Baya
D’origine Kabyle et de son vrai nom Fatma Haddad est née le 12 décembre 1931 à Fort-de-l’Eau (actuellement Bordj-el-Kifan) près d'Alger. Orpheline de ses deux parents, à 5 ans elle est recueillie par sa grand-mère qui travaille dans une ferme de colons.
En 1943, ses premières réalisations de remodelage et de dessins attirent l’attention de Marguerite Caminat-Benhoura amateur d’art, qui n’était autre que la sœur de la propriétaire du domaine qui la prend chez elle à Alger, met à sa disposition papier, crayons et gouaches.
Quelques années plus tard, l’inventivité de la jeune fille attire l’attention du sculpteur Jean Peyrissac qui la présente à Aimé Maeght qui tombe sous le charme.
Baya part en 1947 à l’âge de 16 ans pour Paris à l’occasion de l’exposition de ses aquarelles au sein de la galerie Maeght. Ses tableaux provoquent un véritable engouement dans le Tout-Paris qui s’émerveille pour sa nativité picturale. Séduit, André Breton rédige la préface du catalogue et conclut par ces mots « Baya dont la mission est de recharger de sens ces beaux mots nostalgiques : l’Arabie Heureuse. Baya, qui tient et ranime le rameau d’or ».
En février 1948, elle fait également la Une dans l’édition française du magasine «Vogue ». Elle reste quelques années en France et côtoie ainsi Braque et Picasso qu’elle rencontre en 1949 à Vallauris (Cote d’Azur) où elle réalise des sculptures en céramique à l’atelier Madoura.
En 1953 elle épouse comme seconde épouse un musicien « arabo-andalou » bien connu en Algérie El Hadj Mahfoud Mahieddine, d'une trentaine d'années plus âgé qu'elle et s’installe à Blida. Elle aura six enfants et n’a plus d’autre perspective qu’une existence de femme au foyer.
Après une interruption de plus de dix ans, elle reprend le chemin de son atelier grace aux encouragements de Jean de Monsonseul, Directeur du musée des Beaux-Arts d’Alger.
L’Algérie nouvellement indépendante lui consacre une rétrospective. A la mort de son mari, sa frénésie de création n’a plus de frein. Elle exposa ses œuvres en 1963 au Musée National des Beaux-Arts à Alger et participa l’année suivante à l’exposition des peintres algériens au Musée des Arts Décoratifs à Paris.
En 1966, ses œuvres sont présentées à Alger (préface de Jean Maisonseul et Jean Sénac), ainsi que dans d'autres villes d'Algérie (Tizi-Ouzou en 1977, Annaba en 1978), en France (au Musée Cantini de Marseille en 1982, à Paris en 1984 et 1991). Elle participe à de nombreuses expositions collectives en Algérie, au Maghreb, en Europe, à Cuba et au Japon. Les thèmes de la peinture de Baya se retrouvent dans les textiles traditionnels, les tapis, les céramiques ; ce sont des poissons, des fruits, des papillons, des oiseaux, des fleurs, des instruments de musique… Il se dégage une constance dans la répétition de ces formes, qui sont sans cesse réinventées.
Baya meurt dans la nuit du dimanche à lundi 11 novembre 1998 à Blida suite à une longue maladie à l'âge de 68 ans.
Baya ou la fable du monde : c’est avec ce titre poétique que le Musée Réattu en Arles, présentait une rétrospective exceptionnelle de l’œuvre de l’artiste algérienne en 2003, avec une active participation de l’ADEIAO. L’exposition regroupait peintures et sculptures de Baya, depuis les années d’extrême jeunesse jusqu'à sa disparitiont en passant par les magnifiques gouaches de la maturité. Lucette Albaret, présidente de l’ADEIAO, avait, à cette occasion, donné une conférence intitulée Baya, au-delà du mythe : la femme et l’artiste. Elle évoquait Baya, peintre autodidacte, douée d’une grande créativité et d’un sens inné des couleurs.
G. Aziz - Oran, Algérie
25/08/2011 - 18472