Réalisé à coup de plusieurs milliards de dinars, soit 1.565 millions de DA, le port de pêche et de plaisance de Cap Djinet est déjà ensablé avant même qu'il ne soit opérationnel. Il risque de ne jamais rentrer en activité, affirment des ingénieurs spécialistes dans les travaux publics. Les citoyens de Cap Djinet sont surpris par le tableau ahurissant offert par le port transformé curieusement en une carrière de sable. «Au point où vont les choses, aucun chalutier ni sardinier ne pourra franchir la passe du port», affirment des pêcheurs, qui ajoutent que c'est de l'argent jeté par la fenêtre. Prévu d'être livré en décembre 2007, le port dont les travaux ont été confiés à Meditram et l'entreprise égyptienne Arab Contractors ne sera pas opérationnel à 100% même dans deux ans. Si toutefois les études commandées arrivent à déceler les anomalies constatées.
Cette structure qui a déjà coûté jusqu'ici plus de 200 milliards de centimes risque de coûter deux fois plus à l'Etat sans parler du manque à gagner induit par deux ans de retard par rapport aux délais fixés initialement. «A défaut de poisson, le port produit plutôt du sable de bonne qualité pour la construction», ironisent des citoyens qui contemplaient les amas gigantesques de sable sortis de la mer. Plus de 60.000 m3 de sable ont été déjà extraits de la «passe» du port et les engins de l'entreprise Hydrotechnique qui effectuent les travaux de désensablage ne chôment pas, puisque de grandes quantités de sable sont évacuées chaque jour à l'aide de grosses machines plongeant leur nez dans la mer.
Les services des domaines et l'APC de Cap Djinet se disputent la jouissance. Le maire, dont la commune figure parmi les plus pauvres de la région, a déjà fait la demande au wali pour vendre «le précieux produit». «A défaut du port et du poisson, l'APC aura au moins à étoffer son budget», affirme un pêcheur qui semble très sceptique quant à la réussite des travaux de modification qui seront apportés éventuellement. En plus, le port est mal orienté, ajoute-t-il. Le directeur des travaux publics de la wilaya est quant à lui optimiste sur le devenir de ce port. «Il y a un ensablement important mais nous sommes condamnés à régler le problème», affirme le directeur des travaux publics de la wilaya de Boumerdès, qui précise qu'une autre étude a été confiée à un laboratoire. Une étude qui ne sera prête que dans... deux ans.
En attendant, les pêcheurs doivent prendre leur mal en patience. Pour rappel, les capacités de ce port qui dispose d'une jetée de 450 mètres sont de l'ordre de 110 embarcations dont 10 chalutiers, 50 embarcations petits métiers et 50 embarcations de plaisance tandis que la production annuelle des poissons est estimée à 2.500 tonnes.
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Posté Le : 28/07/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : O M
Source : www.lequotidien-oran.com