M. Benallal Ahmed, président de la commission de la santé de l’APW, suggère la fermeture de la cimenterie de Béni Saf, en révélant des chiffres qui donnent froid dans le dos quant aux conséquences sur les populations environnantes.
Lors de la 4e session en plénière de l’année 2019 qui s’est tenue dimanche dernier, M. Benallal Ahmed, président de la commission de la santé de l’APW de Aïn Témouchent, a abordé le sujet du filtre à manche qui tarde à être installé au niveau de la cimenterie de Béni Saf, allant jusqu’à suggérer carrément la fermeture de l’usine. Pour étayer sa proposition, il a révélé des chiffres qui donnent froid dans le dos quant aux conséquences sur le plan de la santé publique dont souffraient les populations environnantes face à ce retard. Après avoir affirmé que la cimenterie de Béni Saf demeure l’unique usine au niveau national qui continue de dégager de la fumée poussiéreuse, M. Benallal a révélé à l’assistance que le nombre d’asthmatiques à Béni Saf et ses environs est passé de 850 cas en 2018 à 1.025 cas actuellement, 350 cas d’inflammation nasale recensés en 2018 contre 680 cas aujourd’hui, alors que 65 nouveaux cas de cancer des poumons sont apparus.
“C’est pourquoi je propose tout simplement, dans le cadre d’une décision politique, la fermeture pure et simple de la cimenterie et de préserver les droits des travailleurs pour sauver les vies humaines, car cela relève de la santé publique”, a-t-il suggéré, ajoutant que les riverains ne pouvaient supporter un contentieux qui perdure entre le groupe Gica (Groupe industriel des ciments d’Algérie) et le fournisseur, renvoyant aux calendes grecques l’installation du filtre.
En réponse à cette préoccupation, la wali a informé les élus que, lors d’une rencontre qui l’a regroupé la semaine écoulée avec le P-DG du groupe Gica à la suite d’un conflit qui a éclaté entre les travailleurs et leur employeur, l’occasion a été saisie pour aborder le sujet de l’installation du filtre qui s’éternise. On continue de mettre la pression sur le groupe Gica pour l’amener à trouver une solution avec le fournisseur, qui n’a pas respecté les clauses du cahier des charges quant aux normes du filtre.
Cependant, le chef de l’exécutif rejette toute idée de fermeture de l’usine, qui emploie des centaines de pères de famille. Il a demandé au délégué de la sécurité de lui transmette un écrit sur ce sujet pour inviter les responsables de la cimenterie à tenir une rencontre avec les élus de l’APW. Il est utile de rappeler qu’en juillet 2005 la SCIBS (Société des ciments de Béni Saf) filiale du groupe Gica réalise un partenariat et signe un contrat de management avec le groupe Pharaon, qui a expiré au mois de juillet 2019. La SCIBS dispose d’une chaîne de production d’une capacité contractuelle de 1 million de tonnes de ciment Portland par an.
D’importants investissements répondant aux exigences de fabrication ont été réalisés depuis l’entrée en production de la cimenterie. Ces investissements, réalisés dans le cadre de la protection de l’environnement et de la lutte contre la pollution, a touché 5 ateliers de l’usine avec la rénovation des filtres à manche de l’atelier concassage et la mise en place d’un nouveau filtre à manche au niveau de la jetée des transporteurs au cours du premier semestre 2017, pour un coût de 175.000 euros représentant la part étrangère et de 2.302.020,00 DA représentant la part locale, et bien d’autres installés et mis en service entre 2010 et 2011, en plus de la rénovation en 2010 de 9 filtres à manche destinés à l’atelier de stockage et extraction de clinker.
Le plus grand investissement prévu au niveau de la cimenterie de Béni Saf concerne le projet du changement des électrofiltres au niveau du broyeur cru et du four par des filtres à manche pour un montant de 1.856.740 euros d’équipements importés et de 54.077.658,65 DA dans le cadre d’un montage financier. C’est ce dossier qui a fait couler beaucoup d’encre et qui a fait agir les écologistes.
La direction de l’environnement de la wilaya, rappelons-le, a décidé de poursuivre en justice la cimenterie suite à l’émanation d’un gros volume de poussière qui a porté atteinte à l’environnement écologique et à la santé des citoyens.
“On a souffert avec Pharaon, car on a hérité d’un sérieux problème de ce fameux filtre, sachant que le contrat de gestion a expiré le 17 juillet 2019. Ce qui nous a obligés à l’attaquer en justice pour non-exécution des dispositions du conseil d’administration”, a expliqué M. El Hassan Smaïn, président du conseil d’administration de la SCIBS et chef de la division développement du groupe Gica, lors d’une visite effectuée en septembre 2019 dans la wilaya de Aïn Témouchent par l’ex-ministre de l’Environnement et des Énergies renouvelables.
Celui-ci a regretté la non-conformité des équipements expédiés par le fournisseur à l’origine du retard de l’installation du filtre.
“Sur les 12 filiales de Gica, la cimenterie de Béni Saf est la seule qui n’est pas dotée de ce filtre nouvelle génération”, a précisé M. El Hassan, qui s’est engagé à résoudre ce problème de filtre au cours du premier semestre 2020.
Photo: Cimenterie de Béni Saf, à Aïn Témouchent, l’unique usine au niveau national qui continue de dégager de la fumée poussiéreuse. © D.R
M. LARADJ
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 09/02/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : M. LARADJ
Source : liberte-algerie.com du jeudi 6 février 2020