Le village de Sidi Yacoub se trouve dans la commune de Oulhaça, à 8 km à l’ouest de l’embouchure de l’oued Tafna. Ses habitants, à peine 100 personnes, sont concentrés sur la pente d’une petite colline, non loin d’une falaise. Sidi Yacoub, c’est surtout sa mosquée.
Sidi Yacoub bnou el Hadj el Tlemçani l’a faite construire en 1338 pour y fonder une école coranique.
Sidi Yacoub bnou el Hadj el Tlemçani bnou Sidi Yacoub Chérif el Maghraoui (qui repose à Mazouna) bnou Mohamed bnou Ahmed bnou Abderrezak bnou Ali bnou Abdelkader bnou Ameur bnou Rahou bnou Mesbah bnou Salah bnou Said bnou Mohamed bnou Souliman (frère de moulay Idriss El Akbar) bnou Abdellah el-Kamil bnou el-hacen el-Mouthena bnou el Hacen el-Sibt bnou Fatima-Zahra, fille du prophète(que la salut d’Allah soit sur lui) est né à Tlemcen vers la fin du 13ième siècle sous le règne du prince Abdelwadide Abou Said Othman (1282-1303), plus tard dynastie zianide. Il fit ses premières études à Tlemcen, il eut comme premier maitre son père el-Hadj où il apprit le Coran à l’âge de huit ans. Puis il se consacra à l’étude des sciences islamiques de l’époque où il brilla en jurisprudence. Il partit vers la capitale des méridines, Fez, pour approndir ses connaissances.
Puis il retourna vers sa ville natale où il exerça la fonction de cadi. Et c’est vers la première moitié du 14ème siècle que sidi Yacoub descendit vers le littoral de Oulhaça, à l’ouest de l’embouchure de Tafna où il s’installa prés d’une plage caillouteuse qui aujourdhui porte son nom (plage de Sidi Yacoub). C’est sur le méplat d’une falaise que le wali méditait. Un jour, alors qu’il contemplait les flot, il vit un voilier espagnol en difficulté dans les eaux proche. Le navire s’immobilisa, un canot vint à terre demandèrent : «serais-tu marabout et aurais-tu jeté un sort contre nous ?» « Pas du tout, répondit Sidi Yacoub, je cherche seulement à me procurer du bois de construction. » « Aide-nous, lui dirent les marins, et nous t’en ramènerons à notre prochain voyage » « Pas la peine, quand vous serez en Espagne, mettez le bois en pile, liez-le puis jetez-le à la mer en disant : pour toi sidi Yacoub ! Et cela me parviendra ». les marins reprirent la route sans aucune difficulté. A leur retour en Espagne, ils firent comme sidi Yacoub leur avait recommandé. Quand les paquets de bois commencèrent à apparaître à l’horizon, des voisins de sidi Yacoub voulurent s’en accaparer. Ils crurent bon de crier et de faire des signes de burnous en direction du bois, pour le faire dériver de leur coté. Leurs tentatives seront inutiles. Le bois se dirigea lentement vers la baie de sidi Yacoub. Alors, agissant contre le vent et le courant, ils se mirent à harponner le bois pour le traîner vers eux mais ils échouèrent. Le chargement était devenu trop lourd. Sidi Yacoub reprocha aux indilicats leur mauvaise foi et envoya ses deux maitre-maçons Hammou et Boulifa qui, eux, manièrent aisément le bois et le montèrent au sommet de la falaise, lieu choisi pour la construction de la mosquée. Celle-ci fut achevée en 1338. sa forme est carrée, son style andalou et maghrébin avec une toiture à 3 rangées parallèles soutenues par des arcades en cintre brisé et de gros piliers. Le plafond est en arbalétrier et en bois sculpté, semblable à ce qu’on voit à Fez et à Tlemcen, datant de la période mérinide et zianide. La mosquée et le village sont à un bon kilomètre du rivage sur une pente de 500 m de dénivelé qui en masque la vue aux marins. Sidi Yacoub allait prier sur un méplat d’un ressaut avancé de la falaise. Il faisait ses ablutions rituelles avec l’eau d’une source douce jaillissant au milieu des eaux de la ler (la source existe toujours). Cet emplacement s’est avéré être un choix stratégique au plan militaire. Ce fut out le temp un point de surveillance idéal contre les incursions européennes, comme ce fut le cas en 1503 lorsque les citoyens de la région repoussèrent sans difficulté une incursion portugaise composée de sept brigantins (voiliers de pirates). Quand la construction de la mosquée fut achevée, sidi Yacoub donna le meilleur de lui-même à l’enseignement auquel il se voua. Ainsi tous les habitants des régions de Oulhaça, Bénikhaled et Médiouna venaient puiser à la source de son savoir et aussi assister au prêche du vendredi. C’était un jurisconsulte très versé dans le soufisme, un homme juste et très réspecté car il avait depuis longtemps renoncé aux biens de ce monde. Sidi Yacoub mourut en 1410 (on raporte qu’il aurait atteint les 127). Son fils sidi Ali, son petit-fils sidi Berramdane el-khalifa, un jurisconsulte, comme plus tard beaucoup d’autres, prirent tour à tour la succession. Beaucoup de dignitaires de renom sont passés par la mosquée de sidi Yacoub. Certains y ont meme fait des études coraniques tels l’émir Abdelkader, son bras droit el-Bouhmidi el-Oulhaçi ou encore el cheikh el-bouabdelli de Bethioua (Arzew). Ce dernier qualifiera les gens de la zaouïa, de grands récitants du Coran, pleins de bonté, et le village de sidi Yacoub, de terre d’accueil. Des oulémas et imams sont passés aussi par l’école coranique de la zaouïa de sidi Yacoub. Le maitre et jourisconsulte sidi Yacoub Missoum de la grande mosquée de Tlemcen, des années 193-1950, ainsi que d’autres grands imams de la région en ont fait partie. La zaouïa de sidi Yacoub a joué un rôle important pendant les luttes armées. Outre l’inscursion portugaise repoussée en 1503, en 1836 dans la bataille de sidi Yacoub, sous le commandement de l’émir Abdelkader lui-même et d’el-Bouhmidi, les forces coloiales françaises ont subi une humiliante défaite ou elles furent d’abord cernées puis scindées. Pendant la guerre le libération en 1957, la mosquée de sidi Yacoub, qui était une cachette pour les djounoud, a été la cible d’un bombardement par l’aviation et les blindés, faisant plusieurs chouhada. La famille sidi Yacoub en compte 13 à elle seule. Depuis, et grâce à la contribution des habitants de la région, la mosquée ou la zaouïa a été rénovée partiellement. Aujourdhui le village sidi Yacoub vit au rythme de la région et de la zaouia. L’ancienne école coranique fonctionne toujours. Elle reçoit quelques dizaines d’élèves venus du coin. L’an dernier, une association a vu le jour à sidi Yacoub, l’association de la zaouïa de sidi Yacoub. Celle-ci veut promouvoir le rôle culturel et religieux de la zaouïa. Elle vient d’entreprendre, près de la mosquée du village, les travaux d’une nouvelle école coranique avec, cette fois-ci, un régime d’internat. Depuis, les visiteurs reviennent peu à peu et la mosquée veut retrouver sa place dans la région. Cependant en 2005, les chemins qui mènent vers la falaise, lieu ou le saint méditait face à la mer, sont toujours étroits et perdus dans la broussaille.
Posté Le : 21/08/2017
Posté par : patrimoinealgerie
Photographié par : Hichem BEKHTI
Source : Texte : Livre de Said MOUAS (Ain Témouchent à la recontre du feu sacré)