Le Messhaf d'Othmane au Méchouar

Après la Mangana et l'arbre d'argent, l'objet le plus en vue qui ornait la résidence des rois de Tlemcen, c'était le Messhaf ou l'exemplaire du Coran, tracé de la propre main du calife Othmane. Le jour où le calife fut tué, il tenait ce Coran dans sa main; son sang y jaillit sur le livre sacré et le macula dans deux endroits différents. Après la mort d'Othmane, le Meshaf passa entre les mains des Ommeyades qui le conservèrent précieusement.
Lorsque les Abbassides se rendirent maîtres de l'Empire et firent périr les Ommeyades, Abderhamane fils de Moawiah, épargné du massacre, s'enfuit au Maghreb et de là en Espagne où il parvint à faire reconnaître son autorité. Sa sœur Oum El Asbaghr qui était restée en Syrie, lui faisait passer l'un après l'autre, les objets précieux qui appartenaient à la famille. Parmi ces objets se trouvait le Coran d'Othmane qui fut légué par Abderhamane lui même à la grande Mosquée de Cordoue. Il resta affecté au service de la mosquée jusqu'à l'époque où l'Espagne fut conquise par Abdel Moumen qui le déplaça à Marrakech. Lorsque l'armée d'Abou Hassan fut défaite par Yaghmoracen, le Meshaf fut pillé avec le reste des richesses que renfermait le camp des Almohades. Les rois de Tlemcen étaient très fiers de cette prestigieuse possession. Bien plus tard, soit vers la fin du 14° siècle, après les deux sièges de Tlemcen par les Mérinides, le Meshaf d'Othmane avait disparu.