EL HEFRA Timimoun, Algerie-2007

Ça y est, c’est fait ! La traditionnelle fête du « S’boue » célébrée chaque Mawlid Ennabaoui dans la région de Gourara est désormais classée par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité. L’annonce a été faite par Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherche anthropologique et historique, qui s’est exprimé, hier, sur les ondes de la radio nationale.

Slimane Hachi est revenu sur cette très ancienne manifestation et soulignera que des dizaines de milliers de pèlerins affluent vers Timimoune dont des membres de tribus sahariennes qui viennent « se rencontrer », « résoudre » des conflits et « resserrer » leurs liens sociaux dans une atmosphère de « liesse » et de longues récitations des textes du Livre sacré. « Cette fête fait partie du patrimoine matériel et immatériel de l’Algérie. Ce dernier doit être sauvegardé d’autant plus qu’un grand nombre a déjà fait l’objet d’un classement par l’Unesco », a-t-il indiqué lors de l’émission « Invité de la rédaction » de la Chaîne III. Il a cité à ce propos les ruines romaines de Tipasa, les sites antiques de Djemila et Timgad, ceux de « Kalaa Beni Hamad » de Bejaia, la Vallée du M’Zab, les peintures et gravures rupestres du Tassili et du Hoggar ainsi que la vieille cité de la Casbah parmi le patrimoine matériel classé comme patrimoine de l’humanité. « C’est une richesse inestimable, qui n’a pas de prix », a-t-il soutenu .
Profitant de cette opportunité, M. Hachi a fait savoir que la classification d’un patrimoine classé par l’organisation onusienne implique de la part du pays concerné sa « pleine responsabilité » à le « respecter » et à « assurer » sa protection et sa promotion afin de ne pas risquer de le « perdre ».
M. Hachi a confié par ailleurs que d’autres dossiers sont retenus par l’Unesco en vue d’un probable classement. Il s’agit notamment des « Ahallil » du Gourara, de « l’Imzad » de Djanet ou encore le costume nuptial de Tlemcen. « Il faut savoir qu’en parallèle, notre centre a proposé également au classement de l’Unesco une demi douzaine de dossiers relatifs à des patrimoines matériels et immatériels localisés tous dans la vaste région de l’Atlas saharien », a-t-il souligné. Interrogé sur la sauvegarde du site de la Casbah, classé il y a plusieurs années au patrimoine de l’Unesco, l’invité de la rédaction a évoqué des interventions « compliquées » qui nécessitent « l’implication » d’un grand nombre d’acteurs. Le site attend toujours de faire objet d’un vrai plan de sauvegarde piloté par des institutions pérennes », a-t-il affirmé.
Néanmoins, l’on apprendra que 24 milliards de DA ont été dégagés récemment par les pouvoirs publics selon le directeur de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés, Abdelouahab Zakagh.
En effet, selon lui, la citadelle de la Casbah d'Alger, considérée comme l'un des édifices les plus importants de cette médina ''sera rénovée et ouvrira ses portes au public en 2020.
La mise en application du plan de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d'Alger a débuté en 2008 dans le cadre du plan d'urgence relatif à la protection de certaines anciennes bâtisses protégées du risque d'effondrement, a-t-il expliqué.
983 bâtisses de la Casbah d'Alger ont fait l'objet d'expertises dans le but d'arrêter tous les processus et phénomènes de dégradation et de détérioration, a-t-il assuré, avant de souligner que les portes de 212 bâtisses ont été scellées, afin qu'elles ne soient pas occupées par des intrus.
Le secteur sauvegardé de la Casbah d'Alger s'étend sur 105 ha et englobe en son sein une multitude d'édifices remarquables faisant partie intégrante de la vieille médina : la citadelle, les palais, le Bastion 23, les édifices religieux et autres.
Sur les 1.816 bâtisses restantes, 30% sont en état de dégradation très avancées, 50% sont en état de dégradation moyen ou superficiel, 10% sont en état de ruine et 10% sont fermées ou murées, selon des données citées dans le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d'Alger.
Le reste des vestiges enfuis se trouvent sous la place des Martyrs et plusieurs pièces archéologiques et des vestiges d'anciennes bâtisses de différentes époques, ont été découverts à 34 m de profondeur lors des travaux de réalisation de la station de métro de la place des Martyrs.
Enfin, il est utile de rappeler que la fête du « Sboue » est un pèlerinage qui dure sept jours et comporte des manifestations festives liées à des activités culturelles, notamment de chants et de danses. Les visiteurs affluent vers les mausolées des saints pour commémorer la naissance du prophète Mohamed que la bénédiction et le salut soient sur lui et achèvent leur voyage dans une zaouïa de Sidi El Hajd Belkacem.
S. A. M. - El Moudjahed