Ain Témouchent - A la une

Le livre, entre Salon et Foire !



Il n'y aura donc pas de Sila, cette année 2020. Voilà un repos forcé (cause : Covid-19) qui va faire mal aux budgets des éditeurs qui réaliseraient environ 50 à 60%, ou même plus, de leurs recettes annuelles. Et, une voie royale pour se débarrasser de tous les invendus encore en stock. Mais, ceux qui réalisent le plus de bénéfices, ce sont assurément les importateurs distributeurs qui écoulent des quantités imposantes d'invendus européens et arabes. Bref, une affaire commerciale qui, au fil du temps, il faut le reconnaître, est devenue un énorme business à l'allure internationale indéniable. Et, aussi, un point de rencontres, durant plusieurs jours, d'une foule estimée à plus d'un million et demi de personnes (femmes, enfants et vieillards y compris).Cela crée, dans la foulée, une ambiance à nulle autre pareille laquelle, en ces temps de vie quotidienne assez austère pour ne pas dire monacale, aujourd'hui plus qu'hier, apporte un vent de liberté de circulation et de choix en plus des «rencontres» agréables inévitables auteurs -lecteurs, éditeurs-auteurs, jeunes visiteurs-jeunes visiteuses. La Foire, quoi !
Il n'y aura donc pas de Sila cette année. Mais, à quelque chose malheur pourrait et devrait être (peut-être) bon! Une pause ' L'occasion de revoir, de fond en comble, un concept et une organisation qui n'ont que trop duré, avec ses succès et ses couacs, et dont on a commencé déjà à percevoir le souffle court. Certes, toujours du monde, mais moins de production nationale, moins d'achats, moins d'animation culturelle et encore moins de créativité littéraire. Quelques belles hirondelles n'ont jamais fait un beau printemps.
C'est, peut-être, une bonne occasion pour re-penser la chose qui est devenue, au fil du temps, une «Foire» bien plus qu'un «Salon» ; foire commerciale faisant la part belle au produit importé (les «restes à vendre» français et arabes). Un véritable hyper-marché du bouquin, les clients venant de très loin souvent- s'approvisionner en fourgons et fourgonnettes. La production nationale est encore si faible (quelques centaines de titres, chacun tiré à quelques petits milliers et vendus à quelques centaines d'exemplaires).
Peut-être serait-il temps de supprimer le tamis (‘El Gherbal') qui cache le soleil et organiser un vrai Salon national annuel pour les seuls éditeurs et auteurs, ce qui correspondra à une vraie rentrée littéraire et des Foires régionales du livre (4 ou 5) ouvertes aux libraires et distributeurs et aux auteurs. Ne plus attendre que les publics viennent au livre (pour l'instant cela n'a donné de résultats probants qu'une fois l'an et à peine pour deux semaines) mais amener le livre aux publics, jeunes et vieux, femmes et hommes, des villes et des campagnes, à l'école… Partout.
Une bonne occasion pour revoir, de fond en comble, la politique de lecture publique (avec ou sans tablette électronique), à partir de la famille (et de ses enfants) et de l'école. Pour les plus grands, ne pas se faire trop d'illusions : seulement une infime quantité de «mordus» de lecture et une grande quantité d'«illettrés» que les images de la télé et les pages sportives des quotidiens ont «déconnecté» du monde de la littérature. Encore faut-il que chacun d'entre-nous veuille et/ou accepte de se lire pour se découvrir : Yasmina Khadra disait que «sans lui (le livre), on est presque sans repère. Le livre n'est pas seulement un outil de réflexion, c'est surtout un miroir (Séance de vente-dédicace (c) Ain Témouchent, librairie El Ibrahimi, jeudi 27 décembre 2018).


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