Adrar - Patrimoine Culturel


L'Ahellil du Gourara

L’Ahellil est un genre poétique et musical emblématique des Zénètes du Gourara. Cette région du sud-ouest algérien compte une centaine d'oasis peuplées d'un peu plus de cinquante mille habitants d’origine berbère, arabe et soudanaise. L’Ahellil, plus précisément localisé dans la zone berbérophone du Gourara, est régulièrement exécuté lors de fêtes religieuses ou de pèlerinages, mais également à l’occasion de réjouissances profanes tels les mariages ou les foires locales. Étroitement lié au mode de vie des Zénètes, dont l’essentiel des activités est associé à l’agriculture oasienne, l’Ahellil symbolise la cohésion du groupe dans un environnement difficile et véhicule les valeurs et l’histoire des Zénètes dans une langue aujourd’hui menacée de disparition.

 
A la fois poésie, chant, musique et danse, ce genre musical polyphonique comprend un instrumentaliste (le flûtiste ou le joueur de bengri), un soliste et un chœur qui peut regrouper une centaine de personnes soudées épaule contre épaule et exécutant un mouvement giratoire. Il donne la réplique au soliste placé au centre du cercle, en batant des mains. Généralement, une séance d’Ahellil consiste en une série de chants spécifiques qui se succèdent dans l’ordre décidé par l’instrumentaliste principal et le soliste. La séance, qui peut durer toute une nuit, se déroule selon un ordre immuable. Le premier moment ouvert à tous, Lemserreh, consiste en des chants courts et connus qui durent jusqu’au milieu de la nuit. Puis, les plus expérimentés restent pour Aougrout qui se poursuit jusqu’à l’étoile du matin. Le Tra se termine avec le lever du jour et ne retient plus que les véritables connaisseurs. Cette structure tertiaire se retrouve dans l’exécution d’un chant qui débute par un prélude où l’instrumentaliste situe la tonalité pour le chœur. Ensuite, les choristes accompagnent le soliste et reprennent certains vers du poème. Pendant la dernière partie, les choristes commencent par un murmure qui va crescendo jusqu’à produire un ensemble puissant et cohérent.

Cette tradition musicale est menacée de disparition dans la mesure où la transmission aux jeunes générations n’est plus assurée. La raréfaction des occasions, le manque de disponibilité pour les fêtes traditionnelles exigeant de longs préparatifs, la migration des jeunes vers les villes du nord et leur attirance pour des musiques plus contemporaines aggravent également cette menace. En outre, la généralisation des enregistrements d’Ahellil contribue à fragiliser la pratique, les gens préférant écouter plutôt que de participer à une séance.




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