Introduction
Sur le parcours migratoire du sud vers le nord, il est des territoires nationaux que les individus traversent simplement parce qu’ils se trouvent sur leur route, il en est d’autres qui constituent une destination intermédiaire dans leurs “plans de mobilité”. Celle-ci ne relève pas du pur hasard, elle s’inscrit dans la stratégie de migration par étape qu’autorisent certains de ces territoires qui ont la caractéristique d’insérer le migrant voire de le solliciter, de polariser et de rediffuser les flux migratoires vers des espaces plus au nord.
On retrouve ces traits dans les Pouilles et le Touat qui, tout en étant très différenciés à la fois par les données du milieu (région méditerranéenne aux frontières des pays développés et région saharienne hyper-aride aux frontières des pays les moins pauvres) et par les données culturelles (l’un appartient au monde chrétien, l’autre au monde musulman), ont en commun de projeter le migrant dans le monde occidental.
Le cas des Pouilles qui, grâce au Détroit d’Otrante, bénéficient d’une “porte d’accès” privilégiée vers l’Union européenne, serait à comparer à priori à d’autres régions côtières qui connaissent elles aussi les débarquements des migrants (Canal de Sicile, Détroit de Gibraltar). Il semblerait plus logique de comparer le Touat à l’espace frontalier de la Grèce, pays de l’Union Européenne en contact terrestre avec les pays Balkanique2. Mettre au même niveau les Pouilles et le Touat n’est pas sans intérêt : le choix de ces deux régions ne diminue en rien la mise en parallèle des flux migratoires est-ouest et sud-nord. Justement, parce qu’il s’agit de contextes différents, la comparaison peut déboucher sur les aspects inédits du fonctionnement en espaces charnières de certains territoires face au phénomène contemporain de la mobilité migratoire internationale.
Cette comparaison a nécessité :
1- de relever les caractéristiques spatiales et socio-économiques en interrelation avec la mobilité migratoire du Sud vers le Nord dans les deux contextes régionaux,
2- de mettre en surface les mécanismes de fonctionnements des capitales régionales en tant qu’environnement urbain ouvrant le monde occidental au migrant,
3- de mettre en évidence les paramètres qui entretiennent la circulation migratoire dans un contexte international où se déploient, vis à vis de l’immigration, des politiques de plus en plus dissuasives.
Dans cette comparaison, il ne sera pas question de rechercher des éléments identiques (on n’en trouverait pas) mais de repérer les "déterminants" socio-spatiaux de la "pérennisation" des courants migratoires classiques. Au stade actuel de nos recherches respectives sur ce thème de la mobilité migratoire internationale, nous ne disposons pas de toutes les données que nous aurions souhaité comparer. Lorsque la comparaison fait défaut l’analyse porte sur les éléments qui font fonctionner une région ou l’autre en espace charnière.
Posté Le : 23/02/2015
Posté par : algerieinfo
Ecrit par : Michela PELLICANI - Sassia SPIGA1