Un Rezali qui a pris le pli
Nasro le berrah, que les intimes et les Temouchentois dans leur grande majorité connaissent bien, s’est taillé une notoriété qui a dépassé les frontières de la wilaya. Nasro le berrah s’est frayé un chemin qui confirme son statut dans les différentes représentations qui se sont produites durant ses douze années de carrière de berrah à 40 printemps seulement.
A 28ans, Rezali Nasreddine est venu dans le milieu du Tebrah après avoir pris le relais de son père Rezali Saïd qui compte parmi «l’élite» des berrahas d’Aïn Temouchent, symbolisée par les Boukerma de père en fils et aussi par les Boudjelal, Sousse, Didouh, et enfin le regretté Beouadi Saïd plus connu sous le sobriquet «Kokia». C’est dire donc que la ville d’Aïn Temouchent avait sa légende à travers toutes ces figures qui ont animé les soirées de mariages et autres fêtes et c’est là, peut-être une tranche de nostalgie chez les nombreux Temouchentois, les fervents adeptes des envolées de ces fabuleux berrahs. Les jeunes qui se sont spécialisés dans le «créneau» arrivent quand même à se faire entendre en attendant d’occuper de meilleures références. Parmi eux, celui qui a incontestablement su rayonner ces dernières années, c’est le sympathique Rezali Nasro qui fait «fracasser» toutes les soirées grâce à un sens inné dans un registre qu’il a appris à maîtriser grâce à un talent héréditaire, un talent, qui au fil des années, lui a permis de se placer parmi la gotha des maîtres de l’ouest. L’expérience et les conseils qu’il a reçus de son père lui ont permis d’être ce Berrah qui «hypnotise» les foules lors des grands rassemblements familiaux au cours des mariages, fiançailles et circoncisions. En maîtrisant parfaitement le verbe et les vers de poésies qui font la différence entre une chanson et un récital dans la narration qui évoquent l’amour, l’amitié et tous les autres domaines sensibles de la vie quotidienne, Nasro a côtoyé les grands orchestres de Temouchent et dans des situations extrêmes, s’est lancé avec, pour seul moyen, un micro à la main au cours de cet été 95 avec Mourad Touil et la troupe El Farah pour s’installer dans le verbe du goual. Il grimpera rapidement les échelons pour faire partie de la célèbre troupe de Raï du cheb Bouri Mohamed Temouchenti et Maminou qui se produisait régulièrement aux Zianides de Tlemcen. Nasro intègrera par la suite l’orchestre du grand Bellemou Messaoud qui n’est pas à présenter aux côtés de la grande star du Raï cheb Mami, un disciple de Cheikh Benfissa Younes lequel réside en France aujourd’hui et s’est produit ce samedi 4 août à Oran à l’occasion du festival du Raï. Rappelons que Cheikh Benfissa Younes un natif de Temouchent avait été le précurseur du Raï. Nasro le berrah a lui aussi ses idoles et celui qui tient la première place dans ses références est bien Nedjoum Kaddouri, un monsieur qui capitalise plus de 35 années de Tebrah et qui demeure un maître dans cette discipline. Nasro a d’autres idoles, dans la foulée, il cite avec fierté Houari Medjahed d’Oran, fils d’un grand Berrah Cheikh El Mekki d’Oran plus connu sous le «titre» de «Nakous». Rezali Nasro rêve d’un parcours à l’image de ses maîtres, avec une modestie exemplaire et une humilité d’une telle reconnaissance à l’endroit de ceux qu’il considère comme des «Cheikhs». Et dans le langage populaire, il nous dira qu’en face de tous ces Chioukhas du Tebrah, il s’attribue la qualité de «Guendouz» en se donnant le temps d’atteindre le niveau de ses aînés. Durant sa quotidienneté et sa vie courante, les jeunes s’agrippent à lui dans une bonne ambiance, avec de l’humour et ses anecdotes demeurent en parfaite harmonie dans ses discussions qui ne lassent jamais.
Les saisons estivales font du Berrah une icône. Les berrahs de par leur envoilée, leur verbe et les images qu’ils nous communiquent, traduisent une légendaire mémoire populaire où l’art de la parole s’harmonise avec les ambiances festives, le repère de nos traditions.
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Posté Le : 08/08/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com