Adrar - Manuscrits et Khizanas (bibliothèques)

LES MANUSCRITS DU TOUAT MENACES PAR LA DETERIORATION DES KSOURS



LES MANUSCRITS DU TOUAT MENACES PAR LA DETERIORATION DES KSOURS
ADRAR - Menacés par les effets du temps, les manuscrits du Touat et du Gourara subissent aussi la dégradation de leur environnement ksourien, tout aussi fragilisé et isolé, qui rend laborieuse l’exploitation documentaire, s’accordent à dire des propriétaires des manuscrits.

Rencontrées par l’APS, des familles de propriétaires de Khizanas rappellent à qui veut entendre que ces bibliothèques traditionnelles datent tout de même d’une époque où la région du Touat, Tidikelt et Gourara (wilaya d’Adrar) connaissait "un grand rayonnement culturel, littéraire et spirituel".

En plus de l’altération due au temps et au climat, les propriétaires des Khizanas doivent aussi compter avec "la vulnérabilité du bâti qui abrite les manuscrits", soupire Abdelkrim Benabdelkabir de la Khizana d’El Mterfa (80 km au nord d’Adrar), affligé par la perte de plusieurs collections lors des effondrements de maisons en adobe.

Les infiltrations sont, selon la famille Benabdelkabir, la plus grande source d’inquiétude pour ces Kaïms (gérants) qui tentent, tant bien que mal à chaque averse, de canaliser les eaux pluviales, consolider l’étanchéité des toitures et couvrir les armoires.

Interrogé sur les solutions proposées, Abbes Benabdelkabir, fils du Kaïm, dit avoir demandé à la mairie la consolidation de la Khizana ou (une) nouvelle construction en béton. Une requête restée sans suite.

Pour régler "définitivement" le problème, certains Kaïms ont pris à leur charge, disent-ils, la construction en béton de petits bâtiments pour leurs documents, "même si ces structures n’offrent pas les mêmes conditions de température et d’humidité", ainsi que l’explique Abdelhamid Bakri de la Khizana de Tamentit (sud d’Adrar).

Interrogé sur les raisons de cet abandon, Abdelhamid Bakri, estime que l’enclavement des Khizanas du Touat est une conséquence de la colonisation et de la désaffection pour les royaumes du Maghreb et les ksours.

Ces Khizanas qui étaient, jadis, au centre de rayonnement de cité dynamiques se retrouvent "enclavées dans des ruines de citadelles", à peine habitables dans des régions "isolées et dépourvues de toute infrastructure".

Le déclin de l’espace ksourien est aussi la cause de la désertion des medersas et des bibliothèques, une situation qui affecte, autant la fréquentation, de plus en plus rare, des petites Khizanas que leur contenu qui s’en trouve du coup dévalorisé.

En plus de l’enclavement et de la difficulté d’accéder aux Khizanas, aucune infrastructure d’accueil n’est mise à la disposition des étudiants et des chercheurs dans des localités comme El M’terfa, Melouka ou Koussem (banlieue d’Adrar), a-t-on constaté sur place.

Aucun plan de restauration ou de réhabilitation de ces espaces n’est prévu à ce jour, en dehors de quelques études préalables à Tamentit ou à Timimoun, apprend-on auprès de la direction de la Culture de la wilaya. A contrario, les constructions "modernes" continuent à gagner du terrain sur des ksours qui disparaissent à mesure que le béton avance.

Avec l’aide de parties privées, la grande Khizana Bakrya de Tamentit s’est vu contrainte, devant cette situation, d’entreprendre la construction d’une medersa et d’un internat, "afin de relancer la dynamique du savoir de la région", dit Abdelhamid Bakri.

Mais ce genre d’initiative "reste unique" : "les autres Kaïms, avec leurs faibles moyens, se contentent d’héberger les visiteurs, de leur proposer des copies numérisées ou simplement photocopiées des manuscrits...", avouent impuissants les Benabdelkabir.

Inquiets pour cet héritage cumulé à travers des siècles par leurs ancêtres aujourd’hui menacé de disparition, les Kaims en appellent aux autorités publiques pour une prise en charge réelle des manuscrits de Khizanas, en associant les légataires.


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