Nom française: Voltaire
Nom à l'indépendance :Aïn Lecheikh
1902-1962, les soixante années de vie de Voltaire
L'histore d'Ain Lechiekh raconté par un pied noir algerien, natif de la ville Cest au début du siècle seulement, que larmée et ladministration françaises décidèrent dimplanter un village de colons à AIN LECHIEKH et de le baptiser du nom de VOLTAIRE. LAlgérie était alors FRANÇAISE. LAdministration coloniale a acheté les terrains, dune superficie de dix mille hectares environ, aux indigènes. Ces terrains ont été répartis en deux cents lots de cinquante hectares comprenant un terrain à bâtir et un jardin potager en terrasses, au nord du village. Larmée sest chargée de mettre en place la voirie et les adductions deau par captage de sources naturelles. Les jardins étaient irrigués par des canaux déviant les eaux du TELBENET sur plus de cinq kilomètres. Il a alors été proposé à des candidats colons, inscrits sur des listes dattente, dacheter un lot moyennant une somme relativement faible par rapport à ce qui se pratiquait en métropole, par exemple, mais le candidat à lachat nétait réellement propriétaire quaprès avoir vécu cinq années sur ses terres. Les colons arrivèrent, certains avec une grande expérience de la vie à la ferme, dautres tentant leur chance dans ce métier tout à fait nouveau pour eux. Il yavait des émigrés de lIsère, les JACQUET, GUILLERMIER, JAUVION, TURC, PRA, CHARLES, GUIRAUD, des Alsaciens et des Lorrains qui avaient quitté leur région en 1870 et qui, depuis, ne sétaient pas encore fixés, les PETER, HASHOLDER, GOETZ, BEYER, FOURNAISE, CHMER, MARTIN, HILD; des gens du Midi, les DUSSERRE, RENAUDIN, LEOTHAUD, LASSIME, PETIT, HONORAT, CARAGUEL,; des gens du Sud-ouest, les ROQUES, ENJALRAN, GARDON, FOURTON, MORLA, GASTON, SAINT-SERNIN, GALANTINI, BERNHARD, DALONNEAU, CAPDEVILLE, BLOUVAC, BRISAC; des gens du Jura, près de la Suisse, les DUNANT, des Corses, les DELLATANA, PEDATELLA, ROMANETTI; des Bretons, les GUERRIEC. Quelques uns arrivaient dEspagne, les SERVERA, PONS, ALVAREZ, ARTERO, DE HARO, PRATZ et même dItalie, les FACIOTTI. Tous sentraideront les premières années pour construire leur maison et les dépendances sur les lots du village, dautant mieux que certains étaient maçons ou charpentiers de métier. Par contre, tous ne réussiront par leur jardin potager et leur volailles quun opuscule, distribué par ladministration coloniale, les engageait à soigner particulièrement les premières années. Pour défricher les terres arables qui devaient porter récoltes de céréales, il a fallu acheter deux bufs et quatre mulets aux marchés à bestiaux indigènes de KHEMIS-MILIANA qui se trouve à une trentaine de kilomètres quil fallait parcourir à cheval. Les palmiers nains et les cailloux de tuf couvraient le sol à ensemencer. Les palmiers nains étaient arrachés en si grand nombre, que dès les premières années, trois usines à crin ont vu le jour. Le crin était utilisé par les bourreliers pour confectionner principalement les colliers de mulets, mais il était aussi expédié vers ALGER. Les pierres de tuf servirent à bâtir les murs de soutènement des maisons. VOLTAIRE se situe à cent cinquante kilomètres dALGER environ, au Sud-ouest. Ce village est installé sur les coteaux de la plaine de CHELIEF, à égale distance de MILIANA, de MÉDEA et de BOUGHARI. Une route carrossable reliait VOLTAIRE à la route de MILIANA-MÉDEA mais seule une piste permettait daccéder à BOGHARI. Cette piste était empruntée lété par les nomades du SAHARA (GBALA) qui remontaient vers le nord avec leurs dromadaires chargés de sel gemme; ce sel était échangé à VOLTAIRE contre des céréales. Concassé, il permettait de saler les carcasses de cochons que lon préparait dès le début décembre; les plus gros morceaux de sel étaient placés dans les mangeoires des bufs, des vaches et des moutons. Le jardinage, les volailles, le cochon, le lait de la vache indigène
ont permis aux plus chanceux de tenir durant ces fameuses cinq années et de devenir propriétaire de leur lot. Beaucoup nont pas tenu les cinq ans et des lots ont été mis à la vente, le plus souvent aux enchères, et cest ainsi que les plus argentés ont acquis cent, voire cent cinquante hectares supplémentaires. Cinq ans étaient passés et, déjà, on avait creusé des tombes pour les plus faibles et, surtout, pour les jeunes enfants. Le curé de LAVIGERIE (Djendel), petite ville située à huit kilomètres de VOLTAIRE, et le pasteur de MILIANA venaient régulièrement visiter leurs ouailles et loffice se tenait chez lun ou lautre. On arrive ainsi vers 1910 et alors les tracteurs font leur apparition. On peut labourer plus profondément; on peut défoncer grâce à un moteur fixe en bout de champ et une grosse charrue brabant tirée par un câble relié à un treuil. Dans les terres défoncées, on plante de la vigne et des oliviers. Ladministration a construit une école, deux classes et deux logements, un bureau de poste, une mairie et a planté larbre de la liberté qui trône au milieu de la grande place du village, toute caillouteuse. Des fonctionnaires sont arrivés : les instituteurs, le couple MALTE, le postier, Mr. MONDE, sa femme et ses deux enfants, les facteurs qui sont des KABYLES : GALLOUZE, BOUDJEMILE. Dautres Kabyles, BOUSSAAD par exemple, sont venus tenir boutique dépiceries et de tissus. Lécole nest pas mixte; il ya une classe des filles et une classe de garçons. Si parmi les garçons on rencontre quelques indigènes, Kabyles et Arabes fils de notables, seules les filles Kabyles fréquentent la classe des filles. Tous les européens sont scolarisés et préparent le certificat détudes primaires. Il sest installé un maréchal ferrant, Mr. MANDON, qui fait des merveilles pour affûter les socs de la charrue DOMBASLE et ferrer les chevaux. Quelques arabes entreprenants ont ouvert deux cafés maures, un souk, ou se sont improvisés marchand de légumes ou boucher : GUESSOM, BOUCHICHIA, BENYAGOUB, BOURGHA
- Ain lechiakh, Algérie
19/02/2012 - 27325
Posté Le : 27/02/2011
Posté par : patrimoinealgerie
Source : www.cheliff.org