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64 ans après les essais nucléaires de Reggane dans le Sahara algérien Des vérités encore cachées



64 ans après les essais nucléaires de Reggane dans le Sahara algérien Des vérités encore cachées
Publié le 14.02.2024 dans le Quotidien l’Expression
La réparation et l’indemnisation des victimes sont une nécessité et une responsabilité de la France.
Ce constat est effarant, alors que les essais nucléaires remontent au 13 février 1960.

Les essais nucléaires français à Reggane gardent toujours des stigmates indélébiles. Les explosions nucléaires dont la première a pris le nom de la «Gerboise bleue» sonne toujours comme une apocalypse de par son ampleur désastreuse et ses conséquences sur les vies humaines et l'écosystème en général.
Les autorités officielles françaises évitent toujours d'aborder clairement et nettement ces «crimes perpétuels». Ce désastre reste dissimulé dans les arcanes de l'administration française qui ne veut pas assumer sa responsabilité. 64 ans après, la France verse encore dans des cafouillages de bas étages afin de contourner une histoire très douloureuse qui a affecté des populations de Reggane et plus précisément à In Ecker, dans le Sahara algérien. Il faut signaler que des appels internationaux ont été lancés pour la levée du secret-défense sur les archives des essais nucléaires et l'indemnisation des victimes. Cette initiative a gagné un nombre important de chercheurs algériens et français dans la perspective de faire la lumière sur les non-dits de ces explosions nucléaires dont le secret est la caractéristique dominante dans cette affaire. Les chercheurs et historiens algériens qui ont approché ce thème ont rappelé que «les répercussions de ces crimes sont toujours ressenties dans cette région devenue «zone interdite» en raison de la présence de rayons radioactifs, citant pour preuve les différentes tumeurs cancéreuses affectant la population locale, voire même les caravanes commerciales traversant la région». Le danger est intact, ce qui rend la région de Reggane comme une région infréquentable à cause de la quantité extraordinaire de la radioactivité qui règne là-bas. Le professeur et chercheur d'histoire et d'archéologie, Abdesselam Kemmoun, a décrit ce qu'a fait la France coloniale à Reggane en soulignant que «la France a commis un crime à part entière en exploitant la technologie à des fins ignobles. Les victimes de cette explosion nucléaire ne sont pas limitées à cette seule période, mais se sont étendues à plusieurs générations. Comment est-il possible pour une population se nourrissant exclusivement d'aliments simples, exempts de conservateurs cancérigènes, d'être affectée, depuis ces bombardements jusqu'à nos jours, par diverses maladies graves, dont le cancer de la peau et du sang et la thyroïde chez l'enfant, outre les fausses couches enregistrées chez un grand nombre de femmes et le taux élevé des sourds, des muets et d'attardés mentaux», a-t-il rappelé. La reconnaissance de ces crimes contre l'humanité par la France est une exigence historique qui s'impose. La réparation et l'indemnisation des victimes sont une nécessité et une responsabilité de la France à même de reconnaître ces crimes.
Sur cette question relative à l'indemnisation et réparation morale et matérielle, des avocats algériens et français ont pris le dossier en main pour que l'affaire soit soulevée et abordée au niveau du Tribunal international. Cette évolution dans l'affaire est imposée par le mutisme que développe la France sur cette question tragique et sensible qui caractérise et qui impacte les rapports algéro-français. Pour rappel, le dossier des explosions nucléaires a été abordé dans le cadre d'un dialogue qui s'est déroulé en janvier 2023 lors de la 9e session des consultations politiques algéro-françaises, tenue à Alger. Il faut signaler aussi que le président Tebboune, a souligné que «les Algériens attendent une reconnaissance totale de tous les crimes commis par la France coloniale. La «loi Morin» qui a été amandée en 2010, en rapport avec la reconnaissance et l'indemnisation des victimes directes des essais nucléaires, ne fait aucune allusion en termes de dispositions de préjudices moral, familial ou matériel à l'adresse des victimes des explosions nucléaires et les essais qui tuent encore et font des ravages contre les humains et l'écosystème en général.
Hocine NEFFAH



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