Le monument fut dégagé et fouillé par G. Vuillemot au début des années soixante. Avant cette date, il était enfoui sous un volumineux amas de bloc de pierres que les habitants de la région désignaient sous l’appellation de « Kerkoub El araïs » que l’on peut traduire par « le Dôme des mariées » (une tradition locale consistait à ce que les futures mariées fassent plusieurs fois le tour de l’amas de pierre pour s’assurer prospérité et pérennité de leur mariage).
La dénomination adoptée par Vuillemot est : le Mausolée Royal de Beni Rhénane selon le toponyme de la plus proche ferme située en contrebas (aujourd’hui le village de Beni-ghanem (Commune Emir Abdelkader).
DESCRIPTION
Le monument est composé de deux parties distinctes : une structure aérienne en pierre de taille et un souterrain (hypogée) :
1- la structure aérienne :
Le sol autour du Monument est recouvert d’un épais dallage sur lequel prend forme une série de gradins que surmonte un massif de maçonnerie à huit assises. Cette élévation (5 m) dessine un hexaèdre irrégulier avec alternance de faces concaves et planes. Selon Vuillemot, cette forme s’inscrit dans un triangle à côtés courbes et à pans coupés.
Les pierres et les éléments d’architecture qui gisent autour du monument permettent d’avoir une idée assez précise de la forme du mausolée avant sa démolition. Il s’agissait, selon F. Rakob (du Musée Rheinishes de Bonn), d’une imposante tour (17 m) coiffé à son sommet d’un édicule pyramidal. Des éléments de décoration empruntés à l’art grec
(Demi-colonne, chapiteaux, corniche et acrotères), ornaient les façades du monument.
2- La partie souterraine :
Le souterrain est une longue galerie (45 m) serpentant sous la limite externe du dallage selon le schéma suggéré par la structure aérienne (alternance de côtés courbes et droits). A l’origine, cette galerie était répartie en trois compartiments cloisonnés. On accédait à chaque compartiment, séparément, par l’intermédiaire d’un puits donnant sur une porte à herse. Aujourd’hui, il est permis de parcourir la galerie, d’une extrémité à l’autre, grâce aux ouvertures pratiquées dans les murs de cloisonnement par des pilleurs.
Des ossements et un maigre mobilier funéraire cassé, éparpillés dans les chambres et à l’extérieur du monument, sont des indicateurs de la destination sépulcrale du monument. La multiplicité des chambres (au nombre de 10) montre le caractère collectif du tombeau. C’est, vraisemblablement, une tombe dynastique des rois et aguellids Masaesyles qui régnèrent sur la région
Profanation : Selon le constat de G. Vuillemot, le monument a fait l’objet d’une destruction volontaire dés l’antiquité probablement lors de l’annexion de Siga au Royaume Maure de Bocchus II en 105 avant J.C.
Le Mausolée a subit une ultime profanation en 2004 ! Lorsque des individus, armées de pics, s’acharnèrent sur le dallage et les caveaux à la recherche d’une chambre secrète.
Leurs dégâts sont considérables car pouvant nuire à la stabilité du monument (un puits profond fut creusé à hauteur de la chambre principale. Des pierres du mur furent arrachées pour permettre le creusage d’une excavation horizontale vers l’intérieur du monument).
« Il n’en reste pas moins que le monument de Beni Rhénane occupe une place intermédiaire entre les monuments circulaires – qui semblent puiser leur inspiration dans les pyramides d’Egypte- et les monuments à étages qui peut-être par l’intermédiaire des tombeaux de Sicile comme celui de Thénon ou comme les tombeaux princiers du Moyen-Orient s’inscrivent dans la série des tombeaux imités de près ou de loin de celui d’Halicarnasse directement, ou à travers ceux des successeurs d’Alexandre ».
In : Fouille du Mausolée… CRAI-BL 1964 p95
Avec l’aimable concours de M. BELKEDDAR Zoheir
Posté Le : 24/05/2008
Posté par : hichem
Ecrit par : In : Fouille du Mausolée… CRAI-BL 1964 p95
Source : lepetitbenisafien.blog.fr