Le responsable de la commission santé reproche aux responsables du groupe Gica d’avoir tardé à procéder au remplacement du filtre à manche, faisant fi des revendications de la population.
Qualifiée de véritable catastrophe écologique et de danger pour la santé publique, la cimenterie de Béni Saf (wilaya de Aïn Témouchent) risque tout simplement de fermer, suite aux appels répétés des élus locaux et des défenseurs de l’environnement.
Il faut dire que la 2e session ordinaire de l’APW, qui s’est tenue lundi 2 et mardi 3 novembre, a été marquée par l’intervention de Dr Benallal Sid-Ahmed, président de la commission de la protection de l’environnement et de l’hygiène à l’APW, qui a dressé un véritable réquisitoire contre l’usine.
Le rapporteur n’a pas été tendre avec la direction générale du Gica (Groupe industriel des ciments d’Algérie) qui tarde à procéder au remplacement du filtre à manche, faisant fi des revendications de la population.
“Lors des précédentes sessions de l’APW, on n’avait pas cessé d’évoquer ce problème. Je rappelle qu’au niveau national, il existe 11 cimenteries, dont seule celle de Béni Saf continue de polluer l’environnement, contrairement à la cimenterie de Aïn El-Kebira (wilaya de Sétif) qui ressemble à un véritable espace vert”, a déclaré Dr Benallal, en déplorant le non-respect des dates fixées par la cimenterie pour l’installation du filtre.
“Savez-vous que le prix du filtre à manche est de 35 milliards de centimes, alors que les rentrées journalières de la cimenterie se situent entre 4 et 5 milliards, soit 100 à 120 milliards de rentrées mensuelles? Les responsables de la cimenterie ne cherchent que le rendement au détriment de la santé du citoyen en fixant la barre de production à un million de tonnes/an”, a-t-il martelé.
Il est utile de rappeler que lors de la dernière visite de la ministre de l’Environnement dans la wilaya de Aïn Témouchent, le PDG de Gica a promis aux représentants de la population de Béni Saf que le filtre à manche sera remplacé au plus vers le mois d’octobre 2020 avec l’arrêt de l’usine.
Or l’année 2020 tire à sa fin et point de remplacement du filtre. Ce qui n’a pas manqué d’exaspérer les élus de l’APW, dont la commission de la santé, de la protection de l’environnement et de l’hygiène.
Faisant dans l’ironie, le président de commission a déclaré: “Je viens d’apprendre qu’un autre délai, à savoir avril 2021, vient d’être fixé par les responsables de la cimenterie, mais on devra s’attendre à ce qu’ils nous disent que ce sera pour le mois de mai 2022, car quand le four de l’usine tombe en panne on met 48 heures pour le réparer.”
Face à cette catastrophe, l’intervenant s’est étalé en outre sur les conséquences sur le plan de la santé publique en avançant des chiffres qui donnent froid dans le dos.
“Savez-vous que la ville de Béni Saf et ses environs comptent environs 1.200 personnes asthmatiques, en dehors des maladies de l’allergie et du cancer des poumons, alors que la taxe de la pollution que versait la cimenterie au trésor communal ne dépassait guère 24 millions. Ce n’est qu’après l’intervention de l’APW que cette taxe a été revue à la hausse pour atteindre 200 millions de centimes, et c’est très insuffisant par rapport au coût des maladies prises en charge par l’État”, a asséné Dr Benallal, avant d’ajouter: “Un seul cas d’asthme coûte à l’État 120 millions centimes/an, un cas de cancer coûte à l’État entre 600 et 700 millions/an. C’est pourquoi nous proposons tout simplement au wali la fermeture pure et simple de l’usine, en tenant compte de l’aspect social et des intérêts des travailleurs sans toucher aux intérêts sociaux des travailleurs.”
Photo: © D. R.
M. LARADJ
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Posté Le : 11/11/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : M. LARADJ
Source : liberte-algerie.com du jeudi 5 novembre 2020