Adrar - Autres Ksour

Tamentit cité du désert



Depuis exactement 1978, un atelier d’architecture de l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger, que nous avons l’honneur et surtout le plaisir d’encadrer, a poursuivi des investigations sur des sites historiques qui ont donné naissance à des phénomènes urbains en Algérie. Ces sites, pour n’en citer que quelques-uns, en l’occurrence la Casbah d’Alger, Bougie, Ténès, Dellys, Ghardaïa, sont très représentatifs de notre “HABITAT’.
La vallée du M’zab et en particulier ses ksour sont des PASSAGES OBLIGÉS pour tout ARCHITECTE conscient des responsabilités de sa profession. Un nombre incalculable d’architectes de toutes les nationalités se font un point d’honneur de la visiter, si ce n’est de la connaître, tant son enseignement est riche seulement de par son existence même.
Nous ne discourrons pas sur l’architecture ibadite du M’zab, notre aîné M. Ravereau a fait le tour de la question, tant du point de vue de son essence que de sa globalité. A son discours, je ne ferai qu’ajouter ceci : les conditions dans lesquelles se sont établis les Ibadites dans la vallée du M’zab ainsi que la conjoncture historique les ont amenés à inventer, bien avant la révolution industrielle européenne, le concept d’EXISTENCe MINIMUM qui a été à l’origine de la notion de LOGEMENT SOCIAL.
Est-il nécessaire de mettre en évidence ce que cela veut dire?
li le faut car des situations complètement contradictoires peuvent mener au même résuitat. Après la destruction de Sedrata, leur heptatapole antérieure, et leur voeu de non ostentation dans l’architecture, les premières habitations construites après leur MOSQUEE-GRENIER-CITADELLE ne comportaient que les espaces nécessaires àun couple.
23 Malgré le niveau élevé de l’art architectural et urbain observé à Tiharet et à Sedrata, on ne peut nier le bond paradigmatique de l’architecture du M’zab du point de vue de l’économie de la gestuelle dans l’art de construire leur HABITER. Le rapport à l’échelle humaine est constant dans toutes les dimensions de l’architecture et de la ville. Nous ne pourrions pas en dire autant de la conurbation qui existe à l’heure actuelle et qui illustre bien les préoccupations au centre même de l’intitulé de cette revue.
Notre attention à l’heure actuelle s’oriente vers la recherche de références aussi contextuelles que possible, et le DESERT est encore là pour nous faire retrouver toutes les références CONCEPTUELLES dont nous avons besoin pour notre enseignement. Malgré toutes les transformations, tout aussi fondamentales que formelles, que le désert a subies ces dernières décennies, dans le domaine de l’architecture comme dans toutes les disciplines, le désert a agi comme une mémoire, une mémoire vive dans laquelle nous pouvons retrouver toutes les transformations structurelles que notre cMlisation a subies. Cette CHARGE MNEMONIQUE que l’architecture ibadite nous révèle dans la vallée du M’zab est une infime partie de cette “MÉMOIRE VIVE” que représente le DÉSERT du Sahara. D’autres investigations, et en particulier celles qui sont le sujet de nos travaux, sont tout aussi porteuses d’éléments susceptibles de devenir des références dans notre enseignement et dans notre profession.
En d’autre termes, quel que soit le site sur lequel nous centrons notre intérêt, la problématique de la MODERNITÉ face à la TRADITION revient comme un leitmotiv, surtout lorsque notre préoccupation principale concerne
le PROCESSUS DE PRODUCTION DU PROJET D’ARCHITECTURE.
Depuis 1987, nous encadrons une option intitulée officiellement “Etudes des architectures traditionnelles”” qui continue à faire des investigations sur des cités du désert, telles que Tamentit et Timimoun, sites non classés mais potentiellement chargés d’histoire et de beaucoup de MEMOIRE qu’il nous faut reconquérir sur tous ses apects et, en particulier, sur le plan ARCHITECTURAL. II faut signaler aussi que notre équipe d’enseignants2 est aussi une équipe de chercheurs qui travaillent sur ces sites du désert depuis 1991.
En mêlant intimement les préoccupations D’ENSEIGNEMENT et de RECHERCHE, nous permettons à nos étudiants d’être confrontés à une réalité CULTURELLE et ARCHITECTURALE de terrain que beaucoup de professionnels, souvent soumis à des délais contractuels et à des dimensions d’efficacité, ne peuvent pas considérer et n’arrivent pas à rencontrer en dehors de l’université.
L’ENSEIGNEMENT DE L’ARCHITECTURE
Quelques éléments d’introductIon
L’architecture est reconnue comme composante fondamentale de la culture. C’est aussi une PRATIQUE SPECIFIQUE, car elle doit mettre en rapport deux formes dpprentissage contradictoires, l’APPRENTISSAGE d’une

CULTURE et celui d’un SAVOIR-FAIRE. Ce qui nous permet de dire que l’architecture doit être aussi considérée comme un des CHAMPS OU SAVOIR.
Dans la PROJETATION, CULTURE et SAVOIR-FAIRE sont les matériaux de l’architecture reconnus et redécouverts dans l’HISTOIRE du LIEU du PROJET. L’APPRENTISSAGE sera déterminé par la superposition cntique des systèmes de REPRESENTATION GRAPHIQUE utilisés, par le recours à L’ANALOGIE et par le DESSIN comme MÉDIUM d’un niveau de COMPREHENSION.

LE TEMPS ET LE PROJET

L’architecture comme MEMOIRE va être donnée par LEPAISSEUR MEME DU TEMPS qui lui donne le privilège de la PERMANENCE. Les constructions qui perdurent vont se charger de la CONSCIENCE des générations successives qui les ont utilisées, bien plus que de leur science, et deviendront ainsi architecture, entre “l’infini et l’indéfini, le fini, entre le savoir et le faire, le savoir-faire’”.
L’histoire fait référence au temps c’est la maîtrise de l’histoire des édi lices et de la ville à travers le temps qui va nous permettre de constituer un savoir critique, donc opératoire sur le territoire.
Nous donnons ici au mot “territoire” les deux registres auxquels il peut faire penser: d’une part, la dimension géographique et, d’autre part, le domaine intellectuel de l’architecture, donc tout le contenu culturel de notre espace de pensée.

LA REHABILITAflON ETL’INNOVATION CULTURELLES DANS LE PROJET...

Pour l’architecte, il s’agira, en effet, dans tout PROJET de REHABILITATION ou dans toute production, de produire une INNOVATION qui doit passer par l’appropriation des TRADITIONS DU LIEU, en l’occurrence celles du dire et celles du faire. L’innovation n’est innovation que lorsqu’eHe porte en elle tous les stigmates de son appartenance au langage architectural prédominant, dans le lieu qui va lui permettre d’engendrer une continuité après CONFRONTATION aux données de son époque.
TAMENTIT, CITÉ DU DESERT
Quelques éléments de réflexion sur son passé, son présent et son devenir
En quelques mots, cette expérience a permis de mettre en contact les étudiants et leurs enseignants avec l’exercice pratique de leur profession. D’une part, les étudiants étaient confrontés avec le terrain, ce qui veut dire le contact avec la population, la pratique de relevés d’architecture avec le vécu de ces espaces architecturaux, tant au niveau architectural qu’urbain, le contact avec des clients par le biais de la réalisation de projets d’exécution réels pour des clients bien réels eux aussi, etc. D’autre part, les enseignants
ont pris en charge d’orienter et de stnicturér toutes les études de croissance urbaine qui ont permis aux étudiants de réaliser leur dlôme de lift d’études sur une partie du territoire comrriinal de Tamentit, etc. Instrumentation opératoire et maîtrise du prôjet d’architecture par la connaissance de la réalité du terrain devenant indissociables.
En mal 1988, un colloque international tut tenu à Adrar autour du thème “Restauration d’un ksar du Tôuat : TAMENTIr, sous régide de la wiiaya d’Adrar. II faut rappeler que celui-ci fut initié à la suite d’une décision présidentielle de reconnaître à Tamentit son importance et sa place historique de “capitale” perdue du Touat. Le colloque recommande, d’une part, le classement du site dans sa totalité. Au vu de la complexité de la problématique d’intervention sur le site, l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme a proposê sa participation à l’élaboration du dossier des études.
L’Epau, par le biais de notre groupe de recherche, se lia par une convention au responsable officiel de rétude, en l’occurrence le Bejva, Bureau d’études polyvalent de la wilaya d’Adrar, pour l’élaboration de toutes les études nécessaires concernant le ksar de Tamentit.
Notre atelier et notre groupe de recherche se chargèrent alors cia réaliser des études minutieuses concernant le domaine propre à l’architecture et au
développement urbain du ksar par la réalisation d’enquêtes socio-économiques, de relevés d’édifices, l’élaboration du parcellaire du ksar, de reportages photographiques, de films vidéo, etc.
Toutes ces informations furent consignées dans l’écriture de documents tels que l’Analyse du ksar de Tamentit, la réflexion sur la croissance du ksar
de Tamentit par la réalisation de plusieurs diplômes de fin d’études par des élèves architectes et une exposition intitulée “TAMENTIT : CITÉ DU DÉSERT’.
Cette expérience de deux années fut riche en enseignements à plus d’un titre. Elle nous permit de:
— confronter des approches théoriques avec les réalités objectives d’une situation réelle.
— Permettre à de futurs architectes de s’évaluer par rapport aux exigences de leur future profession.
— Réaliser enfin des travaux d’architecture dont la réflexion s’appuie sur une expérience pratique et dans un rapport de participation publique avec la population du ksar de Tamentit.
D’autre part, cette collaboration entre une structure d’étude centralisée, avec toutes les lourdeurs bureaucratiques qui lui sont irTposées, et les attitudes critiques d’un atelier d’architecture universitaire a permis de situer très rapidement les limites des approches des uns et des autres.
Les conséquences entraînées par le classement du site de Tamentit s’avérèrent négatives vis-à-vis des aspirations des populations, tout comme les concepts liés à la restauration totale du ksar se révélèrenNnadéquats au contexte vivant et à la dynamique d’un établissement humain tel que le ksar de Tamentit.
En d’autres termes, un ksar n’est pas une somme de monuments historiques dans un état de délabrement pathologique plus ou moins avancé, ou des kasbate juxtaposées les unes avec les autres avec des difficultés plus ou moins appréciables à s’adapter aux exigences de la vie moderne. C’est surtout un lieu où vivent des hommes et des femmes dans iitl certain ordre social, avec des jeux économiques vitaux, une HISTOIRE pleine d’histoires, une identité, et possédant surtout leur propre représentation du monde.
Toute politique de restauration globale d’un site doit, sinon se garder de chercher à figer l’histoire — ce serait pure chimère ou alors pure démagogie —, se poser des questions fondamentales concernant:
— les objectifs et les moyens d’une telle politique et leur compatibilité avec les aspirations des populations concernées,
— les méthodes et les approches à utiliser et leur adaptation aux conditions du site sous étude.
Quels que soient les arguments idéologiques développés, toute approche d’intervention globale sur ces établissements humains cherchera à résoudre les contradictions posées par:
— un site problématique,
— une histoire peu connue,
— une réalité subjective complexe avec un jeu de pouvoir interne subtil,
— une société en pleine mutation subissant de profondes transformations, sinon bouleversements...
Traditionnellement, deux critères fondamentaux sont nécessaires pour la fondation d’un établissement humain : la présence d’eau et une certaine accessibilité dont l’intensité et la valeur changent au cours du temps. Dans les conditions désertiques, le premier critère devient évidemment une condi-. tion sine qua non.
En fait dans notre cas, c’est la présence de l’eau, et surtout ensuite sa gestion, qui est à l’origine d’un phénomène d’agglomération qui s’est transformé au fil du temps en phénomène urbain.
D’abord quelques éléments d’information sur:
1- LA TOPONYMIE
L’eau est déjà mise en exergue par la toponymie. En effet, TAMENT veut dire en zenete “les abords de la source”. Cette oasis a toujours été considérée célèbre par ses travaux hydrauliques et le commerce transsaharien à l’époque des caravanes. D’ailleurs, ses échanges ainsi que le dynamisme économique de sa population lui ont valu d’être promue capitale du Touat.
2-L’HISTOIRE
Ce n’est pas la dimension historique qui nous intéresse le plus ici, mais il faut quand même souligner que Tamentit a été un marché et une étape importante à l’époque des caravanes qui commerçaient avec l’Afrique au sud du Sahara (ESSOUDANE) et le Tafilalet.
D’après A.GP. MARTIN, l’histoire du Touat peut être divisée en quatre
périodes inégales:
— des origines à .100 après J.C., une période GETULE qui a marqué le territoire avec des constructions en grosses pierres ou en moellons situées
en acropole comme les villages perchés de l’aire méditerranéenne.
— de 100 à 600, une époque HEBRAIQUE.
— une première ISLAMISATION, avec l’arrivée d’OKBA IBN NAFAA;
La plus grande vague d’islamisation est due au règne des ALMORAVIDES dont la production architecturale cullurelle est fort considérable. C’est pendant cette époque que Tamentit a été considérée come un grand centre d’échanges et de transformations de ditférents métaux (or, argent, fer, cuir, savon, etc.).
— La dernière période concerne la période coloniale pendant laquelle les Français ont créé l’annexe du TOUÂT, chef-lieu ADRAR (ou TIMMI), au
détriment de Tamentit.
— La période qui est la plus courte, et non des moindres, concerne la période postcoloniale quand il s’agit de considérer les transformations radicales que nous avons observées.

3- LA TOPOLOGIE

Au premier abord, on ne perçoit pas le ksar de Tamentit comme un village perché, mais lorsqu’on analyse la topographie du lieu, on retrouve toutes les ruines de kasbate initiales et la plus grande partie de agglomération ancienne sur le seul accident de terrain existant dans le reg’ dans lequel on trouve Tamentit. Cet escarpement de grès d’une hauteur d’une dizaine de mètres correspond à une faille dans laquelle émergent les grès, ailleurs sub-horizontaux, avec une inclinaison de 60 à 70 degrés.
Cet escarpement divise le territoire en deux parties bien distinctes, qui
sont occupées par des palmeraies irriguées différemment, entre lesquelles
nous retrouvons le ksar. ..
Le village ou le ksar se trouvent toujours en amont de la source de l’eau
et du territoire aménagé ou cultivé. Dans le Touat, presque tous les ksour répondent à ce schéma particulier, sauf Tamentit.
Nos préoccupations d’architectes-urbanistes ont trouvé réponse dans les travaux et études du P’ R. CAPOT REY et de M. J. VALLET sur Tamentit et son système d’irrigation dont nous nous sommes largement inspirés pour pouvoir structurer notre compréhension de la croissance de ce phénomène urbain.

Ces études, basées aussi sur le recueil de la tradition orale, ont permis de mettre en évidence QUATRE grandes périodes dans la maîtrise et la gestion de l’eau par le système le plus adapté aux conditions arides de cette partie du Sahara: celui des foggaras. Ce terme tire son origine probablement du mot arabe ‘akara’ qui veut dire $REUSER.

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a. LES KASBATE INITIALES ET LES FOGGARAS HORAIRES

La tradition orale affirme l’ancienneté des foggaras horaires qui constitue aussi la période la plus ancienne que nous avons pu déterminer par l’observation du tissu architectural et ksourien.
1. AT-SALA, qui mesure 460 m, passe sous Aghrem-Akbour juste avant de déboucher à l’air libre dans la palmeraie à l’extérieur des remparts.
2. TOUGHANIMENE, 300 m, longe Ouled-Daoud en traversant l’ancien marché (rahbat essouk) et passe sous les remparts de Tailout, avant de déboucher à leur base du côté de la palmeraie en contrebas.
3. ELGHIZ, seulement 240 m, traverse Kasbat-el-Meghili et KasbatOuled-M’hamed.
4. HENNOU, la plus longue (1 060 m), quant à elle, traverse d’anciennes ruines à l’orée du ksar de Sidi-Ouali.
Comme nous le voyons, chacune de ces foggaras est reliée aux noyaux initiaux des grandes kasbate actuelles, soit par un puits de Ia foggara, soit par un puits collectif.
Ces foggaras horaires sont, comme leur nom l’indique, exploitées sous le régime horaire, mais ce qui est le plus intéressant dans notre cas c’est qu’elles correspondent toutes aux plus courtes foggaras de l’oasis.
Leur court tracé et leur jaillissement directement sous l’agglomération nous fait supposer que ce sont probablement les anciennes sources naturelles évoquées par la toponymie que la population a aménagées avec la technique des foggaras (ou vice-versa), qui est le système de captation hydraulique le plus adapté à l’extrême aridité de la région>8>.

Toutes ces foggaras irriguent la palmeraie inférieure, qui se trouve réellement en contrebas du ksar. Chacune d’elles est dotée de grandes excavations qui permettent à la population de retrouver une certaine fraîcheur durant les températures torrides de l’été et particulièrement en période de jeûne.

b. LES FOGGARAS A PEIGNE9>, LA CROISSANCE DESKASBATE ET DE LA PALMERAIE

Les autres foggaras, dites à peigne ou à débit continu°>, se répartissent suivant trois générations qui semblent coïncider avec les périodes de croissance que nous avons mises en évidence dans le bati. Sans renter dans le détail de leurs appellations ni de leurs périodes particulières, nous ne retiendrons qu’un seul fait: elles permettent d’accroître les surfaces irriguées au fur et à mesure de la croissance de la population et de son pouvoir économique. Cette forte croissance se lit très facilement dans la matérialité des kasbate et ensuite de la croissance contemporaine.

LA KASBA ETSON MODE DE CROISSANCE

Nous commencerons d’abord par cette croissance intra-muros que nos travaux mettent en évidence par la grandeur inhabituelle et exemplaire de Ouled-Ali-Ben-Moussa (cf. illustration).
La kasba est une construction le plus souvent quadrangulaire, à caractère défensif, entourée de remparts faits de moellons en pierre le plus souvent, avec une seule accessibilité et des tours d’angles plus ou moins nombreuses, suivant la superficie qu’elle occupe.
Notre étude exhaustive de l’architecture des édifices d’habitations de chaque kasba nous a fait observer différents types de croissance par CONTINUITE de ces unités constructives.
1. La croissance par PROXIMITE : elle se présente comme une perpétuation des propriétés spatiales et structurales des implantations précédentes qui sont additionnées.
2. La croissance par REPRODUCTION elle se caractérise par un prolongement spatial et structurel des parties déjà construites. La forme de l’implantation originelle est conservée et sa croissance déterminée par une nouvelle limite identifiable.
La kasba, quelle que soit sa taille, va toujours être composée d’habitations et d’une rahba dans laquelle nous allons toujours retrouver une cheminée d’aération ou un puits qui va retrouver l’eau au même niveau que la toggara dans l’escarpement rocheux.

LA CROISSANCE CONTEMPORAINE

La pacification française supprime, après un certain temps, les rapports de violence entre les ksour, entre les différentes tribus, entre nomades et sédentaires, et va induire ainsi un moment de rupture dans les phénomènes de croissance morphologique des ksour. Nous allons assister, alors, à des transformations fondamentales au niveau de la reproduction des types d’unités constructives. Ainsi, les éléments typiques, tels que le fossé, le seuil unique, les remparts de blocs de sel ou de pierre, disparaissent au profit de murs ordinaires en toub, tandis que l’habitation se transforme en occupant une plus grande parcelle de sol (très souvent en rapport avec le parcellaire agricole), en prenant une organisation de plus en plus centralisée. Cela ne se fait pas sans changements et transformations radicales de la structure spatiale du ksar.
A l’heure actuelle, nous nous retrouvons en face d’un tissu continu d’habitations, d’édifices culturels et communautaires, structuré par des parcours bien distincts ainsi que des espaces d’articulation à caractères multiples mettant en valeur un certain niveau d’urbanité, qui n’arrive pas à intégrer cette MODERNITE qui assaille tous les établissements humains.
L’une des plus grandes problématiques actuelles réside dans la gestion de l’eau dont l’usage et la consommation deviennent de plus en plus importants.


LA GÉSTION CONTEMPORAINEDE L’EAU ET SES PROBLÉMES
a) L’adduction d’eau courante
Il suffit de se promener à travers les parcours de ce ksar pour se rendre compte de cette antinomie, de cette ambivalence créées par l’existence de réseaux de distribution d’eau traditionnels et contemporains. L’ingéniosité des seguiate qui structurent quelquefois le tissu urbain ainsi que le territoire ne peut être comparée avec la légèreté avec laquelle les réseaux d’adduction d’eau couranteont été réalisés. Les tuyauteries sont apparentes, à même le sol, soumises à toutes les possibilités d’altération. Les différentes fontaines qui structurent l’habitat ne sont que de vulgaires robinets incompatibles avec la fréquence d’usage à laquelle ils sont soumis. Cela résulte dans des déperditions d’eau considérables qui se trouvent dans le sous-sol souvent argileux ou rocheux. Dans le premier cas, l’argile gonfle et produit d’importantes poussées sur les fondations des murs avoisinants. Dans le second cas, la roche aspire l’eau par cappilarité, qui remonte dans les murs jusqu’à une hauteur assez conséquente, car certains des édifices ont été excavés de la roche jusqu’à une hauteur d’un mètre environ.
b) Les rejets
L’adduction d’eau courante en grande quantité dans le ksar pose le problème de son élimination. L’élimination la plus courante se fait carrément par rejet dans la rue, couverte ou non. Dans le cas d’une eau propre et en été, la sécheresse extrême de l’air est compensée par cet apport d’humidité ponctuelle, tandis que la poussière est diminuée. Dans le cas où l’eau est une eau sale, cela apporte deux nuisances que sont les mauvaises odeurs et la concentration de mouches sur ces résidus de vaisselle. Pire encore, la vaisselle est souvent faite dans la seguia qui passe à côté, et, regulièrement, il faut retirer les spaghettis qui obstruent les anciennes seguiate qui ont été remplacées par des tuyauteries, sans parler des peignes répatiteurs qui sont encombrés.
C) Les sanitaires
L’eau courante dans le ksar a encouragé la consommation de quantités
d’eau de plus en plus importantes pour des raisons hygiéniques évidentes.
Des douches sont installées à l’intérieur des habitations et les sanitaires à la
turque ont tendance à être remplacés par des cuvettes à l’anglaise. Ce
niveau de confort nécessaire n’est pas à rejeter, évidemment, mais iliaut
trouver des solutions pour les rejets d’eau polluée. Le réseau d’égoût n’exis tan pas et ne pouvant être réalisé économiquement dans un sous-sol
rocheux, les habitants du ksar, pouvant moderniser leur habitation, utilisent
d’anciens puits comme fosse perdue, ce qui pose le problème de la pollution
de la nappe phréatique, d’autant plus que des voisins utilisent encore leur puits.
Les anciens sanitaires intégrés à l’habitation et localisés sur la terrasse



sont une réponse en harmonie avec l’ancien mode de vie agraire de la population, mais les conditions socio-économiques de la population actuelle accordent moins d’importance à cette production des anciens sanitaires (hammam et W-C) avec beaucoup d’eau sans étanchéité et sans aération appropriée, à l’origine de la recrudescence des nxuches.
L’habiter dans les tissus urbains anciens se heurte essentiellement aux capacités physiques d’adaptation à la modernisation des structures. Les populations qui ont habité le Touat, et en particulier Tamentit, ont su aménager et gérer l’eau disponible pour tous les besoins nécessaires à l’ancien mode de vie, essentiellement agricole.
Il s’en est suivi la création d’un environnement construit en harmonie avec l’effort et les sacrifices permis par la population pour maîtriser et gérer l’eau, source de vie. Sa gestion, nous voulons dire par son type de distribution et de consommation, était directement déterminée par le travail nécessaire a ces fins. L’accroissement de la population dans la même période a vu une croissance de la palmeraie en continuité avec les kasbate.
La période coloniale et la période contemporaine ont été à l’origine de nombreuses transformations de la vie économique. Les rapports de production se sont transformés tout autant à l’échelle locale que régionale. La péiiode faste du PETROLE a permis d’importants investissements dans les infrap structures et la réalisation de réseaux.
L’électricité est présente partout, avec tout le confort qu’elle peut véhiculer. La planification économique non intégrée aux LIEUX permet une certaine
modernisation, mais les équipements ne sont pas intégrés dans le tissu et créent des polarités à la périphérie du ksar. La politique de logements ne prend pas en charge les spécificités de l’architecture locale et reproduit des modèles d’habitat importés avec toute leur dimension instrumentale, ce qui transforme chaque édifice en gouffre monétaire antinomique avec les objectifs d’une planification qui se veut redistribution des richesses au sens inf ra- structurel du terme.
L’après-pétrole pose encore le problème de la cohérence de ses établissements humains avec leur nouveau territoire. Ces populations et ces ksour doivent trouver et définir de nouvelles capacités d’organisation pour revitaliser leur environnement de structure. Les énormes apports exogènes pendant une très courte période arrivent à leur fin et nous serons conviés, en tant qu’universitaires et praticiens professionnels, à ce travail gargantuesque qu’est leur revitalisation et leur réhabitation.
Notre expérience d’analyse architecturale et urbaine à l’échelle universitaire n’est qu’un maillon d’une grande chaîne d’informations scientifiques que l’on peut réaliser sur chacun de nos établissements humains. Chacun de nous, en participant à une investigation détaillée, peut réhabiliter un certain SAVOIR-FAIRE issu de l’observation sur le terrain ; il ne nous reste plus qu’à FAIRE SAVOIR ce SAVOIR-FAIRE.
Nous avons reIé un très grand nombre d’édifices d’habitation, de culte, d’espaces de communication, d’espaces publics à l’échelle constructive.

C’est la première des actions que l’on peut préconiser à propos des cités et centres historiques de notre patrimoine. S’il est condamné, U faut nécessairement garder des TRACES qui peuvent permettre aux futurs chercheurs d’avoir un corpus conséquent.
La seconde action est l’une des actions conséquentes aux campagnes de relevés ; la population commence au bout d’un certain temps à regarder leur habitat d’un autre oeil.
La troisième action que nous pourrions préconiser et recommander est d’organiser des recherches, les plus interdisciplinaires possibles, sur toutes es cités.
Notre travail sur Tamentit et Timimoun a intéressé tous les chercheurs préhistoriens, anthropologues, sociologues et géographes qui travaillent sur cette région. Les différents discours se supportent et permettent des affirmations beaucoup plus fondées.
Cette interdisciplinarité serait très positive lors de prises de décisions concernant les interventions et, en particulier, les politiqués de réhabilitation, sans oublier que le seul cadre possible pour espérer un résultat probant reste seulement celui de la participation publique.
En considération de tout cela et en guise de conclusion, nous pouvons affirmer que dans l’enseignement, notre PATRIMOINE est avant tout un espace de référence ou, en d’autres termes, un espace mnémonique, épistémologique à découvrir, conquérir et surtout vulgariser.



NOTES

1- Nous avons donc, comme cette appellation le suggère, privilégié les tissus urbains dits
traditionnels”, comme support de nos investigations architecturales et urbaines.
2- Cette équipe d’enseignants a vu au fil du temps la participation de Mme IRANI BEHBAHANI Homa, de MM. KOLAI ALI, LARKEM MOHAMED, FERADCI AHCENE, LAMMALI CHAFIK
et de l’auteur.
3- Ce concept intègre en lui-même toutes les dimensions du processus de production d’un
PROJET d’ARCHITECTURE: les éléments formels du projet sont élaborés en fonction de
leur référence simultanément, le produit do la conception n’est pas une création ex nihilo
mais le résultat d’un processus analytique rigoureux qui se rapprocherait au maximun du discours scientifique: la DICHOTOMIE ANALYSE ET PROJET n’existent que pour des raisons
pédagogiques du rapport ou des relations entre le CONCEPT, I’IDEE, la PENSEE et la
FORME.
4- FAUCHER: Architecture et culture: un projet de temps et de lieu, in ARQ.
5- A.G.P. MARTIN parle de bains publics et de monnaie frappés par la cité.
6- J. VALLET in Tamentit, oasis du Sahara algérien, Institut géographique national, Paris,
1973: reg est une plaine d’érosion taillée dans les grès du continental intercalaire (crétacé inférieur). Cette plaine s ‘incline doucement de l’est à l’ouest et du sud au nord vers une
sebkha,”
7. HAMADI AHMED El.. HADJ, Quelques observations sur le système d’irrigation et la répartition des eaux des foggaras à Aoulef, in report n 2 (Cases, Studies of Foggara Qases in The
Algerain Sahara and Syria), Tokyo Univorsity.
8. Les différentes références parient de précipitations moyennes annuelles de l’ordre de 15 à
20 mm par an.
9. Voir pour de plus amples renseignements Capot Rey R. : Irrigation et structure agraire à
Tamentit. Trv. IRS, XXI, 1962.
10. Dans ce type de distribution, le propriétaire récupère l’eau d’un bassin à partir duquel il
irrigue.



M. Kaci Mahrour
Architecte-urbaniste, enseignant à l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger

Groupe do recherche “Architectures ksouriennes”



Salut , je veux slv une aide pour données les maximums d'informations historiques, architecturaux et urbanistiques su la ville de Tamantit de la wilaya d'Adrar en Algérie. contactez moi à ce émail: fadilatou@hotmail.fr merci.....
timi archi - étudiante - Timimoun, Algérie

23/12/2010 - 9499

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