Le Jardin public de Miliana, situé en plein centre de la ville, véritable poumon qui s'étend sur 1,5 ha, constitue un havre de paix et de repos, lieu de verdure, incontournable non seulement pour les habitants mais aussi pour les visiteurs de la ville millénaire au pied du Zaccar qui a été le témoin de grands moments de l'histoire locale, régionale et même nationale depuis la colonisation romaine en passant par la présence turque puis marqué par le sceau de l'émir Abdelkader qui a lutté farouchement contre la pénétration coloniale française comme en témoigne sa demeure devenue musée aujourd'hui tout comme la fabrique d'armements qu'il a construite.
Aujourd'hui, l'Association Perle du Zaccar et l'APC se sont mobilisées pour réhabiliter ce jardin, créé en 1870 et qui recèle aujourd'hui des espèces de plantes nobles et rares et même très rares telles que 2 gigantesques séquoia, mais aussi un jardin qui a souffert des décennies durant de l'abandon dont ont été coupables certains responsables locaux qui n'ont pas su apprécier la valeur de ce patrimoine pour le préserver et le valoriser. Ce patrimoine écologique d'une richesse inestimable, un patrimoine national qui maintenant se dégrade d'année en année. Dans le cadre d'une collaboration APC-Association Perle du Zaccar, un programme commun a été établi pour redonner à ce jardin la place et la valeur qu'il mérite.
Pour ce faire, la commune a consacré une enveloppe de 2,8 milliards de centimes pour entreprendre une série d'opérations telles que la réhabilitation de 2 grands bassins, le réaménagement du réseau d'irrigation à partir d'un forage déjà réalisé, l'éclairage public, la clôture, entre autres. Pour sa part, l'Association Perle du Zaccar, que préside Mme Ammar, dans le cadre du Programme d'appui technique et financier, de formation et d'accompagnement destiné aux Organisations de la société civile d'Afrique du Nord (OSCAN), porteuses de projets de terrain liés à la conservation et à la valorisation de la biodiversité , à la gestion durable des ressources naturelles, Perle du Zaccar vient de bénéficier d'un soutien financier destiné à entreprendre des opérations complémentaires et convergentes et à réaliser dans le cours et moyen terme telles que la restauration des points d'eau du jardin — la préservation et la multiplication des séquoias (Sempervirens) et la reprise des démarches pour l'inscription du jardin comme jardin botanique.
«Dans une première phase, ce programme appuie et soutient les petites initiatives (P P I 1) locales pour leur permettre de réaliser de petits projets d'essence écologique», a expliqué Mme Aït Kaci Farida, la coordinatrice nationale du PPI pour l'Algérie sous l'égide de l'IUCN (International Union for Conservation of Nature) via le Centre de coopération pour la Méditerranée et ce, lors d'une séance de travail qu'elle a présidée récemment à la mairie de Miliana et qui a regroupé, en plus les élus locaux, les représentants de l'Association Perle du Zaccar, des membres de la société civile ainsi que M. Boulahia Abdelkrim, directeur du Jardin d'Essai du Hamma d'Alger.
Mme Aït Kaci indique que l'Algérie a bénéficié du financement de 12 projets implantés dans 12 wilayas, appuyés par le PPI-OSCAN dans sa 2e phase qui s'étend de 2018 à 2021 et précise que ce programme est financé à concurrence de 70% par la Fondation MAVA et le Fonds français pour l'environnement mondial et mis en œuvre en Algérie en partenariat avec le ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables et 30% par les partenaires sociaux.
Les associations retenues auront un délai de 2 ans pour l'exécution de leurs projets, ajoute la coordinatrice du programme. Selon les orientations de ce programme, l'objectif est de promouvoir de petites initiatives qui auront à concrétiser de petits projets pour devenir dans des phases ultérieures des associations porteuses de projets de grande envergure liés à la sauvegarde et la préservation de l'environnement et qui, par la suite, pourront faire bénéficier d'autres associations de l'expérience acquise.
M. Boulahia Abdelkrim a concentré son intervention lors du débat sur la manière de gérer des jardins botaniques «qui ne doivent pas devenir des lieux de braderies purement commerciales et où n'importe quelle activité est tolérée».
Évoquant son expérience de la gestion du Jardin du Hamma, il révèle que ce jardin a connu d'importants problèmes de trésorerie alors qu'il était géré par la mairie d'Alger mais depuis qu'il a acquis son autonomie, non seulement ses problèmes ont été résolus et la trésorerie assainie, mais, mieux encore, la nouvelle gestion a dégagé un excédent budgétaire de quelque 10 milliards.
L'intervenant ajoute que ce genre d'espace doit sauvegarder son cachet «de jardin botanique» et en même temps devenir une source d'autofinancement en assurant des recettes d'exploitation du cadre, de la beauté du site, en sélectionnant les activités qu'il doit abriter, en conformité avec la vocation du jardin, des activités telles que le tournage de films, de spots publicitaires, de reportages, qui sont réduites dans le temps et ne nuisent pas à l'environnement.
M. Boulahia pose ensuite une question fondamentale qui est d'ordre juridique: «A qui reviendra la gestion de tels espaces? La commune? Une association? Un locataire?
Pour ce qui est du jardin de Miliana, le dossier pour son classement a été élaboré et déposé au niveau du ministère concerné.
Karim O.
Posté Le : 15/05/2019
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Karim O.
Source : LeSoirdAlgerie.com du dimanche 12 mai 2019