Comme pour se rappeler sa proximité, hier, avec le combat libérateur de l'Algérie, la Belgique a tenu à marquer son amitié et sa solidarité à l'Algérie libre d'aujourd'hui.
La Belgique a autant, peut-être mieux que la France,marqué sa participation à la commémoration du 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Les manifestations ont eu lieu à deux niveaux : celui réalisé par des associations civiles algériennes, ou belgo-algériennes et celui manifesté par les autorités ou officiels belges. De nombreuses activités, dont nous avons rendu compte dans nos éditions des mois de mars à juillet, ont été l'oeuvre de bénévoles algériens, soutenus à l'occasion par les autorités belges et celles de notre mission diplomatique et consulaire. Des films historiques ou de témoignages, des expositions, des conférences données par des Algériens et Belges, des soirées musicales, etc. ont « parcouru » le pays depuis le mois de janvier. Il faut relever la mobilisation de la gent féminine algérienne, de loin plus importante que celle des hommes dans l'organisation des événements.
Côté officiel, les premiers responsables des grandes villes belges ont invité, à la veille du 5 juillet, à des réceptions « d'amitié et de solidarité » le corps diplomatique algérien conduit par l'ambassadeur et le consul algériens. Ainsi, les villes de Bruxelles-Capitale, Liège et Gand ont reçu les diplomates algériens pour leur souhaiter « un bon anniversaire » et leur renouveler leur solidarité. Par ailleurs, l'Association internationale soufie Alawiya (AISA), en collaboration avec les autorités algériennes et des associations belgo-algériennes ont eu l'ingénieuse idée de tenir du 25 au 28 juin au Parlement européen et du 29 juin au 1er juillet à l'hôtel de ville de Bruxelles une exposition sur l'Emir Abdelkader, fondateur de l'Etat moderne algérien.
ABDELKADER LE GRAND
Sous le slogan « L'Emir Abdelkader : un homme, un destin, un message », l'exposition a permis de lever toute équivoque sur la prétendue idée que l'Algérie moderne est une création de la France.
Le combat de l'Emir durant 17 ans contre les troupes françaises, sa stratégie de structuration des institutions de l'Etat algérien et sa négociation avec les maréchaux français pour éviter le massacre des populations par la France coloniale sont mis en évidence à travers des « pendentifs », sorte de toiles écrites dans le hall central du Parlement européen.
A l'hôtel de ville de Bruxelles, en plus de l'exposition, la Commissaire générale de l'exposition, Mme G. Simone-Khedis, a invité le cheikh Khaled Bentounes de l'association « Fraternité soufie Alawiya » et président d'honneur de l'association «les Amis de l'Islam» pour une conférence sur la Tariqa Alawiya et le soufisme. C'est que l'Emir, au-delà de ses qualités de guerrier et homme d'Etat, a versé dans le soufisme, particulièrement lors de son exil à Damas, où il a eu à mettre sous sa protection des milliers de chrétiens, menacés par des intégristes de tous bords. A propos de la sagesse de l'Emir, cheikh Bentounes affirme « qu'il - l'Emir - espérait que l'Orient et l'Occident auraient un destin qui les pousserait à construire un avenir ensemble. En cela, son message reste d'une actualité brûlante, un défi pour le XXIème siècle. » Ce rêve d'un Orient et un Occident réconciliés de l'Emir Abdelkader a été celui d'un seul autre grand homme de l'histoire sur la rive nord de la Méditerranée : le Macédonien Alexandre le Grand ( 4ème siècle Av. JC). C'est dire que ces grands personnages à la fois guerriers et humanistes ne se manifestent qu'une seule fois entre plusieurs siècles. En accueillant l'exposition, le Parlement européen et la Belgique ont rendu hommage à l'Algérie combattante, historique.
GEORGES LAPERCHES, MARTYR DE L'ALGERIE
Cette Belgique qui a été un maillon central dans la mise sur pied du « Front du Nord » durant la guerre de libération. Des centaines de Belges ont accueilli, protégé, caché, transporté et fourni de faux papiers aux moudjahidine. Certains y ont laissé leur vie. Et c'est à travers l'exemple héroïque de l'un d'entre eux, Georges Laperches, que la ville de Liège a rendu hommage à tous les martyrs belges pour une Algérie libre. Né en 1912, il était fils unique et agrégé d'histoire de l'université de Liège. Il a été assassiné par la « Main rouge » (organisation terroriste française activant dès les années 50 en Algérie, puis en Europe. Elle est l'ancêtre de l'OAS) parce qu'il a caché un jeune étudiant algérien, Rachid Krim, ami de son propre fils, Jean Pierre. Grâce à l'association Les Amitiés belgo-algériennes (LABA), présidée par Mme Ghezala Cherifi, et au conseiller communal Hassan Boussetta, Belge d'origine marocaine, la ville de Liège a rendu un hommage appuyé, plein d'émotion et de souvenirs au martyr Georges Laperches. Sa famille, enfants, petits-enfants et femmes de la famille Laperches étaient présents à la cérémonie. D'ailleurs elle cherche encore aujourd'hui Krim Rachid qu'elle croit toujours en vie et vivrait du côté de Annaba. Mme Ghezala Cherifi a lu un message de reconnaissance de l'Algérie indépendante aux Belges d'hier et d'aujourd'hui. Le sénateur et bourgmestre (maire) de la ville de Liège a rappelé le combat des Belges pour la juste cause des Algériens en guerre. La réception qui a suivi a permis aux nombreux présents, élus, hauts responsables et amis maghrébins de l'Algérie de s'entretenir avec les responsables algériens, consul général en tête, sur l'actualité de l'Algérie, ses ambitions et son avenir. En fin de compte, la communauté algérienne a vécu, tout au long de cette année, au souvenir de l'Algérie combattante, ses questionnements sur le présent et ses aspirations pour l'avenir. La Belgique a été, quelque part, algérienne à l'occasion de ce cinquantenaire algérien.
Posté Le : 08/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com