Ain Témouchent - Gestion, récupération et recyclage des déchets

Sidi Boumediene (Aïn Témouchent) - PORTRAIT D’UN JEUNE INVESTISSEUR: Hachimi Hachemi la passion du recyclage



Sidi Boumediene (Aïn Témouchent) - PORTRAIT D’UN JEUNE INVESTISSEUR: Hachimi Hachemi la passion du recyclage


Le recyclage des matières plastiques demeure l’un des créneaux où la wilaya d’Aïn Témouchent accuse un déficit criant malgré son importance et ses effets positifs, autant sur le plan écologique qu’économique. Face à cette situation et eu égard aux nombreux avantages et retombées que peut procurer l’investissement dans ce créneau, un jeune informaticien a tenté l’aventure, non sans quelques embûches.

. Portrait.

Informaticien âgé de 36 ans, Hachimi Hachemi de Sidi Boumediene, une commune à vocation agricole rattachée à la daïra d’Aïn El-Arba dans la wilaya d’Aïn Témouchent, ne pensait pas un jour en faire une vocation. Mais la passion transcende toutes les difficultés et conduit sur des chemins improbables. C’est ainsi qu’il décide de tenter l’aventure en créant sa propre microentreprise de récupération des matières non métalliques recyclables (plastique), persuadé qu’il s’agit là d’une véritable mine d’or dormante.

Père de deux enfants, Hachimi Hachemi nous a accueillis dans l’un de ses trois entrepôts — un bien communal qu’il loue à 650.000 DA/an — avant de nous raconter toutes les péripéties de son aventure tentée dans un domaine qui lui est étranger, poussé seulement par sa passion d’intégrer le monde des “déchets”, mais aussi par l’amour qu’il porte à la nature et à l’environnement.

Avant de se lancer en mai 2019 dans cette activité, Hachemi a suivi quelques stages de formation de recyclage pour être au diapason des techniques à employer pour son nouveau projet.

“J’étais sûr que mon idée allait réussir dans la mesure où ce créneau demeure encore à l’état vierge et que la récupération des matières plastiques génère des revenus assez importants créés du néant à partir des décharges sauvages avec la création d’une plus-value, de postes d’emploi en plus de la préservation de l’environnement. Pour un début, je me suis contenté des matières en plastique”, nous confie Hachemi.

Sollicitée pour un financement de son projet, l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (Anade) de la wilaya d’Aïn Témouchent n’a pas hésité à lui accorder un crédit de 2 millions de dinars. Conjugué au prêt bancaire estimé à 6,33 millions de dinars et à son apport personnel représentant 1% du coût du projet, il a réalisé un montage financier de 8,70 millions de dinars.

“L’Anade accompagne et soutient sans limite les jeunes investisseurs qui se lancent dans ce genre d’activité à travers de nombreux avantages encourageants”, explique l’agence par la voix de Senouci Sid Ahmed, chargé de la communication.

La réutilisation des résidus du plastique dans sa diversité demeure un domaine pratiquement vierge. Il représente un intérêt environnemental et économique certain. Créneau lucratif, il peut être une source de création de richesse à même de pouvoir participer à réduire la facture d’importation à travers l’instauration d’une économie circulaire.

“J’ai axé mon activité sur ma commune qui est à vocation agricole pour lui assurer une plus-value en louant un hangar tout près du village faute d’un terrain pouvant accueillir ce projet. J’ai acquis le matériel qui se compose de trois machines, d’une laveuse-sécheuse, d’un broyeur et d’une machine pour granulation. Au début, en mai 2019, je me suis limité à la récupération et au recyclage des bouteilles en plastique (PET) de toutes les communes limitrophes avec un prix symbolique de 20 DA/kg accordé aux collecteurs”, explique Hachimi Hachemi.

- Déboires

Mais son rêve ne s’est pas réalisé sans déboires. Il fallait d’abord ramener un câble électrique pour faire fonctionner les machines qui nécessitent une grande puissance. Or, la longue distance qui sépare le point d’alimentation du hangar a réduit la charge électrique. Ce qui n’a pas permis aux machines de démarrer. Il fallait donc opter pour un autre endroit. Le choix s’est porté sur un hangar d’une superficie de 1.000 m2 qui servait de parc communal, et ce, à défaut d’un terrain situé dans une zone industrielle ou une zone d’activité.

Une fois installé, un autre problème surgit: le voisinage ne supportait pas les nuisances sonores provoquées par les machines. Ce qui l’obligea à transformer cet endroit en lieu de stockage de matières à recycler uniquement et à aller chercher un autre endroit avec tout ce que cela induit comme charges de loyer cumulées. Face à ces tracasseries, le jeune investisseur a failli mettre la clé sous le paillasson.

“En décembre 2019 et janvier 2020, alors que j’opérais en partenariat avec un Espagnol basé à Oran, puis avec d’autres entreprises de la wilaya de Tlemcen versées dans la fabrication de matelas et de sacs de couchage avec de la ouate et une entreprise chinoise à Bethioua dans la wilaya d’Oran versée dans la fabrication de rubans pour emballage de briques rouges, je fus rattrapé par la conjoncture sanitaire due à la Covid-19, alors que j’avais recruté huit ouvriers en plus de 15 autres collecteurs qui approvisionnaient chaque jour mon entreprise en matière plastique”, relate-t-il.

- Mode d’emploi

Mais qu’à cela ne tienne. Il ne se laisse pas décourager pour autant. Et ce n’est pas sans fierté qu’aujourd’hui, il explique le fonctionnement de son entreprise. Le jeune investisseur nous explique que la bouteille d’eau ou de boisson gazeuse en plastique PET (polyéthylène téréphtalate) achetée à raison de 23 DA/kg, une fois recyclée, broyée et granulée est envoyée vers les usines de fabrication de tissu, de couvre-lits, de couettes avec de la ouate, des vêtements, des rubans pour l’emballage des briques rouges et du polystyrène alors que les caisses en plastique appelées PEHD (polyéthylène haute densité), une fois broyées et granulées, sont utilisées pour produire des caisses en plastique hautement résistantes recyclées, des câbles et des tubes pour le transport de gaz et de l’eau.

“Nous l’achetons à raison de 35 DA/kg. Après transformation, broyé et granulé, il est revendu à 120 DA/kg mais au final notre bénéfice n’est que de 30 DA/kg. Il y a la valorisation des films alimentaires ou d’emballage et pour la fabrication de la cellophane, des sacs poubelle, les sachets car rien ne se perd, tout se transforme. Sincèrement, les gens commencent à changer de comportement vis-à-vis du tri sélectif. On les voit accumuler les bouteilles en plastique pour les vendre aux récupérateurs ambulants. C’est un réflexe positif qu’il faudra généraliser et valoriser à travers notre société sachant qu’à Aïn Témouchent la bouteille d’eau en plastique est introuvable, et ce, même au niveau du CET de Sidi Ben Adda elle est triée et récupérée à l’extérieur avant même d’être déversée dans le casier des ordures”, dit-il.

“À un moment donné, j’ai même pensé à me lancer dans l’exportation mais il faudra reconnaître que ce créneau n’est pas aussi facile qu’on le pense. Je me contente de travailler avec les sociétés de production de matelas, de couvre-lits et de couettes qui exportent vers la Tunisie, l’Espagne et les pays arabes. Sauf que pour le moment la seule préoccupation majeure demeure la disponibilité d’un terrain susceptible d’accueillir mon projet. Pourquoi ne pas m’octroyer un lot de terrain au niveau de la zone d’activité d’Aïn El-Arba par exemple et m’épargner des frais de loyer”, espère-t-il.

Un vœu qui peut être exaucé sous peu puisque Senouci Sid Ahmed chargé de communication de l’Anade de la wilaya tient à rassurer l’investisseur que son organisme ne ménagera aucun effort auprès des autorités de la wilaya pour qu’il puisse s’installer dans la zone d’activité d’Aïn El-Arba vu qu’il s’agit d’une entreprise performante. Même si au regard de quelques entraves, il est gagné par le dépit, Hachemi ne compte pas céder pour mener son projet à bon port avec pour ambition de se lancer dans l’exportation.

“Je résiste malgré toutes les embûches qui se dressent devant moi même si parfois il m’est arrivé de songer à jeter l’éponge.”




Photo: © Liberté

M. LARADJ


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