produit son premier album en 1992, rendant hommage au légendaire Slimane Azem (1918 - 1983), père de la chanson kabyle auquel il porte une admiration sans bornes.
Le style musical de Brahim Saci pop chaabi kabyle (musique populaire berbère algérienne kabyle) et son timbre de voix nous rappellent Slimane Azem. Les thèmes dominants dans sa poésie sont le temps qui passe, la solitude intérieure du poète et les tourments de l’exil. Brahim Saci vit à Paris, où il continue ses compositions et sème dans les rues de la capitale qui l’inspirent des poèmes en kabyle et en français. Il a édité deux recueils de poésies.
Entretien.
La Cité : d’abord un mot sur Brahim Saci
Brahim Saci : « Difficile de répondre à une telle question ; il n’est pas facile de parler de soi ; disons que je suis un Algérien au parcours universitaire qui vit à Paris, qui croit à l’art, à l’humanité et aux valeurs ; je fais de la poésie et de la musique pour dire les mal¬heurs de l’exil, les incertitudes de la vie, ses chagrins et ses espoirs aussi. L’art est pour moi une raison d’être. »
Vous avez quitté l’Algérie à l’âge de 10 ans, quel souvenir gardez-vous encore de votre enfance en Kabylie ?
« Mon enfance en Kabylie a été heureuse ; ce fut une époque bénie où le rêve était encore possible malgré les difficultés du quotidien. Mon entourage, ma fa¬mille et tous les villageois sur les hauteurs de l’Akfadou me guidaient sur les chemins de la vie. C’était le temps de la solidarité et du partage ; le temps de la communion avec la nature et les êtres. »
Comment s’est faite votre Intégration en France ?
« Mon arrivée en France est déjà une coupure avec ma vie heureuse dans le village Tifrit Nait Oumalek en Kabylie ; c’est un déracinement douloureux, l’intégration s’est faite progressivement grâce à l’école, au collège, au lycée puis encore l’université. La fa¬mille de ma tante chez qui je suis resté quelques an¬nées, dans la banlieue parisienne, m’avait également été d’un secours certain. Les années passant j’ai dé¬couvert les chemins tortueux de l’exil, où l’étranger est toujours suspect, peinant à survivre sans arrêt sous les regards menaçants de la discrimination, du racisme. Nous vivons la discrimination au quotidien. »
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à écrire ?
« J’ai commencé à écrire en langue française il y a longtemps lorsque j’étais collégien, j’aimais la poésie française, elle m’avait permis de diminuer un peu les affres de l’exil : je suis arrivé à Paris à l’âge de 10 ans... J’avais quitté ma Kabylie, mes proches, le territoire de mon imaginaire, ce n’était pas facile pour moi..Puis à l’université, je me suis mis à écrire en langue kabyle, puis j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai produit mon album de chansons kabyles...Ce premier album sera suivi par quatre autres albums...Mon retour à la poésie en langue française, je le dois en partie à mon ami, l’écrivain Youcef Zirem, qui m’a encouragé à éditer mon premier recueil de poésie en 2016, Fleurs aux épines.
Ce premier recueil a eu une belle reconnaissance parisienne ce qui m’a poussé à continuer, d’où la sortie de mon second recueil, La Chute, combler l’absence. J’ai ressenti le besoin de m’exprimer, de dire tant de choses : à partir d’un certain âge, on a envie de partager certaines expériences, on a envie de transmettre quelques valeurs essentielles. »
Que signifie la poésie pour vous ?
« La poésie c’est le charme de la vie, c’est l’harmonie du monde retrouvée, c’est cette belle musique cachée en nous qui nous aide à être meilleurs que nous-mêmes. La poésie, ce sont des mots, des rimes, des créations porteuses d’une certaine magie mais c’est aussi le désir de saisir l’insaisissable. La poésie est une démarche, c’est une façon d’être, c’est un outil pour sentir la chance d’être en vie, c’est un regard, des pensées, de la sagesse. La poésie c’est certainement l’essentiel d’une existence humaine souvent contrariée par de multiples soucis. La poésie c’est une tentative pour être dans le dialogue du monde avec l’être humain. »
Quels sont les thèmes dominants dans votre poésie ?
« Dans ma poésie, j’interroge la vie ; je raconte l’exil, l’amour, l’amitié, le temps qui passe ; j’essaie de laisser mon empreinte à travers les mots que mes dé¬boires parisiens me poussent à écrire. Paris est aussi une ville de culture ; chaque coin de rue de cette cité de lumière peut être une occasion à une rencontre intéressante qui annonce tout de suite un poème.
Votre premier recueil de poésie est Intitulé Fleurs aux épines, qu’évoque- t-il au juste ?
« Mon premier recueil de poésie, Fleurs aux épines, évoque la fin d’un amour ; il est question de moments vécus dans plusieurs endroits, il est parsemé de nostalgie, de haltes de bonheur, de souvenirs, de rythmes d’existence saisis au temps qui s’en va, qui détruit tant de choses avec son passage.
Mais il contient aussi des interrogations sur le sens de la vie, sur le sens de certaines valeurs, souvent travesties, ici et là. A vrai dire, différentes quêtes se rejoignent dans ce recueil pour tenter certaines explications, pour apporter des réponses à certaines énigmes. A bien des égards, ce recueil restitue un pan entier de mes lectures passées, un pan entier de mon parcours, de mes espoirs, de mes luttes, de mon désir de transmettre une vision humaniste du monde. »
Et si on vous demandait de présenter à nos lecteurs votre deuxième recueil, La Chute, combler l'absence ?
« Dans le deuxième recueil, la Chute, combler l’absence, qui vient de sortir aux éditions du Net, à Paris, j’approfondis encore plus les investigations du premier recueil.
La Chute, combler l’absence est plus volumineux (près de 230 pages), c’est un recueil où il y a plus de philosophie de la vie, où j’essaie de communiquer ma passion des mots en racontant avec des vers différentes pérégrinations entreprises soit à Paris, soit en Normandie, soit en Occitanie ou encore en Kabylie. Ainsi il y a des virées en Kabylie où la beauté des sites est mise en valeur sans oublier une certaine amertume quand les valeurs de cette splendide région sont bafouées par des comportements indignes. Cependant, il est toujours possible de dépasser ces errances pour se retrouver et construire sur des bases solides, pour plus de démocratie, plus de justice sociale, plus de propreté, plus d’écoute, plus de solidarité, plus de générosité. Dans La Chute, combler l’absence, il est également question de soirées pari¬siennes où l'homme se cherche, cherche des remèdes à sa solitude, cherche une plénitude impossible à trouver. Parfois en écrivant certains poèmes de ce recueil, je pensais au parcours de Baudelaire dans cette même ville où lui aussi avait été l’objet de nombreux malentendus. En écrivant ces poésies, je pensais également à Jacques Brel, à sa force, à son courage, à ses désirs d’absolu. Dans La Chute, combler l’absence, il y a une tentative de synthétiser les moyens de dépasser les blessures, pour enfin renaître...
Partons un peu de vos projets...
« Je continue à écrire, je continue à composer des chansons, je continue à apprécier les belles choses de la vie au quotidien, je continue à lire des poésies, des romans, des essais...J’ai fait de nombreuses nouvelles chansons que je mettrai en album quand j’aurai un peu plus de temps, quand je sentirai que c’est le mo¬ment, quand les conditions idéales se présenteront... »
Un mot pour conclure
« J’ai une pensée pour la Kabylie, j’ai une pensée pour tous ceux qui souffrent en Kabylie, en Algérie, en Afrique du Nord : nous devons regarder vers les plus faibles, nous devons regarder comment les autres pays viennent en aide aux plus faibles. Il faut que nous sortions de nôtre égoïsme, il faut tenter d’apporter du bonheur et de la joie dans le cœur des mal¬heureux et des misérables. Et c’est toujours possible quand nous voulons le faire. J’ai également une pensée pour nos poètes, nos écrivains qui ne sont pas vraiment considérés, qui sont souvent marginalisés. Il faut arrêter d’encourager les mêmes personnes depuis de longues années, il faut cesser de marginaliser les vrais talents. »
Entretien réalisé par Hafit Zaouche
Le Journal La Cité, du 24 octobre 2017
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Saci Brahim - Artiste - Paris, France
01/02/2021 - 422548