Adrar - Tamantit

Adrar- Ksar de Tamentit: un patrimoine séculaire à valoriser



Adrar- Ksar de Tamentit: un patrimoine séculaire à valoriser


Tamentit, à une douzaine de kilomètres au Sud d’Adrar, l’un des vieux ksour sahariens ayant marqué l’histoire du Sahara et de l’Afrique du Nord et témoignant encore d’une civilisation datant de plusieurs siècles, demeure en quête davantage d’efforts pour sa protection et sa valorisation.

Occupant une place stratégique au cœur du vaste Touat, ce vieux ksar, édifié selon les règles urbanistiques sahariennes, constituait une zone de transit de caravanes qui y convergeaient et l’empruntaient dans leurs périples vers d’autres horizons.

Cet espace saharien revêtait, conforté par un ensemble de facteurs favorables, une grande importance historique maquée par un essor économique et une prospérité, dont les eaux découvertes et mobilisées à travers les foggaras, système traditionnel d’alimentation en eau potable et d’irrigation agricole, ont été à l’origine d’un développement économique ayant permis l’émergence d’une contrée africaine économique, scientifique et culturelle, accueillant des hommes de culture, de culte, de justice et d’autres domaines d’épanouissement de l’homme dans ce désert hostile.



Tamentit, ce nom est composé, selon l’éclairage apporté par le manuscrit « Bassit fi Akhbar Tamentit » (simples données sur Tamentit) de l’auteur Mohamed Benbaba Hida, de Tamen, qui veut dire en berbère « la profondeur », et Tit qui veut dire « l’œil », ou, selon une autre version, « Amen’’ qui veut dire l’eau et Tit l’œil, et dont l’assimilation des phonèmes a donné lieu, avec le temps, à cette appellation.



Ce lieu de fusion des tribus, melting-pot, est devenu, par la force des choses, un nouveau noyau d’installation d’une société dont la civilisation et les conceptions architecturales étaient en parfaite symbiose avec le milieu aride, à travers notamment l’édification de Casbahs, chacune peuplée d’éléments d’une même société tribale.



Selon les explications fournies, le vieux Ksar, fondé en casbahs selon une conception architecturale et urbanistique typique, fruit d’un savoir-faire indéniables des anciennes tribus, a été réalisé avec des matériaux de construction locaux encore saillants à travers les venelles connectant les casbahs, lui conférant un cachet civilisationnel dans cette partie du Sahara central et du Nord Sahara africain.



Les Casbahs d’Ouled Hemmali, de Taylout, Tahga, Toufaghi, Ouled Mohamed, ainsi que la sépulture du saint patron Sidi Bayoucef Mohamed, le « Mekhzen de Cheikh El-Maghili » et la vieille mosquée d’El-Asmouni, restent des témoins défiant encore, en dépit de la nouvelle invasion du béton, les vicissitudes du temps et les rudes facteurs et aléas naturels sahariens.



Bien qu’offrant une conception architecturale épousant le milieu saharien et construit principalement en matériaux locaux, le ksar témoigne encore d’un génie et savoir-faire anciens, consolidé par l’apport d’artisans et de maçons venus dans la région et ayant gravé leurs empreintes socioculturelles et religieuses à travers quelque bâtisses pour en faire des éléments d’une esquisse narguant esthétiquement même des chefs-d’œuvre contemporains.



Le vieux ksar de Tamentit, dont chaque casbah possède un puits nécessaire à l’approvisionnement en eau potable, surtout durant les rudes circonstances d’invasion ennemies, est entouré d’une tranchée appelé localement « Ahfir » et servant de moyen de défense pour contrecarrer toute incursion étrangère, avec comme seule accès une grande porte en bois que l’on ferme avec une clef appelée « Afker ».



Selon les explications fournies, les Casbahs ont été édifiées sur des monticules rocheux en vue de les prémunir des conditions climatiques, dont les crues d’oueds et l’humidité provoquée par les palmeraies, et de faciliter les opérations de contrôle de tout mouvement suspect et incursions ennemies.



Offrant une image et un cachet architectural singulier traduisant les traces d’influence socioculturelle et religieuse de ses occupants, le ksar de Tamentit est composé également d’habitations, dont chacune renferme une salle spacieuse « spécial invités », en sus d’autres chambres donnant sur un espace de rencontre des membres de la famille.



Toute habitation du Ksar est dotée d’une terrasse, d’une grande importance en saison estivale, car servant de lieu de repos et de fraicheur nocturne dans ces régions sahariennes connues pour leur fortes chaleurs, alors que les familles, dont les habitations sont dépourvues de terrasse, pour une quelconque raison, recourent à l’exploitation, notamment pour les bâtisses aux alentours du ksar, d’une cour « Haouch » pour apprécier les brins de fraicheurs matinales.



La mosquée Cheikh El-Asmouni, un ancien lieu de culte à Tamentit



D’après diverses versions historiques, Tamentit renferme plusieurs mosquées implantées à travers ses casbahs, la plus ancienne et célèbre étant celle de Cheikh El-Asmouni, une éminente personnalité arrivée au 15ème siècle dans la région en provenance de Tlemcen pour assumer la mission de la justice, en remplacement de son Cheikh Sidi Yahia Ben Idir.



Surplombant une colline au niveau du quartier de Tahga, flanc Nord-est du Ksar de Tamentit, la mosquée Cheikh El-Asmouni est érigée au Nord-est du ksar, entouré de palmeraies au Nord et au Sud, et des habitations dans les parties Est et Ouest, de sorte à être perceptible et facile à entendre l’Adhan (Appel à la prière).



D’une architecture traditionnelle, ce vieux lieu de culte, ceint par des murs à double parois, avec l’extérieur en pierre et l’intérieur en argile, dispose d’une salle de prière aérée et illuminée à partir de trois ouvertures conçues au Mihrab, en sus d’une cour appelée « Sahn » (large patio) à ciel ouvert servant de lieu de prière en période de fortes chaleurs.



La population de Tamentit, à l’instar d’autres civilisations humaines installées près de sources d’eau, a recouru, du fait de la rareté des pluies et l’absence d’Oueds dans ces rudes conditions climatiques de la région, à l’exploitation des eaux souterraines par la création du système de foggaras, un exemple du génie humain encore en exploitation, domptant les aléas du désert, pour l’approvisionnement en eau potable et le développement des activités agricoles, source de développement d’une société en milieu désertique hostile.



Restauration des casbahs, une urgence pour préserver cet espace urbanistique



Bien que les composantes de son riche legs séculaire, casbahs, zaouïas, mosquées, structures, sépultures, ruelles, foggaras et palmeraies, revêtent un intérêt grandiose en tant que témoins de sa place historique et civilisationnelle importante, le vieux Ksar de Tamentit est en bute à de multiples contraintes qui risquent d’hypothéquer les efforts de sa valorisation et d’hâter la disparition de ces vestiges et mONUments, ont indiqué des acteurs associatifs s’intéressant par le patrimoine culturel de la région.



Cet espace ancestral est confronté à un type de menace, autre que les aléas du temps et de la nature, à savoir l’intervention démesurée et non-étudiée de l’homme sur ses composantes, dont l’invasion de béton, en plus du phénomène de dégradation de son corps à travers des transformations apportées par certains et touchant différentes structures du ksar, entraînant une destruction structurelle et fonctionnelle, a relevé, de son coté, le chargé de la conservation au service du patrimoine culturel à la direction de la Culture d’Adrar, Mohamed Horma.



Constituant un véritable trésor archéologique méritant davantage d’intérêt et de préservation pour le léguer aux générations futures, avec un souci de transmission et de témoignage de l’authenticité de l’Histoire de cette partie de l’immense Sahara algérien, ce site archéologique demeure en quête de mise place de mécanismes opérationnels pour le sauver.



Des mécanismes qui se déclinent à travers diverses démarches, à tous les niveaux de responsabilité, pour asseoir un plan d’action, adossé à un financement conséquent à même de permettre la restauration de ce Ksar, classé parmi les sites de grande importance nationale en matière de restauration, aux cotés de la Casbah d’Alger, a-t-il souligné.



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