Un quartier historique qui a fait la gloire d’une ville « Les sept fautes sociales de l’humanité sont la politique sans principes, la richesse sans travail, le plaisir sans conscience, la connaissance sans volonté, les affaires sans morale, la science sans humanisme, et la religion sans sacrifice. » Gandhi
Le quartier historique de la ville de Beni saf avait été baptisé de quatre sobriquets. Chacun de ces pseudonymes porte en lui une histoire qui est issue du terroir Beni safien .La consécration est la suivante :
*1- « Darb El Aabid » 🙁 rue des esclaves), les colons l’appelait « quartier des négres », la nuance est minime, mais en réalité, il y avait une population importante de couleur noire parait- t- il venue du Soudan et dont le nom Soudani( figure symbolique) faisait allusion au pays cité , ils étaient bien dans le quartier .
*2-« E-Zenzella » 🙁 tremblement de terre) ; l’existence de tunnels aux environs édifiés dans le cadre du passage de train servant à transporter uniquement le minerai de fer. Le passage du train faisait vibrer les parages du quartier par de petites secousses qui se ressentent à un tremblement de terre de faible intensité.
*3-« EL- Fillage Cartonne » 🙁 village Carteau) il est signifié comme un village et non comme un quartier dont le nom « carteau » doit être une probable personnalité française de surcroit coloniale.
*4-« Le Quartier Chinois » : le taux de fécondité des familles habitant ce quartier était considérable d’où le terme chinois pour insinuer l’importance de la forte densité humaine.
Ce quartier aux quatre noms, il est hier et aujourd’hui oublié, délaissé, négligé et même soustrait de la commune de Beni-saf peut être même du terroir de la culture quotidienne de Beni-saf. C’est toute une rupture consommée entre ce patrimoine historique d’une part, la société civile et l’état qui fait que l’absence criarde de l’état, pour au moins penser à la sauvegarde de ce patrimoine qui a assisté à une histoire locale et même nationale.
Dans les années 1970, ce quartier a été baptisé officiellement par l’état algérien « Bentalha Driss », sans écriteau indicatif, actuellement c’est rare qu’un Beni safien reconnait ce nom su-cité ?
Ce quartier composé d’une vingtaine de bercails, ressemblant à des fermettes à « toiture en tuile rouge », ce « Fillage »(quartier) fixé sur le flanc de la montagne, fait la jonction entre le plan- II- un autre grand quartier populaire . Ce dernier avait bénéficié au temps de la colonie du plan de Constantine du 03octobre 1958 et la ville proprement dite ; qui représente le centre ville même de la ville de Beni-saf.
Ce petit quartier à appellations diverses ; de la ville de Benisaf, en géographie urbaine, il se caractérise de façon général de part sa contenance et son originalité qui lui est singulière, car elle le discerne de son environnement. La physionomie de ce quartier fait ressortir différentes types de particularités :
-*de part sa situation : un genre de bourgade accrochée sur le flanc de la montagne, sur son coté gauche, une superbe pinède de sapins marins genre « cyprès touffus » qui commence à calancher. Par-dessus le quartier, un sentier de rail ou jadis passé un train tirant des
wagonnets pleins de minerai de fer, il transportait le minerai de
fer vers son lieu le port et sa destination l’étranger. Le quartier culmine l’ex. Compagnie « Mokta El Hadid », puis vient Sonarem en suite Ferphos à ce jour et fait front au centre de la ville.
*. De part de son bâti non urbanisable, le quartier ressemble à une cité-dortoir ; point de commerces, point de lieux ou place de détente, ni espaces de rencontres, de petites ruelles de passage non carrossables ; il faut dire qu’à un jet de pierre se trouve le plus beau et merveilleux jardin public aujourd’hui, ce jardin ne peut être qualifié aujourd’hui d’espace vert sinon de dépotoirs. Ce jardin devenu vestige est mitoyen au marché hebdomadaire qui fonctionne informellement au quotidien.
*de part son accointance, ce quartier fait un trait d’union entre le centre ville et le plan-II- mais aucune activité commerciale, culturelle ou autre n’existe tout se faisait dans la clandestinité. Ce n’était pas un quartier mort mais un grenier de révolutionnaires rebelles et vivants face à la colonisation.
* de part son image d’hier et d’aujourd’hui, la différence se cristallise en ce nouveau vestige, ou le malheur s’est abattu sur lui, car pas un centime du budget communal n’a été investi dans ce haut lieu historique pour ne pas dire quartier. L’ingratitude des responsables locaux n’a point de limite… Il faut dire et le répéter plus fort que ce quartier à enfanter des personnalités qui ont fait l’histoire de Beni-saf, mais aussi l’histoire de l’Algérie .Ce quartier mérite par conséquent, une considération à la hauteur de la ville, mais aussi du pays.
*SOUDANI l’international joueur de basketball qui a fait sortir Beni saf de son anonymat mériterait au moins que son lieu de naissance et son quartier soit un endroit, un lieu d’attention, de méditation et de recueillement et pourquoi pas un musé sportif. Pour tout touriste, visiteur qui transite par Beni saf, ils sauront que SOUDANI ; une figure Beni safienne, était une grande star internationale qui su par son art et son savoir-faire fait venir de loin les basketteurs Américains, Chinois et Russes. Ces touristes ou visiteurs connaitront certainement par les parages l’histoire de ce grand quartier
(symbole) de la ville. Les ressources diverses alimenteront la collectivité locale via une économie issue de cette richesse mais….
*De ce quartier ont émergé également beaucoup de moudjahidines, comme les prestigieux chouhadas tels :Benallal Si El Missoun – Sidi Yacoub Moulay, Kadour et sa femme disparus à ce jour, les frères « Carlo » ( Sidi Yacoub Mohamed qui a été exhibé mort devant la place de Sidi
Boucif- Sidi Yacoub Mohamed, Ouled El Fatmi …. Et des moudjahidines qui viennent de quitter la vie juste après l’indépendance tel : les Brahim Kada Benkhaled, Zenasni Kouider dit « Tarzan », Aicha Ben Zouaoui qui avait rejoint son mari, qui faisait parti du groupe de Soudi Boucif mort enseveli dans la grotte de Sidi Yacoub( Oulhaca) , …..Et bien d’autres, n’oubliant pas que beaucoup de femmes faisaient partie de ce lot. Chaque moudjahid que je viens de citer possédait en lui une bibliothèque historique sur les événements qui se sont produit dans la région. Malheureusement nous les avons oubliés et ils nous en quittés.
Ce quartier rebelle était un réservoir riche et digne de moudjahidines de l’ALN, du FLN et de l’OCFLN. La première cellule FLN, ALN et l’OCFLN était issue de ce même quartier. Le quartier subissait quotidiennement durant la période de guerre, le calvaire des visites musclées et carabinées de l’armée française par des ratissages ou les légionnaires que nous appelions nous petits( 4ans), à l’époque « Lalijou », les tirailleurs sénégalais « Saliganes », les blousons noirs qui mettaient des bombes un peut partout ( OAS)… Les opérations de ratissage et de contrôle pendant le temps des colonies se faisaient régulièrement et spécialement dans ce quartier à la recherche des moudjahidines. Aujourd’hui, les anciennes maisons
(patrimoine) sont presque toutes détruites, aucune mesure à la hauteur de ce que quartier qui a tant enduré, n’a été avancée. L’absence de l’état, de la société civile, de l’organisation des anciens moudjahidines et des enfants de chouhada est une insulte à ce patrimoine historique et à tous ceux qui ont fait cette belle et douloureuse histoire.
Ce quartier historique est bien menacé, de même que la mémoire collective de la révolution qui est en train de s’effacer en face de la matière que la rente nous a déshonorées, avilies et diffamées… BENALLAL Mohamed- Fils de Chahid de ce même quartier- *certains chahids et chouhadyates ; moudjahids et moudjahidates n’ont pas été cités dans ce bref récit je m’en excuse, les lecteurs du voisinage géographique les reconnaitrons certainement.
Posté Le : 22/05/2018
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Photo : Hichem BEKHTI, Texte : BENALLAL Mohamed
Source : lequotidienalgerie.org