Introduction
Le présent travail constitue une contribution à une connaissance d’un espace des marges[1] du Sahara algérien. Celui-ci se localise à l’intérieur d’un immense ensemble dunaire, plus connu sous le nom de « grand erg occidental ». Il constitue une barrière naturelle infranchissable aujourd’hui entre les populations, qu’elles soient nomades ou sédentaires, de l’Atlas saharien et celles du Sahara (Gourara, Touat et Tidikelt).
L’étude porte sur quelques oasis dans la commune de Talmine (wilaya d’Adrar). Peu connu[2], ce territoire interpelle l’observateur par son caractère marginal. La singularité de son système d’irrigation, sa population relativement homogène et sa situation géographique enclavée dans l’erg[3] peuvent-ils encore aujourd’hui assurer la reproduction sociale ? Ce travail se base essentiellement sur des enquêtes de terrain, et en particulier sur des entretiens réalisés auprès de quatre cents (400) ménages.
Les oasis de l’erg occidental se caractérisent par :
un système agricole dont l’irrigation est basée sur l’utilisation d’un puits à balancier (Khettara, Tanout, Kerkaz,…) actionné par la mobilisation de la force de travail humaine;
l’exploitation de petites surfaces agricoles enlevées au vaste ensemble dunaire au prix de gros efforts de désensablements quotidiens, fréquents et répétitifs (lutte permanente contre une nature quasi-indomptable) ;
un travail simple[4] des jardins, fondé sur une main d’œuvre soumise et gratuite, celle des femmes et des enfants ;
une phoeniculture (culture du palmier-dattier), des cultures d’autoconsommation et un petit élevage ;
des conditions de vie et de travail difficiles dans un espace sous-équipé ;
un habitat dispersé, lâche et sommaire à même les jardins qui ne lui donne pas les caractères bien connus du ksar (éléments d’un terroir avec un habitat groupé autour d’une mosquée, d’une kasbah,…) ;
un enclavement qui rend difficile la communication et la commercialisation.
L’aménagement de ce type de terroirs, constituant un chapelet d’îlots dans une mer de sable, demeure problématique non seulement pour les pouvoirs publics mais aussi pour la société locale.
Posté Le : 04/05/2020
Posté par : touat
Ecrit par : Sidi Mohammed TRACHE et Abdallah MESSAHEL
Source : ouvrages.crasc.dz