Ain Témouchent - Beni Saf

Ain Temouchent : Beni Saf, une ville négligée par ses élites



Ain Temouchent : Beni Saf, une ville négligée par ses élites
Il y a le soleil, le ciel et la mer qui suscitent une atmosphère agréable, baignant au milieu d’un entourage naturel, artificiel et époustouflant, forçant l’esprit, la raison et le cœur de l’artiste pour féconder une culture estivale fascinante, semblable à la légende de ce sphinx qui renait de ses cendres.


Ain Temouchent : Beni Saf, une ville négligée par ses élites
et endroit magnétise bien des pèlerins accoutumés cherchant la fraicheur, le calme et le plaisir. Son histoire récente mais vaniteuse a contribué à son prestige et à sa renommée, qui a fait de la plage du puits une destination semblable à un pèlerinage d’été où chaque parole ,geste et comportement émeut le cœur et intrigue l’esprit .Elle est très prisée par les touristes de tout bord ,les excursionnistes ,les visiteurs , les vacanciers et les amateurs de la plage ;c’est un faubourg influant et dominant de la commune de Benisaf .Ce faubourg est merveilleux ,épatant, sensationnel et magique ,il a en lui-même tout ce qui est difficile à comprendre ,à expliquer et à connaitre, il incarne et personnifie par ses signes et par ses ornements bien distinctifs. La plage du puits était un quartier de recréation d’antan pour l’ex ville ouvrière( mine de fer) et maritime ( premier port de pêche) .De ce fameux et beau quartier attractif nommé : la Plage du Puits , vitrine constellée par excellence de la commune de Benisaf pour ceux qui savent donner un sens de salamalec .Ce quartier savait parler à tout ceux qui étaient sourds par le poids de la beauté de son paysage naturel et artificiel et en même temps savait écouter tout ceux qui étaient muets, par le poids des mots magiques , c’était son mystère qui se conjuguait à travers trois temps ; le temps de la nature ,le temps de l’esprit ,et le temps du cœur ? C’était une piste qu’il fallait farfouiller entre la prospérité matérielle, la félicité morale et la beauté naturelle, les affaires, le pouvoir et l’argent n’avait pas de place dans les actions de l’esprit et leurs réactions dans la raison. Le quartier de la Plage du puits était entouré et gardé en même temps par des tenanciers et vigiles qui se personnifiaient en saints , patrons et sages de l’ancienne ville de Benisaf (ils avaient le pouvoir- la sagesse et aussi le sens de la responsabilité) c’était des « El AwliyasEssalihinnes » de Beni saf en terme populaire on les nommait ainsi : El- Wali de Sidi Boucif ; El -Wali de Sidi-Brik et El- Wali de Sidi-Mohamed-Bel-Meddah, chacun d’eux hantait sa tanière sur le sommet de sa propre falaise du relief Benisafien . Sur un triangle défensif( trois falaises) dominant respectivement le port ,la ville et la plage du puits et au bas de chaque montagne( le dos de la montagne est une falaise qui se jette sur la mer) dépendante de chacun de ses saints ou « El Awliyas », coulait il y a belle lurette un Oued et dont juste l’échos de leurs sobriquets persiste aujourd’hui; il y avait l’ Oued nommé « Ahmed » situé au parage de Sidi Boucif, l’Oued baptisé« Benchellal » situé au voisinage de Sidi Brik et enfin l’Oued qualifié« Bel-Meddah » situé au niveau de la localité de Sidi Mohamed- Bel-Meddah ,et c’est au bas de ce quadrillage de montagnes que le quartier de la plage du puits subsiste dans son alcôve.

Une ville répudiée par ses habitants
Aujourd’hui, la commune de Benisaf est répudiée, elle est négligée par ses habitants ou plus exactement par ses élites, par ses sages, par ses notables, elle est délaissée à… .La commune de Benisaf est composée de segments bien distincts et le plus important , celui qui fait la tonalité de la ville est bien la plage du puits ,l’unique bijoux restant dans l’écrin de la ville ,la plage du puits mérite une narration plus raffinée parce que cet endroit est connue par des gens ,des personnalités physiques et morales …des quatre coins du pays et même au delà de nos frontières .Historiquement ce qui est passé au quartier de la plage a fui ,et il est inutile de s’étaler sur cela, ce que nous espérons aujourd’hui est vraiment absent mais le présent est à nous, dans son insignifiance ,nous le vivons , nous le disons et nous le confessons à qui de droit, pour que la Plage devenue fragile et putrescible recommence à vivre la joie, le bonheur et le plaisir au milieu d’un environnement qui chasse la saleté et la violence de l’esprit avant même celui du sol ,et ses habitants refusent de se recroqueviller dans sa platitude pour dire que le quartier existe toujours mais ne vit pas Monsieur comme disait Brel , on ne peut pas corriger le passé, mais on peut corriger le présent pour vivre mieux le futur.

Trois zones, trois styles de vie
Le quartier en lui-même, est un joli endroit enguirlandé d’une très belle plage ,richesse naturelle épatante et éternelle pour ceux qui savent faire de son usage un art ,une culture ,une joie ,une détente ,une valeur, un asile ou esprit et raison deviennent un ferment d’énergie humaine, par la force et la considération des beaux mots et le choc et l’émotion des paysages. Une mer bleue délicieuse dont ses vagues grandes ou petites selon le gré de la météo, se jettent continuellement sur le rivage constitué d’un sable doré , s’étalant sur une bande busquée large d’une dizaine de mètres, sa couleur est dorée .Cette bande de sable est ancrée entre la mer qui la caresse par ses vagues et de jolis cabanons et villas exotiques dont quelques unes ont été par mérite baptisées de par leur beauté architecturale :il y a la villa « d’azur »,la villa du « rêve bleu »etc qui existent à ce jour … Ces habitations( cabanons, villas, chalets…) bien alignées ,composent une longue voie bien aménagée ,pour enfin de compte constituer une belle et charmante avenue bordée de palmiers, servant de boulevards ( promenades) surtout pour les estivants et visiteurs .Au milieu du territoire du quartier ; des aires de jeux qui font le bonheur des jeunes et moins jeunes.
Une seconde zone d’ habitations bien récente dont l’ architecture n’est pas du tout conforme avec le prestige panoramique de la façade de la plage, une troisième zone semi habitable se situe au pied de la gigantesque falaise où demeure le saint marabout ou wali « Sidi Brek » .Cette falaise constituée d’ un ensemble de rochers ,situé en retrait du littoral, la grandeur de cette gigantesque falaise pour ne pas dire montagne, vu d’en haut ou d’en bas ,cela donne une crainte dans l’imagination de tout visiteur ou exactement étranger ; Elle impressionne, épate, et émerveille tout venant, elle procure du vertige à celui qui l’escalade ; mais une fois domestiquée ,elle devient la protectrice du temple de ce faubourg , les habitants de la plage sont bien parrainés entre la somptueuse falaise( montagne) et la délicieuse mer, c’est une affaire ou peut être même une question de décor que seul l’artiste est capable de dépister cette beauté d’où émerge l’utile et l’agréable de ce paysage naturel et méconnu mais prodigieux. Sur cette même montagne ,un autre quartier populaire avec ses trois nominations ( Anahda-Sagla ou Boukoudan), il faut tout de même signaler que sur chaque montagne existe un quartier bien distinct de Benisaf .Le territoire se situant sur la bordure d’en haut de la montagne , un vrai « front de mer » qui nous fait dévoiler un panorama « zoomé » extraordinaire ( le parfait couché du soleil d’été, l’ile de Rachgoun , ile de Kouidem, une vue d’en haut de la plage du puits, du port, des autres montagnes ,des forêts ou pinèdes de pin d’Alep…) ,du point de vue touristique ,artistique ,culturel et ’économique ,ils représentent des ressources à appellations multiples que nos responsables n’ ont jamais su apprécier à leur juste valeur ( richesse)pour le bien être de tout ce qui se meut ; alors qu’un projet élaboré par l’ Association de quartier pouvant donner de la vitalité( économique-culturelle et touristique) pour la ville ,n’a même pas trouver de résonnance féconde auprès de ceux qui en principe devront être à l’écoute de la population Benisafienne.
C’est un endroit fructueux pour l’inspiration, sensée donner un sens perçant, c’est aussi un véritable décor naturel dont sa rareté vaut une valeur incommensurable que seul le poète est en mesure de faire la découverte de cette beauté authentique et que les néoclassiques savent donner la valeur économique à partir de la rareté de la chose.
Par ailleurs, la géographie urbaine se dégrade et la physionomie du quartier de la plage se fane, par le délaissement et le manquement irresponsable, la façade du front de mer a été totalement modifiée de façon désastreuse par ses habitants au vu et au su de qui de droit, la structure urbanistique est devenue chaotique à tel point que les dernières intempéries ont provoqué des dégâts catastrophiques (affaissement de terrains sur des habitations). Chacun fait ce que bon lui semble en toute impunité, car la bureaucratie empêche toute action, démarche ou processus légaliste ou plus exactement réglementaire par conséquent l’informel s’impose en tant que tel parce qu’on a trop négligé la punition. Les esplanades de cafés( bistrots) ou troquets de jadis donnaient un gout à l’esprit des terrasses avec les beaux jours qui ne cessaient de revenir, les structures culturelles et sportives ont disparu, l’ex stade de tennis dont une bâtisse est érigée en plein milieu de l’aire de jeu ,un club de boules qui n’existe plus .Tous les centres de culture se sont dissipés ,nos jeunes désœuvrés et la facilité s’est enrobée dans l’oisiveté, qui amènent nos jeunes vers des rivages mouvants garnis de désespoir à coup de pourquoi –Nah-ragh !m’immole !me drogue !me suicide !....?.

Plages paradisiaques
C’est un quartier familier et exceptionnel ayant une attirance saisonnière qui captive les gens des quatre coins du pays et de part le monde , on peut dire que c’est un quartier de résonnance nationale, les algérois vous le diront car ils se sont familiarisés avec les algériens le connaissent très bien si ce n’est pas la sardine de Benisaf, c’est bien la plage du puits et les Tlemcéniens très fascinants et séduisants vous le content sagement et merveilleusement ,pour les sudistes c’est un oasis dans un désert à base d’eau. La plage du puits représentait pour eux une sorte d’ Eden sur terre .Il est évidemment nécessaire de signaler les plages mitoyennes telle que la plage de Rachgoun ,Madrid et Sidi Boucif qui incarnaient également les vestiges du terroir Benisafien . Nous restons toujours à la plage du puits ,elle était énigmatique et unique en son genre puisque les plus belles matinées que le Bon Dieu fait, se faisait au printemps de la plage du puits ,les plus belles soirées se faisaient à l’ automne du quartier de la plage ,les plus belles après- midi se passaient en hiver à la plage du puits et les plus belles journées ca se passaient en été où le bonheur se concrétisait par quatre richesses :un beau soleil, une délicieuse mer ,de la détente et des commodités de détente, cette rareté dans son sens philosophique ,économique ou littéraire était issue de la légende de la grandeur de Benisaf que nous envions aujourd’hui.

Les nuits d’été d’antan
L’été à la plage du puits durant les années 70-80 ,était une histoire, une romance , une fierté une…. je ne sais comment l’ exprimer, les estivants ayant connu la plage du puits d’antan connaissaient et ressentaient ce que moi je ne pourrai l’ exprimer tellement c’était de l’agréable , du céleste , du merveilleux, de l’épatant et du sublime. Le site représentait pour les vacanciers, les Juillettistes, les Aoutiens, les plaisanciers ; la détente, le calme en quelque sorte la « pause » de l’être et de l’âme ; une forme de jouvence. Le quartier de la plage était vivant, muni de son aquarium qui était un centre d’art ,de culture et d’érudition de la faune aquatique ouvert à la curiosité des estivants et visiteurs ,les activités culturelles ne manquaient guère, allant de la natation, la kermesse, des tournois de Football, de Basket Ball ,d’Hand Ball, du Beach volley, du Water Polo sur la courbe de la jetée ouest du port, d’ailleurs on la nomme « El Courba », de ce côté là ,il y avait le chargeur du minerai de fer qui servait de plongeoir et dont beaucoup de Benisafiens pouvaient se mesurer avec les grands plongeurs olympiques …. les après midis des mois de juillet et d’aout étaient animés par de grandes festivités culturelles, en fin de soirée sur le sable en face de la mer , un podium garnis de feuilles de palmiers ou les plus grands artistes algériens animaient la fin des soirées du mois d’Aout , sans oublier le grand maitre de la chanson orientale Amrani Abdellah par des galas de musiques et de danses au milieu d’une liesse populaire ;il faut préciser qu’ à l’époque avec peu de moyens le comité de fête de l’APC de Benisaf faisait des prouesses, alors que celui d’aujourd’hui avec ses moyens financiers influents n’arrive pas à réaliser convenablement une journée d’été dans sa dimension purement culturelle .
C’est à partir du quartier de la plage du puits de Beni saf que s’est propagée à l’échelle universelle, la culture musicale du « RAI » . La musique « RAI » a été confectionnée par le Maitre Bellemou, durant la fin de la décennie 70. Bellemou était un simple ouvrier communal qui savait bien coiffer les palmiers et badigeonner les trottoirs de la plage du puits, mais en fin de soirée ,avec sa trompette magique et son don musical , dans sa petite cabane ,il aimait et se faisait jouer des airs musicaux qui occasionnaient la bénignité de l’ acoustique, sa musique pénétrait dans le fond de son voisinage avec une indulgence et une délicatesse qui suscitait en lui un être ingénieux , un talentueux et dire que la musique « RAI » issue du quartier de la plage du puits, c’est tout un prestige pour notre quartier de la plage du puits.

Un berceau musical
Dans le même ordre d’idées ,il ne s’agit pas d’oublier également le fameux groupe musical de Tlemcen « Rachid et Fathi » qui ont fait leur début de musique sur le sable de la plage du puits , et qui n’ont jamais cessé, ni refusé d’animer bénévolement le quartier de la plage pour le rendre plus heureux, plus gai , des soirées interminables de musiques ,de chansons et de radio crochet qui enflammaient l’assistance de plaisirs, de distraction, et de joie…. Les habitants du quartier devront être plus reconnaissant ,et devront par cette occasion rendre un vibrant hommage au défunt Rachid * (Allah yar’hamou) et sa famille « Baba Ahmed » qui ont donné l’ incommensurable pour que notre quartier soit radieux. Le quartier de la plage du puits a façonné des personnalités comme Sari l’ex joueur de football (1962) de l’étoile de Belgrade,un Belharizi chercheur en France en géni civil encadre bénévolement les universités de Tlemcen, de Ain Temouchent…….
Un autre constat aujourd’hui

Aujourd’hui le quartier baigne dans l’indifférence, la négligence, et l’ ingratitude la plus absolue, l’animation sportive ne trouve plus de place, les aires de jeux étaient récemment squattées pour devenir des parkings informels , le combiné de sport était aussi détourné pour abriter la foire commerciale ; la laideur, des nuisances acoustiques dépriment tout être cherchant détente ,calme ou autres situations de bien être .La conservation, la protection et la sauvegarde du site n’est pas au menu de nos responsables encore moins de nos élus , la saleté fait ses ravages .Même les lieux publics indispensables pour tout être humain sont détournés de leurs fonctions principales et en toute impunité , nos voisins du quartier du haut de la falaise nous balancent leurs ordures emballées dans des sachets bleus, pour nous insinuer qu’ on est des vauriens sans éthique de citoyen encore moins d’éthique civique, car nous traversons le temps à reculons pour mieux effacer l’ ancien décor de l’âge d’or de notre quartier où les bonnes odeurs de jasmin, des roses et autres fleurs qui embaumaient tout l’espace du quartier de la plage , chaque maison ,cabanon ou villa était fleurie de roses, de jasmins ou de géranium ,le quartier avait toutes les commodités nécessaires et utiles qui nous emportaient vers la magnificence ,la plage du puits était une plage touristique .
Actuellement ,rien n’est entrepris dans l’ art des choses ,la dégradation et la déliquescence est mise en marche ; les trottoirs sont refait en l’ espace d’une dizaine d’années mais toujours avec la même platitude ; le nouveau réseau électrique du quartier n’a pas encore fêté sa première bougie que le tissu électrique commence à présenter des défectuosités, cette façon autiste de nos élus et nos responsables locaux ne mène guère au bien être, ni au bien faire ,faut dire que la beauté et l’utile ne font plus partie de mœurs de nos décideurs et même de nous même alors que l’agréable a perdu son sens littéraire .Le côté économique du quartier est une autre paire de manche, il est trop terne pour en parler plus sérieusement .La conserverie de poissons est à l’arrêt ou à la ruine , elle est mitoyenne avec le port de pêche séparée par un pont comparable à celui du pont d’Avignon. Nos Saints ou Marabouts de leurs sépulcres du haut de leurs falaises, nous reprochent l’oubli, la platitude, la carence de nos nobles valeurs culturelles, économiques et sociales. Les fêtes ( El Ouadis)annuelles , actuellement on re- vit la même fête avec la même joie et le même style social, économique…. ou « Ouaa Da de Sidi Boucif » suivit d’une autre « Ouaa Da de Sidi Brik », et une troisième « Ouaa Da de Sidi Mohamed Bel Meddah », elles sont animées par de la fantasia (course de chevaux et Baroud), des troupes d’« El Gallal », de « Aissawa » et du couscous servi à gogo pour tout venant….le secret et l’énigme du saint « Wali » ou Marabout demeurant dans leurs tombes et qui sont situées sur chaque sommet de la falaise ,chaque montagne est traversée par un ex- oued , les marabouts, s’imposent aujourd’hui par leurs fêtes « Ouaa di » ; je préfère laisser les historiens faire la lumière de cette légende un peu trop mystérieuse, le quartier de la plage en fait partie de cette péripétie légendaire.
* *RACHID : Rachid Baba Ahmed dit Rachid Baba, né le 20 aout 1946 à Tlemcen et assassiné le 15/02/1995 à Oran, à celui de son frère, avec lequel il formait le célèbre duo Rachid et Fethi


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